Chapitre 29

1 0 0
                                    

J'entends le loup, le renard et la belette...


Cela faisait une demi-heure qu'elle rongeait son frein, multipliant les allers-retours sur le balcon tandis qu'à l'intérieur de la chambre du Strandhotel Indienne, Neto et Deymee se disputaient comme des chiffonniers et chiffonnières. La pomme de la discorde ? L'aide proposée par Deymee pour retrouver la trace de Niccolo Old Friend Bravia... mais aucune des trois parties en présence n'était d'accord avec les autres, et iels se hurlaient cordialement dessus depuis que Léona avait proposé l'idée.

-Bon, le loup, le renard et la belette vous allez vous la fermer oui ? hurla Léona. C'est pas la vallée de Dana ici !

Les trois autres se figèrent, surpris·es qu'on ose donner plus de voix qu'elle·ux. Même Indienne, pourtant à deux doigts de se transformer en dragon, s'en trouva refroidie. Mais Léona n'avait pas fini de vider son sac.

-Ecoutez-moi bien, bande de divas egocentriques et imbues de leur personne ! Vous pensez tous et toutes que vous pouvez vous en sortir sans les autres parce que vous êtes « la plus puissante dragontounie du monde », « le vice-prez' d'un empire de pdf » ou « le meilleur chasseur de primes d'Europe », qu'est-ce que j'en sais ? Mais je vais vous dire une chose : vous n'êtes qu'une bande de gamins, gamines trop orgueilleux, orgueilleuses pour se rendre compte que vous avez besoin des autres. Est-ce que je suis la seule à avoir remarqué qu'à chaque fois qu'on fait un bond de géant dans l'enquête, c'est parce qu'on a mis nos informations en commun ? Qu'on s'est concerté·e·s ? Qu'on a fait équipe ?

Elle s'arrêta pour reprendre son souffle, tremblante ce trop-plein d'émotions. Deymee, Neto et Indienne la fixaient avec des yeux ronds – décidément, iels ne parvenaient pas à s'habituer à ses (très rares) éclats de colère. Elle se ressaisit, rejeta ses cheveux en arrière pour se donner une contenance et reprit d'un air martial :

-Deymee, quel était le plan que tu proposais ?

Deux paires d'yeux hostiles se vrillèrent sur ses épaules. Le chasseur de primes déglutit, mal à l'aise, mais exposa quand même sa stratégie.

-Eh bien... je connais plutôt bien les recoins des archives de la police et du tribunal, et je sais comment accéder à un certain nombre de registres étrangers. Si ce Niccolo a bien été placé pour adoption comme vous semblez le penser, je pense pouvoir retrouver sa trace.

-Stupide, siffla Indienne entre ses dents serrées. Il aurait pu changer de nom à n'importe quel moment !

Le regard appuyé que lui lança Léona lui cloua le bec, non sans un grognement de frustration.

-On connait sa date de naissance : le jour de la prétendue fausse couche et de l'accident, répertoria Deymee. Ensuite, puisque la Sanseverina était Italienne et craignait pour la vie de son enfant, elle l'a forcément fait sortir d'Italie. Elle l'a sûrement envoyé chez quelqu'un de confiance, pas dans un orphelinat au risque que de mauvaises personnes ne l'adopte... non, ce qu'il faut, c'est regarder dans les registres les adoptions d'un garçon italien par un couple européen autour d'août 1986.

Léona et Neto approuvèrent d'un hochement de tête, avant que la jeune femme ne se tourne vers le mutard.

-Neto, une proposition d'action ?

-Pas vraiment... marmonna-t-il, pris de court. On pourrait chercher du personnel datant de l'époque où O'Connor est venu à Melaquinne sur Plage, en 90-91 il me semble, pour leur poser quelques questions... ou chercher dans les registres des traces de son passage.

-Les registres, j'en fait mon affaire, affirma Léona. L'énergie passe bien entre Miss Klein Rosenboom et moi.

-La Fae ?

Indienne McTuffy (La Trilogie - Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant