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__ je vous présente monsieur Robert koyaga . Vous devriez le connaître vu que c'est le commandant de brigade de notre village et le père à une de vos collègues. Nous ne sommes pas là aujourd'hui par plaisir ; le monsieur présent m'a rapporté il y a quelques minutes quelque chose de vraiment fâcheux pour cet établissement.

Il se tourne vers moi et me dévisage pendant quelques secondes.  Je respire à peine et de grosses sueurs froides me traversent l'échine.  S'il s'avère être ce à quoi je pense alors ...

Tu es vraiment dans la merde et cette fois jusqu'au cou .

La fermes !

Mon cerveau semble s'être arrêté de fonctionner et mon cœur bat tellement fort dans ma cage thoracique que ça en devient presque douloureux.  J'essaie d'expirer et inspirer profondément mais lentement histoire de garder un peu de mon sang froid mais nada ; les battements de mon cœur s'accélèrent à chaque tiers qui s'écoule.

__  veuillez vous levez un instant mademoiselle kitté , poursuit le censeur

Mes jambes flageolent sous moi juste à l'entente de mon nom . Je prends quelques secondes avant d'exécuter l'ordre donné , tout en tenant mon banc comme support.  Ma gorge est devenue sèche tout d'un coup et mes mains , moites de plus en plus. 

Vivement que tout ça ne soit qu'un cauchemar.  Qu'on soit toujours en congé.  Mais non , ce que je ressens est bien trop réel et perçant pour être une illusion. 

__ J'ai ouï dire par le monsieur ici présent que hier , vous vous en êtes prise à sa fille dans la cour! Est ce vrai mademoiselle ?

Ma langue peine à se délier, mon regard se balade un peu partout dans l'espoir de trouver une issue.  Et quand j'arrive à ouvrir la bouche, juste un petit sifflement s'en échappe.  Je suis tétanisée à l'idée d'être renvoyée maintenant, alors qu'on s'est donné tellement de peine pour cette punition, alors que l'envie d'obtenir mon brevet est devenu plus fort que jamais .

La voix du censeur me tire de mes réflexions en me faisant sursauter.

__ Elle et ses amis se sont alliés pour me martyriser hier.  Ils m'ont encerclé et Kitté m'a jeté par terre avant de me traîner par les cheveux . Elle m'a par la suite roulée de coup et les autres l'ont acclamée; se permet de dire Zurie sur un ton dramatique.

Des soulèvements se font entendre dans la salle mais le prof donne un coup sec sur son bureau , intimant ainsi le calme.
Je ferme les yeux quelques secondes mais la voix du censeur me tire à nouveau de mes pensées.

__ Avez-vous oui ou non touché à mademoiselle Koyaga? Me demande le censeur sur un ton intimidant

__ Elle est venue me dire que j'all...

__ Vous ne répondez pas à ma question

__ Oui mais c'est elle qui ...

__ Assez ! Vous savez pertinemment que la violence est interdite dans cet établissement. Je me vois dans l'obligation de vous renvoyer et cela sans compromis.  Prenez vos affaires et suivez moi.

Renvoyer , renvoyer, renvoyer, renvoyer, renvoyer, renvoyer,
Ce mot raisonne dans ma tête comme une incantation vodou.
Les larmes menaces de couler à flot sur mes joues d'une minute à l'autre . Je me mords l'intérieur des joues pour les retenir mais c'est peine perdue . Des flots de liquides salés se mettent à couler à foison malgré mon envie de les contenir .

Y a pas à être aussi rancunière.  Elle aurait pu passer l'éponge et oublier ce petit différend mais non. C'est pas comme si je l'avais fait exprès et en plus de ça c'est elle qui est venue me provoquer mais le censeur ne comprendra jamais cela .

Portrait DestructeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant