Les nuits de Nina #5

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Elle marche dans une rue sale et l'odeur pestilentielle lui gratte la gorge.

Elle déteste cet endroit, elle déteste ces gens qui la regardent avec horreur. La nuit tombe mais ses cheveux restent trop visibles.

- Putain, lui crie une femme, tire-toi donc d'ici et va retrouver les catins comme toi.

Elle accélère pendant que la femme lui crache dessus, manquant de peu sa chaussure. Quelle malédiction que ces cheveux de feu dans une ère où c'est l'apanage des prostituées ! Le monde est bien mal fait.

Elle rit, intérieurement, sachant qu'elle est toujours vierge à presque 40 ans.

Elle sera bientôt chez elle, les rues ne sont pas sûres ces derniers temps.

Il ne lui reste que la petite rue sombre qui donne droit sur sa porte, elle peut ralentir le pas, ce qu'elle fait quand deux bras l'attrapent avec force.

On la bâillonne et elle tente de se défendre mais on la jette au sol dans le petit terrain vide à coté de sa maison. Une femme se jette sur elle et la bat comme plâtre. Les coups pleuvent et pleuvent encore, jusqu'à ce qu'elle soit groggy et pantelante.

- On va te montrer ce qu'on fait aux putains dans ton genre, lui hurle dessus une des trois femmes qui tournent autour d'elle.

Les autres semblent se réjouir et crient avec elle, lui donnant parfois un coup de pied ou crachant sur son visage.

Elles lui jettent alors un liquide brulant qui lui atterrit sur les jambes, le cou, les joues. Et elle entend le bruit d'une allumette que l'on gratte. L'horreur de la réalisation la prend. Voilà, pourquoi ces rêves de feu ! Voilà ! Elle rêve de feu depuis toujours parce que c'est ainsi qu'elle va mourir.

C'est sa dernière idée avant que la douleur ne l'assaille quand l'allumette fait d'elle une torche vivante.

Je me réveille en hurlant m'asseyant dans le lit d'un coup. Ellie est rapidement contre moi, me reprenant contre lui, me berçant à son tour comme je l'ai fait plus tôt, chuchotant des mots rassurants. Il faut que je lui dise ce que je vis. Il faut qu'il sache pourquoi je le réveille ainsi...

- Je rêve souvent que je brûle, je chuchote dans la nuit.

- Chhhhhht, je suis là, souffle-t-il doucement, dors, mon ange.

Il caresse mon épaule et je pose ma tête sur son cœur dont les battements réguliers me parviennent. Ma main va se loger à la base de son cou, mes doigts jouant dans le creux situé quelques centimètres sous sa pomme d'Adam. Et je m'endors comme ça, pensant que le corps d'Ellie est meilleur que tous les doudous du monde et que jamais plus je ne veux dormir loin de la chaleur de sa peau.  

Les cendres de NînlìnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant