Ainsi, nous avions appris la vérité, toute la vérité. Le roi d'Hyrule avait disparu peu après nous avoir donné quelques indications sur notre prochaine destination lorsque nous aurions quitté le plateau. J'avais eu de la peine à me concentrer sur ce qu'il racontait, abasourdi par les révélations qui venaient de se faire.
Juste avant de partir, Bosphoramus m'avait brièvement adressé la parole, me regardant de ses yeux profonds et vides, grandes chambres absentes de vie : « Il y a une bonne raison pour laquelle tu t'es retrouvé sur ce Plateau, n'est-ce pas ? »En fait, impossible de dire si c'était une question ou une affirmation. Peut-être à cause de son intonation ambiguë, ou de l'expression sur son visage, qui toutes deux m'apparaissaient comme mystiques, tout comme son âme flottante, comme son long discours plein de déclarations aussi terrifiantes qu'inspirantes. Ou peut-être est-ce l'effet des fantômes; rendre les choses plus compliquées qu'elles ne le sont en soi.
Quoi qu'il en soit, tels avaient été les derniers mots qu'il avait prononcés. Je ne pouvais m'empêcher de trouver qu'en les disant, il avait eu l'air de savoir parfaitement à quoi il faisait allusion.
Ensuite, l'image mélancolique de Rhoam Bosphoramus Hyrule s'était effritée comme des cendres glacées dans l'ondulation des grandes flammes bleues qui dansaient autour de lui.
Il n'avait laissé derrière sa trace qu'un coffre de pierre, lequel devait contenir sa paravoile, comme promis.La pluie avait fini par s'en aller. Alors que je me retrouvai soudain seul avec Link, sans l'imposante présence du roi, je remarquai que les martèlements délicats des gouttes sur le toit avaient cessé.
Nous nous taisions tous les deux. Je me tenais un peu à l'écart, comme si l'air était trop épais, me poussait loin de lui. Savoir qu'il était le Héros, le seul et l'unique, en chair et en os... Même si j'avais eu quelque chose à dire, je crois que ma langue ne se serait pas déliée.
– T/P ?
Je trouvai le regard de mon ami. À présent, je pouvais voir le passé peint dans le bleu de ses yeux. Savoir que ces iris étaient nés au siècle dernier, alors que ma mère n'avait même pas été mise au monde...
– T/P, répéta le châtain.
En entendant sa voix, le voile de mes pensées fut retiré d'un coup sec. La réalité m'apparut; Link avait l'air blafard.
Son visage était blanc comme un linge, un peu comme la première fois que nous nous étions rencontrés. Je lui pressai l'épaule, craignant qu'il ne s'écroule sous mes yeux.
Mais en fait, il tenait parfaitement debout. Même trop bien. Il était raide, si raide qu'on peinait à croire que les mots s'étaient écoulés de ses lèvres quelques secondes auparavant. Mon cœur sauta quand il se remit à parler.— Est-ce que j'ai fait la bonne décision ?
Link me prit au dépourvu. Je ne savais pas, je n'en savais rien. Cette question, qui étais-je pour y répondre ? J'étais juste le fils de ma mère, et rien d'autre. Le poids de la mission qui était confiée à Link s'étendait au-delà de mon imagination.
Mais en même temps, à travers ses yeux, j'étais la seule personne qui pouvait lui donner une réponse, à cet instant. Le seul repère qu'il avait trouvé dans ce Plateau. Et lui aussi, c'était un peu mon seul repère, ici.– Si c'est la bonne décision ou non, je ne sais pas. Mais je crois que tu es le seul à pouvoir... Tu es le seul à pouvoir sauver Hyrule.
J'avais vu l'éclat de son courage briller quand il avait accepté sa mission. Ce n'était pas un mirage. Enfin, j'étais convaincu qu'il était le Héros. Tous les héros se laisseraient aller au désespoir, s'ils se réveillaient après la chute de leur monde.
– Je suis certain que tu n'as pas été nommé Héros pour rien.
Il se gratta la nuque, et je fus surpris de voir un peu de couleur s'étaler sur ses pommettes.
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Le souffle de l'aventure【Link x Reader♂】BOTW
Fiksi PenggemarÀ l'aube du réveil d'un grand Héros perdu, T/P se met à la quête d'un remède pour soigner sa mère d'une maladie troublante; le syndrome de la Princesse. La Déesse guide alors ses pas jusqu'au plateau du Prélude. Si à priori ce lieu déserté de tous...