Les Rivières aux Poignets

Combien

Combien de temps à nos chemins
Combien de lignes à nos mains
Combien de litres à nos yeux
Combien de veines font le bleu
À l'horizon des univers
Combien de peines colorées
Dans les rivières de nos poignets
Tatouées des prénoms d'hier
Combien de moments égarés
À la lumière de nos trous noirs
Combien de rêves oubliés
Brillant au fond de nos mémoires
Combien de routes piétinées
Sous les sabots du quotidien
Combien d'envies désespérées
De ne pas croire à nos destins
Combien de désirs inavoués
Combien de paroles en l'air
Combien de pensées fabriquées
Combien de murs à nos frontières
Combien d'instants déjà gâchés
De n'avoir su être sincère
Et combien de pages tournées
Au fond d'un livre presqu'ouvert
Combien de mèches allumées
Aux artifices de nos jours
Combien de moments inventés
Combien de mots à nos discours
Combien de secondes vaincues
De n'avoir su garder le temps
Et combien d'Hommes dévêtus
De n'avoir su vivre l'instant
Combien de croix à nos églises
Pour oublier ce qu'on est tous
Combien de vérités admises
Pour des questions qui nous dépassent
Combien de souhaits quand l'on tousse
Combien de mains à nos prières
Pour des refrains que l'on ressasse
Comme des vagues à la mer
Combien de tombes à la Terre
Combien de pierres aux jardins
Les souvenirs flottent dans l'air
Font la rosée de nos matins
Combien de cœurs ne battent plus
Combien de creux dans les poitrines
De ceux qui ont déjà vécu
Le temps des roses et des épines
Combien de fleurs fanent encore
Combien de corps sont asséchés
Combien d'années vivent les morts
Quand ils s'échappent des pensées
Combien de larmes à nos joues
Combien de drames à nos vies
Combien de traces aux genoux
Quand on ramasse nos oublis
Combien de jours, combien de nuits
Combien de rêves aux matins
Combien de flaques à nos pluies
Combien de temps à nos chagrins
Combien de temps nous reste t'il
À n'être qu'un quand on est deux
À savourer les inutiles
Combien de temps pour être heureux
Combien de cordes au violon
Quand tu me joues l'humanité
Si elle devait porter un nom
Le mien serait bien trop léger
J'ai mis l'anneau autour d'un doigt
Qui fait tourner mon monde entier
Combien de temps tu resteras
À me garder à tes côtés