Je ne me rappelle plus vraiment à quelle époque j'ai fais ta connaissance. Ça devait être au lycée, beaucoup de gens te fréquentaient et je voulais en faire partie. Je n’ai pas tout de suite apprécié ta présence, tu dégageait quelque chose de menaçant et malsain, mais je m’y suis habitué. J’ai appris à apprécier ta compagnie, après tout, tu es comme tu es. Les premières semaines que j’ai passées avec toi étaient assez particulières, nous nous retrouvions de temps en temps sur le temps du midi, et parfois le soir aussi. La chaleur que tu m’apportais, ce réconfort dont j’avais manqué pendant des années se trouvaient d’un coup comblé, ç’a été tellement brusque que j’en avais parfois des nausées.
Plus le temps passait, plus nous nous retrouvions sur les temps de pause. Tu étais omniprésente au milieu de tous les autres élèves, et ton aura nous enveloppait tous sans exception. Tu étais un peu comme le gourou d’une secte, une présence à laquelle moi et beaucoup d’autres étions accrochés. Puis tu t’aies introduite chez moi, c’était assez comique de devoir nous cacher de mes parents, car je savais qu’ils n’accepteraient jamais ta présence, même si elle me procurait un bien phénoménal. Le temps s'est estompé, les années ont passées, et tu ne m’as jamais quitté. Dans les meilleurs comme dans les pires moments, tu restait pour me tenir compagnie. Tu étais la seule à ne pas me tourner le dos, même lorsque tout le monde le faisait, et que je me retrouvais sur le fil d’une solitude meurtrière.
Mais aujourd’hui j’ai pris conscience que notre relation est toxique, que ce bien que tu m’apportes toujours au quotidien n’est en fait qu'un poison vicieux que tu glisses dans mes veines. Je t’ai beaucoup trop fréquentée, à tel point que je ne peux plus me passer de toi. Et je me répète chaque jour depuis des mois que je devrai me débarrasser de toi. T’envoyer valser sur le bord de la route et ne pas me retourner. Mais c’est impossible, tu es entrée dans ma vie, et je n’arrive pas à t’en faire sortir. Pourtant, la volonté de ne pas retourner acheter un bout de toi n’est jamais aussi forte que l’addiction. Tu me pourris la vie, tu es ma maladie, tu encrasses mes poumons, mais je crois que sans toi sje ne tiendrai jamais.
Je t’aime, et je te déteste, saloperie de cigarette.