L'Abeille et la Coccinelle

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Une Abeille s'envola, aux premières lueurs de l'aurore,
Pour récolter minutieusement de fleur en fleur
Du pollen doré, précieux trésor,
Qui, à la ruche, apportera nourriture et bonheur.
Sur son chemin, elle entendit au loin
Une âme esseulée se répandant en pleurs,
Une jeune Coccinelle en proie au chagrin.
Quelle était donc la source de son malheur ?
L'Abeille s'approcha et déclara ceci :
« Bonjour Dame Coccinelle, pourquoi donc pleurez-vous ? »
La Coccinelle sécha ses larmes et répondit :
« Je pleure car je suis seule et je n'aime pas ça du tout. »
L'Abeille, surprise, la rassura ainsi :
« Je préfèrerais être seule comme vous l'êtes.
Vous au moins vous êtes maîtresse de votre vie,
Pas au service d'une reine et de ses moindres requêtes »
La Coccinelle se redressa et répliqua :
« Croyez-moi vous préférez grandement votre place.
La nuit moi je suis seule dans le noir et le froid,
Sans personne pour calmer mes nombreuses crises d'angoisse. »
Les deux demoiselles parlèrent ainsi des heures,
Affirmant chacune avoir la pire situation,
Quand devant elles avec fougue et ardeur,
Vint se poser un aimable et souriant Papillon.

« Bonjour très chères, et quel plaisir !
Je n'espérais pas vous trouver toutes les deux,
Mais voilà qui me rend bien heureux.
Je suis là car j'ai quelque chose à vous dire »
L'Abeille regarda la Coccinelle, étonnée.
« Connaissez-vous cet étrange personnage ?
- Point du tout, mais je crois l'avoir déjà vu dans les parages »
Elles se tournèrent vers le Papillon, intriguées.
Ce dernier commença alors une déclaration :
« Belle Abeille, je ne puis plus cacher mon transport,
Pour vous qui êtes si persévérante, si courageuse et si forte.
Aujourd'hui je vous fais part de toute mon admiration »
Le silence fut court car le Papillon enchaina :
« Et vous Belle Coccinelle n'êtes bien sûr pas en reste
Toujours si rayonnante, si resplendissante, et je l'atteste
Mon cœur s'emballe chaque fois que je vous vois »
L'Abeille et la Coccinelle échangèrent un regard.
Après le beau discours du Papillon amoureux,
Elles se sentaient l'une et l'autre déjà bien mieux,
Remerciant le ciel de cette rencontre due au hasard.
L'Abeille prit conscience de sa valeur,
Elle n'était pas qu'ouvrière au service de la reine.
Et la Coccinelle n'éprouvait plus aucune peine,
Même seule elle avait droit au bonheur.
Les amies remercièrent chaleureusement le Papillon,
Et décidèrent enfin d'avoir plus confiance en elles.
Tous les trois s'envolèrent, direction le ciel,
Loin de leurs tourments, vers de plus beaux horizons.

Voici donc comment s'achève ce récit,
Sur trois insectes volant dans les pâturages,
Abandonnant leurs complexes et leurs problèmes.
Une chose restera au moins de tout ceci :
A défaut de pouvoir croire en son entourage,
Il faut toujours croire en soi-même.

Poète PouetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant