Avril

Gabriel

Nous sommes le quatorze mars deux mille vingt et un. Je suis vendeuse à domicile indépendante. Pour agrandir mon réseau, je publie les parfums inspirés de grandes marques que je vends. Je publie sur un groupe du Douaisi une ville à 20km de chez moi.

Une simple image modifiée où on doit trouver et donner son parfum préféré. Je reçois énormément de commentaires. J'envoie donc beaucoup de messages... Et en oublie certains.

Je me lève le matin et allume mon WiFi. Ni une ni deux, je vérifie mes messages sur Messenger.

"Bonjour, je n'ai pas reçu de message, j'espère avoir Chrome de Azzaro pour venir vous voir. Vous êtes superbe !" Avec un chat aux yeux en forme de coeur. Ni une ni deux je réponds. J'explique que je suis mariée, maman de deux enfants et que j'aime mon mari. Ce dont je croyais encore. En réalité une routine s'était installé. Une espèce d'habitude, de dépendance affective. Une peur aussi de partir et pourtant plusieurs fois nous avions parlé séparation déjà même en étant enceinte de Maï-Lan de cinq mois.

À l'époque déjà il voulait prendre un appartement seul. Il croyait que ce n'était pas lui le père. Sa raison ? Je serai tombée enceinte selon la gynécologue le vingt et un juin deux mille dix sept et il travaillait. C'était déjà la fin mais personne ne se doutait de rien. On a continué cette vie. J'ai accouchée à la maison pendant qu'il était sûrement avec une de ses maîtresses mais ça je l'ai su bien après notre séparation. Effectivement ça faisait des années que j'étais trompée. J'avais des doutes mais aucune preuves. Alors je suis restée.

Ce n'est qu'en mars deux mille vingt où même en ayant toutes les preuves devant les yeux, je les ai fermés. Pourtant je le voyais, je le savais. Il discutait toujours avec cette fameuse collègue qu'il m'a décrite comme folle hystérique et amoureuse de lui. Elle lui avait avouée ses sentiments. Elle passait même jusque chez nous et lui demandais où il était si elle ne voyait pas sa voiture. En réalité ils avaient une liaison cachée enfin cachée de moi pas des autres. Car même son patron était au courant de leur relation. Il les voyait repartir ensembles, rester sur le parking... Mais ça je l'ai appris bien après ma séparation.

Bref ! Revenons à nos moutons comme on dit. Je réponds à ce fameux monsieur Gabriel. On reste cordial. On parle du parfum, du mode de paiement, de livraison. Je n'ai pas compris de suite mais il voulait passer chez moi me payer. S'en ai suivi des échanges un peu plus intimes. Des réponses à ses commentaires sur mes photos d'allaitement où il explique que sa femme elle aussi allaite encore sa fille de 2 ans. On s'ajoute comme amis. On discute bien, on a beaucoup de points communs et très vite, je tombe amoureuse. Je comprends alors que mon couple est mort. Que je ne l'aime que par habitude mais plus par amour propre. Alors on continue de s'échanger des messages et pour rester discrets, je lui demande de se parler via WhatsApp. On se fait des vocaux. On parle de tout, de rien, de nous, nos vies. Et très vite plus de points communs se forment. Les enfants, le cododo, l'allaitement... La dépression, nos traitements identiques. Notre souffrance dans notre couple. Je l'aime. Il me comprends. Puis il fini par me taner pour venir me voir. Je fini par céder. Pas par ras le bol mais par envie. Je voulais voir si j'aurais en vrai ce même coup de foudre, ce même amour. Alors après plusieurs tentatives et histoires à raconter pour y aller, je fini par mettre au point un stratagème.

J'explique à mon mari qu'une cliente vient de me commander un parfum et que je dois aller la livrer. Nous sommes le cinq avril deux mille vingt et un. Trois semaines environ sont passés depuis nos premiers échanges. Je prends les devants, j'explique à mon mari et mes enfants que je dois aller voir une cliente lui ramener un colis et je file.
Sur la route, on se tient au courant et nous faisons moitié de chemin l'un et l'autre. Nous devions nous voir trente minutes. Cela aura duré plus de deux heures...