Il fait nuit noire, à l'heure où même les morts dorment, pourtant Joseph se sent bien vivant, son cœur battant vite et fort alors qu'il se réveille en sursaut dans son lit d'hôpital improvisé.
Son regard tente d'intercepter la menace dans la pièce sombre mais elle est partie, la laissant avec les reliquats de son mauvais rêve. Il repousse les draps qui se sont emmêlés entre ses jambes et qui collent à sa peau chaude et transpirante.
Des images de son cauchemar flottent encore devant ses yeux alors qu'il s'assoit avec difficultés sur le bord du lit. Il a toujours deux mêmes sortes de rêves. Les premiers l'incluent lui et la terreur de son dernier combat dans le volcan. Les autres...
Des choses ignobles qu'il n'a pas vu se produire, mais son imagination se fait plutôt fertile quand elle essaye de combler les trous dans sa mémoire. La chair rouge et en bouillie, une main aux ongles broyés et enfoncés dans la pierre. Essayant de ramper pour en sortir, désespéré. Des membres réduits en morceaux, les os brisés à l'air libre.
Joseph secoue la tête, des frissons de dégoût courant sur sa colonne vertébrale. Bien qu'il fasse de son mieux pour paraître espiègle et impétueux comme à son habitude durant la journée, les nuits aspirent le peu qu'il lui reste de santé mentale. Ses blessures physiques guérissent lentement, mais sûrement même s'il doit encore s'habituer à fonctionner avec une seule main.
Mais dans sa tête, dans sa tête c'est une autre histoire...
Il se lève, grognant sous l'effort et attrape sa béquille. La pièce exhale une mauvaise énergie, il se demande si ce n'est pas lui et ses folles pensées qui en sont responsables. De toute façon, il a besoin d'air.
Il passe devant sa chambre sur le chemin de la sortie, essayant d'être le plus silencieux possible malgré le claquement de la béquille sur le sol. Comme il est en pleine convalescence, elle ne dort pas avec lui. Il ne veut pas qu'elle dorme avec lui. Il ne veut pas que ses laides pensées et cauchemars infectent son âme. Elle a déjà vécu trop de choses comme ça.
Le silence engloutit l'île alors qu'il met le nez dehors, à part le son des vagues calmes qui lèchent le rivage. Le vent embrasse ses joues de son souffle léger, apaisant un tant soit peu ses nerfs. Tout est calme et étrangement serein, paisible, à contrario de la tempête qui fait rage en lui.
Même si les lieux n'ont jamais vibrés de la foule, d'autant qu'il sache, c'était plus vivant quand ils étaient tous les six. Il était plus vivant, malgré l'épée de Damoclès qui pendait au-dessus de sa tête.
Que reste-t-il maintenant ? Les fantômes d'éclats de rire, les échos d'une rivalité amicale ?
Joseph n'aime plus cet endroit. Mais il n'a pas envie de partir. Lui est déjà parti, mais il a l'impression que s'il part aussi, il le laissera derrière pour toujours.
Il s'assit sur le ponton en bois illuminé par la lune d'argent, à côté du bateau qu'ils finiront par prendre pour retourner à Venise. Pas maintenant. Mais bientôt il n'aura plus d'excuses pour rester.
Les autres lui manquent bien sûr et il doit leur manquer aussi même s'ils savent qu'il est vivant.
Vivant. Il s'en est sorti vivant. Il ne sait pas s'il doit remercier la chance, le destin ou autre chose, mais il l'a fait. C'est fini, il peut se reposer. Il peut commencer une nouvelle vie. Avec elle.
Oh les vilains mensonges.
Il fait de son mieux et au fond de lui, il sait qu'il tient vraiment à elle, son ventre s'emplissant d'une douce chaleur quand elle s'occupe de lui, tout en sourires tendres et en gestes affectueux. Elle fera une bonne épouse et, ose-t-il espérer, une bonne mère, bien qu'elle puisse se montrer maladroite et distraite de temps en temps. Il ne peut pas dire qu'il ne l'aime pas.
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Souvenirs de notre bref temps ensemble
FanfictionJoseph secoue la tête, des frissons de dégoût courant sur sa colonne vertébrale. Bien qu'il fasse de son mieux pour paraître espiègle et impétueux comme à son habitude durant la journée, les nuits aspirent le peu qu'il lui reste de santé mentale. Se...