Chapitre 18

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Ce fameux chapitre où l'autrice hésite entre abandonner l'histoire et continuer à écrire.


Le silence vrombissait sourdement dans ses oreilles comme une armée de bourdons furieux, comprimant sa poitrine comme une presse, empêchant son cœur de battre correctement. Un coup. Un coup. Deux coups. Rien. Rien. Un coup. Deux...

Et l'odeur. Indéfinissable. Si reconnaissable. Comme la fois où elle avait laissé une bouteille de désinfectant ouverte toute la nuit dans sa chambre. Une odeur agressive, détruisant toutes les autres, brouillant toutes les pistes.

Elle comprit bien avant d'ouvrir les yeux où elle se trouvait. Et ce qui risquait de se passer dans les prochaines minutes.

La vague de douleur la frappa comme un tsunami, la laissant trempée de sueur dans sur ce foutu lit d'hôpital. L'infirmière retira l'aiguille de son bras avec un petit regard satisfait et disparut de son champ de vision. Quelque chose l'empêchait de tourner la tête, lui cognant les joues.

Alors Léona attendit. Si elle avait de la chance, son avocate et un·e policier·ère viendraient prendre sa déposition d'abord. Ou Indienne viendrait la sermonner. Ou encore, Neto lui rappellerait qu'elle avait été imprudente. Dans le pire des cas, Ulsterson lui annoncerait qu'il ne voulait plus travailler avec elle et que, pendant son inconscience, il avait fait réaliser une chirurgie esthétique. Il l'enverrait loin de toute cette histoire avec un petit pécule et des menaces de morts si jamais elle parlait, et choisirait une nouvelle usurpatrice.

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La suite ? Une succession de réveils sans aucune notion du temps. Depuis combien de temps était-elle là, à fixer le plafond sale de cette chambre d'hôpital ? Un jour ? Une semaine ? Une heure ?

Un visage de femme apparut finalement dans son champ de vision, reconnaissable entre mille avec ses larges lunettes dorées. Maître Faun. Une infirmière – celle-là même qui avait pratiqué sur elle une injection de force – redressa son lit de manière à l'asseoir.

-Mademoiselle Cherchebruit, vous vous souvenez sans doute de l'inspecteur Sigrid, commença l'avocate. Il va prendre votre déposition sur les évènements de ce 31 juillet dans la nuit, si vous vous en sentez capable.

-Nous avons auditionné votre compagnon dans la matinée, poursuivit l'inspecteur en insistant sur le terme « compagnon ». Ernesto Bougainvillier. Vous sentez-vous capable de répondre à quelques questions ?

Léona hocha la tête. Le policier lança l'enregistrement et énonça la date – mardi 1er août, 18h15 – ainsi que le nom et la profession de chacun·e des participant·e·s. L'interrogatoire dura environ une heure et demie, laissant un goût amer dans la bouche de Léona. Pourtant, l'inspecteur semblait satisfait.

-Il me reste une petite question à te poser et nous en auront fini.

Durant l'interrogatoire, il s'était brusquement mit à la tutoyer, comme pour lui rappeler qu'elle n'avait que dix-sept ans. Léona haussa les épaules.

-Allez-y.

Il lui lança un petit regard victorieux et exposa :

-Au moment de son arrestation, ton père a crié en te fixant – tu étais évanouie alors – « Je t'ai eu, je t'ai eu, tu m'entends, sale usurpatrice. Je t'ai eu, Debby. » Or tes papiers d'identité signalent que tu t'appelles Léona Marguerite Sylvette Cherchebruit, pas « Debby ». As-tu une explication ?

Un frisson glacé la parcourut. Le vide sembla s'ouvrir sous elle alors qu'elle luttait pour rester maîtresse d'elle-même. Son père avait réellement dit ça ?

Indienne McTuffy (La Trilogie - Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant