L.A, 21 mai 2000
[Dans cette partie, Tom est le narrateur]
Le vibreur cacophonique de mon téléphone me réveilla en sursaut. Rapidement, la lumière du jour passant à travers les quadrilles des stores ne tarda pas à m'agresser la vue, me confirmant avec tout autant de violence que la journée était déjà bien entamée.
Frottant mon visage pétri par la fatigue, je m'emparai mollement de mon cellulaire, sans prendre la peine de vérifier l'identité de mon interlocuteur. Encore une promesse d'abstinence de la boisson qui virait à l'échec.
« Allô... ? fis-je d'une voix pâteuse.
- Tom ? Tu viens de te réveiller ?
- Maman... Oh ouais, salut... répondis-je en me grattant l'arrière de la nuque. C'est à peu près ça.
- Tu sais que je t'attends depuis une heure ? Tu as sûrement oublié que l'on devait se voir... En tout cas, sache que plus tu prends ton temps pour répondre au bureau du secrétariat médical, plus ta chance de trouver une nouvelle université te passera sous le nez, et te fermera définitivement les portes de la faculté de médecine. »
Je me frottai un peu plus le visage, tentant d'outrepasser les remarques agaçantes de ma mère, de bon matin. C'était sûrement le coup de pouce dont j'avais besoin pour me remettre les idées en place, mais j'avouais que le timing n'était pas très bien choisi.
« Ouais, c'est vrai, le rendez-vous m'était sorti de la tête... Je suis désolé, maman. Accorde-moi une petite heure, et je te rejoins.
- Est-ce que tout va bien, Tom ?
- Oui, oui. Pour être honnête, j'ai juste la gueule de bois...
- Oh, rien que ça ? Tu continues d'abuser, alors que tu n'as même pas l'âge d'en consommer légalement ! Je te fais confiance pour que tu sois responsable, et voilà ce qui se passe ! Surtout en sachant ce qui nous est arrivé ! »
La voix criarde de ma mère chuintait dans mes tympans, additionnée aux grésillements du téléphone, dus à la mauvaise interférence. Un furtif souvenir me revint en mémoire, mais la somnolence m'empêcha heureusement de trop m'y attarder. Ma mère pensait sûrement que c'était suffisamment lointain pour désormais s'en servir comme sermon contre les diaboliques boissons.
« Tu peux me faire confiance. Je sais ce que je fais, soufflai-je, tentant de garder mon calme.
- Sûrement. Tout ce que je vois, c'est que tu n'es pas venu à notre rendez-vous.
- Bon, écoute, je vais me préparer, et je te rappelle quand je suis prêt. A toute à l'heure.
- Oui, et ne crois pas que j'en ai fini avec t... »
J'avais déjà raccroché. J'avais beau aimer ma mère de tout mon cœur, je ne me faisais définitivement pas à ses agressions au réveil, simplement parce qu'elle était un peu trop protectrice.
En réalité, ça ne me dérangeait pas plus que ça, en temps normal. Ma mère jouait un rôle très important dans ma vie, et elle était sûrement ma plus grande supportrice. Ça me poussait toujours à me dépasser.
Là, je reconnaissais m'être un peu trop laissé aller.
Désormais bien réveillé – quoiqu'un peu sonné, je me forçai à sortir du lit, dans le but de quitter ma chambre le plus rapidement possible. Mes os craquèrent en rythme avec le vieux parquet en bois du dernier étage, au moment où je me ruais sur mes vêtements en boule au fond de la pièce, faisant abstraction de ma migraine naissante.
VOUS LISEZ
À portée de main [en longue réécriture...]
Ficção Geral« Le temps n'a jamais été notre ennemi. Plutôt notre ami. » Kerrie Heckwood venait de trouver un job de fleuriste en alternance avec ses cours à la faculté. Elle espérait que ce travail l'aiderait à pallier à ses problèmes fréquents, qu'ils soient i...