Chapitre 17 : Les dix-neuf épices de Xiangxi

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La base de cette boîte aux milles cases possédait un vernis doux

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La base de cette boîte aux milles cases possédait un vernis doux. Ceux ayant fini leur apprentissage se voyaient offert un dé avec une sculpture unique, il devait ensuite enfoncer le côté du dé qui était sculpté dans le vernis de la boîte pour en laisser la marque. Il y avait désormais un total de 1027 dés à coudre, possédant chacun son propre design depuis l’installation de la famille d'Er Yuehong à Changsha. Après le décès de leur propriétaire les dés étaient rangés dans la boîte à l’espace précis où ils avaient laissé une marque.
 
Ils avaient créé cette règle par peur qu’un dé perdu soit utilisé par des étrangers pour prétendre faire parti de la famille Hong, ce qui pourrait avoir de grave implication.
 
 Malheureusement même avec cette règle, beaucoup de personnes sculptait de faux dés pour semer le trouble, mais ces incidents avaient diminué depuis l’arrivée de Zhang Qishan qui présidait les Neuf Portes. Maintenant que ce dé à coudre était parfaitement assorti à la marque dans la boîte, il était indéniable pour Er Yuehong qu’il s’agissait bien une relique familiale
 
La famille Hong possédait son lot de capacités uniques qui se transmettaient de génération en génération, il y avait par conséquent eu plusieurs morts violentes ces dernières années. Les quelques cases vides appartenaient à ceux ayant disparu lors des expéditions souterraines d'il y a quelques décennies. On ne savait malheureusement toujours pas ce qu’il leurs était arrivé, mais l’apparition de ce dé à coudre, laissait supposer qu’ils étaient morts dans un tombeau. À l’époque ils étaient partis à la recherche d’un ancien tombeau niché dans les profondeur de la montagne, Er Yuehong se souvenait qu’ils avaient pénétrés la montagne de Dalongling, une vieille forêt prêt de Xiangxi. Il n’y avait pas de chemin de fer ou de route qui partait de Changsha, par conséquent ils ne pouvaient que voyager à dos de mulet, ce qui dans ce cas là, prenait deux semaines pour atteindre l’endroit. Dalongling s’étendait sur plus de cent kilomètres,  et juste derrière l'on pouvait apercevoir des montagnes, à la frontière de l'Hunan et l'Hubei, deux provinces également montagneuses avec de nombreuses forêts anciennes.
 
 Après cet incident, le père d'Er Yuehong a tenté à plusieurs reprises de sauver ceux partis pour Dalongling. Mais l'ancien tombeau concerné semblait extrêmement dangereux, et après plusieurs tentatives de secours infructueuses, il dû abandonner. Il ne savait pas ce que sont père avait affronté dans cet endroit, mais à son retour il brûla tous les documents qu’il possédait sur cet ancien tombeau et a ordonné aux descendants de la famille Hong de ne s’y impliquer de nouveau. Maintenant que les années avaient passées, la végétation à dû repousser dans la montagne et changée les lieux. Même avec un guide ils auraient des difficultés à retrouver l’endroit, du jour au lendemain.
 
Le dé à coudre d'Er Yuehong possédait un Narcisse de gravé dessus. Il avait été placé dans la boîte pour symboliser sa détermination à ne pas retourner dans un tombeau. Il le toucha, nettoyant avec ses doigts la poussière qui s’était accumulée à sa surface avant de se tourner et d'allumer une lampe d'ombre. La lampe avait été fabriqué avec la peau  d’une petite loutre et lorsqu’il l’accrochait à la poutrelle supérieure, des ombres de maquereaux se mettaient à tournoyer, éclairant un coin de la pièce où une maquette en trois dimension était posée. La structure était faite de tige de riz  et semblait représenter  l’intérieur d’un tombeau antique.
 
Il prit une profonde inspiration avant de regarder silencieusement cette maquette. À chaque fois que son père revenait de Dalongling il venait s’enfermer dans cette salle secrète pour construire cette maquette en tige de riz, comme s’il tentait de reconstruire le tombeau ancien. Ce qui démontre qu'à l’époque son père avait un fort désir de conquérir cet endroit. Mais après être revenu de son dernier voyage a Dalongling il a brûlé toutes ses recherches. À en croire un vieil homme qui l’avait accompagné cette fois-là, son père s’était enfoncé seul dans les profondeurs de la tombe et avait vu quelque chose.
 
Er YueHong resta dans cette chambre secrète Pratiquement jusqu’au second quart*, l’esprit rempli par des pensées venues du passé. Lorsqu’il retourna dans la cour il ne pût s’empêcher d’éprouver du regret en voyant la lumière de la chambre à coucher toujours allumée. Il se ressaisit rapidement avant d’entrer dans la pièce, trouvant sa femme assise sur le lit entrain de lire « Le cygne solitaire » de Su Manshu* . Elle était tellement absorbée qu’elle ne l’entendit même pas entrer.
 
Cette jeune fille –surnommée Ya Tou– était sans nulle doute la demoiselle la plus enviée et haïs de Changsha et sa santé était plutôt mauvaise.
 
Ya Tou sursauta lorsqu'Er Yuehong s’allongea silencieusement sur le lit. Rapidement elle posa son livre, souffla sur la flamme de la bougie et se blottie contre lui.
 
« —Est-ce que le livre du canard mandarin et le papillon* est bon ? Murmura à son oreille Er Yuehong. »
 
Ya Tou secoua la tête et ferma les yeux.
 
Alors que le clair de lune brillait à l’extérieur, Er Yuehong était allongé là, les yeux ouvert, écoutant la respiration calme de sa femme. Les rideau semblaient scintiller étrangement dans la lumière de la lune, paraissant légèrement fracturés. Il leva la main pour les fermer mais s’aperçut soudainement qu’il avait son dé à coudre au doigt.
 

*
A

u même moment à l’autre bout de Changsha, Zhang Qishan était de retour dans son bureau, entouré de diverses cartes de l’Hunan. Il observait plus d’une douzaine de morceaux d'oracles d'os, et en prenait  un dans la main de temps en temps, pour le sentir. Ces fragments d'oracles d'os avaient été trouvés dans l’estomac des cadavres de japonais, et étaient tous aussi gros qu’un ongle de main.
 
Après la frayeur qu’il avait eu à la morgue –ajouté au fait qu’il était déjà minuit– Qi Tiezhui était si fatigué qu’il s’était fait bouillir une théière de thé fort, malheureusement il en avait renversé sur le tapis. Il s’aperçut par chance, que le Lieutenant Zhang ne le regardait pas, alors il déplaça la petite table basse pour dissimuler la tâche. D’un côté de la pièce se tenait debout un officier appelé Lieutenant Shi. Il tenait la traduction de plusieurs documents et attendait nerveusement que Zhang Qishan l’appelle. Qi Tiezhui lui fit signe de venir et commença à lire les documents qu’il avait en sa possession
 
La plupart  des documents saisis dans le train concernaient  les lieux d’où provenaient les cercueils et la première identification qu’il en avait été faite. Les matériaux utilisés étaient détaillés,  et l’on pouvait presque retracé chaque cercueil jusqu’à l’endroit d’où ils avaient été exhumés et le temps qu’ils avaient passé sous terre.
 
« — Diseur de bonne aventure, diseur de bonne aventure ! »
 
En entendant Zhang Qishan l’appeler si soudainement, Qi Tiezhui se précipita à ses côtés.  Tandis qu’il approchait du bureau, il ne pût s’empêcher de bâiller et Zhang Qishan en profita pour mettre un morceau d’oracle d'os dans sa bouche.
 
Qi Tiezhui fût d’abord surpris avant de le recracher rapidement. Il pointa du doigt Zhang Qishan, trop écœuré pour parler.
 
« — Quel goût à la langue de ton empereur ? Demanda Zhang Qishan. »
 
Qi Tiezhui crachait violement, et clignait des yeux.
 
« —Dix-neuf épices sèches et distillées dans de l'huile de menthe. Est-ce que cet assaisonnement provient de cette cave de Xiangxi ? Répondit Qi Tiezhui alors que son visage devenait rouge et qu’il avait envie de vomir.
 
—Les os de dragon étaient enterrés avec eux. Les os ont sans doute été bouillis dans des composant de la médecine traditionnelle chinoise pour empêcher le corps du défunt de transmettre des maladies infectieuses à ceux s’occupant de l’enterrement. Après que les japonais soient tombés malades, ils ont espéré guérir à l’aide des médicaments absorbés par les os de dragon. Mais quel genre d'idiot mettrait de l'huile de menthe poivrée et dix-neuf épices dans un médicament lors de sa fabrication ?  Ça doit être un acte délibéré de l’expert de ta famille pour nous avertir d’où provenait le train. Murmura froidement Zhang Qishan. L’expert a  piégé les japonais et a réussis à les faire tourner en rond. Il est juste comme toi, il fait semblant d’être un cochon pour mieux piéger le tigre. »
 
Qi Tiezhui continuait de pointer du doigt Zhang Qishan alors qu’il cherchait des yeux du thé pour rincer sa bouche.
 
« —Qui prétend être un cochon ?! Hurla-t-il audacieusement. »
 
Lorsque le Lieutenant Shi reçu un postillon de Qi Tiezhui, son visage devînt violet. Zhang Qishan s’approcha d’une grande carte et regarda vers le Nord de Xiangxi.
 
« —Le train venait de cette direction. Les chemins de fer jusqu’à Hubei ont était explosé, par conséquent le train doit provenir de cette région montagneuse. Il y a peut-être des rails de dissimulées et qui sont reliées à des mines.  La région est pleines de mines, mais seul les Tujias* de quelques régions utilisent ces dix-neuf épices. Ici, ici et là. Dit-il en pointant plusieurs endroits de la carte. Le train doit provenir de l’une de ces places. Trouvez des cartes plus détaillées, nous allons les chercher centimètre par centimètre et partir dès demain. »
 
Qi Tiezhuu regarda Zhang Qishan alors qu’il se gargarisait avec du thé et secoua sa tête
 
« —Fo Ye, je suis traumatisé. Je n’irais pas. 
 
—La défense de Changsha est la clef. L’expert de ta famille s’est adressé à vous pour que tu puisses me tenir informé. Il a même perdu la vie pour cela. Il est possible que sur la route l'on trouve d’autres informations sur le membre de la famille Qi. Tu dois donc venir même si tu meurs cents fois. Répondit calmement Zhang Qishan, sans se retourner. »

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Sur l'image de ce chapitre nous pouvons voir l'actrice Yuan Bing Yan, l'actrice interprétant Ya Tou dans le drama.
 
*second quart : Ancienne façon de dire entre 21h et 23h.

*Le cygne solitaire de Su Manshu : Roman autobiographique publié en 1912, il raconte l'histoire d’un jeune homme qui hésite entre devenir moine bouddhiste ou se marier.

* Livre du canard mandarin et du papillon : Terme péjoratif pour désigner l'écriture populiste et romantique des années 1900.

*Tujias: Les Tujias sont l’un des groupes ethniques les plus important en Chine. En effet ils sont le 8ème groupe en nombres. Ils se localises dans les provinces du Nord, notamment Xiangxi, Hunan  Hubei, Guizhou et la municipalité de Chongqing. Il parle le Tujia.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 26, 2022 ⏰

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The Mystic Nine - traduction FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant