CHAPITRE 5 - SKYLAR (Réécris et corrigé)

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Lorsque j'ai croisé mon reflet dans ce casque de moto, sur le parking, c'est comme si tout était devenu très clair.

C'est lui.

Depuis le début, c'était lui.

Lui que j'ai percuté devant l'épicerie de nuit.

Lui que j'ai laissé entrer dans la résidence après avoir emmené ma mère à l'aéroport.

Lui qui se trouvait avec moi dans l'ascenseur, et qui a pu prendre connaissance de mon étage et de mon numéro d'appartement.

Lui qui m'a suivi hier soir.

Lui qui a tenté de défoncer ma porte ce matin.

Ça l'a toujours été.

Et je n'ai rien vu. Alors que c'était sûrement aussi sa putain de moto que je voyais partout autour de moi depuis des jours.

J'ai encore la tête qui tourne en conduisant sur le chemin du retour et je peine à garder la vision claire. Je ne me gare pas très bien non plus, et je m'en fiche. J'ai encore le cœur qui bat à cent à l'heure lorsque j'insère la clef dans la serrure.

Dans la sécurité de mon appartement, je referme la porte à double tour derrière moi, et m'affale contre elle, le souffle tremblant. L'adrénaline redescend, et j'éclate en sanglots. Je ne m'en empêche pas, ni ne me retiens ; je pleure comme une enfant, jusqu'à manquer d'air et m'étouffer dans mes propres larmes.

Je pleure parce que j'ai peur, parce que j'ai mal et parce que je suis épuisée. Je pleure parce que ma mère me manque et parce que je voudrais qu'elle soit là en cet instant. Je pleure parce que j'ai cru que j'allais mourir, en me demandant s'il comptait me violer.

Avant ou après m'avoir tué ?

Je me suis demandé si mon corps allait même être retrouvé et dans quel état il serait. Je me suis demandé comment est-ce qu'on allait prévenir ma mère, et si j'allais manquer à Spooky. Je me suis demandé si Sarah et Kheliss allaient continuer ce dossier sans moi. Et j'ai pensé à tous les aliments périssables qu'ils me restaient dans le frigo.

Tout un tas de choses débiles me sont passées par la tête.

Est-ce que c'est ça, voir sa vie défiler ? Penser à tout ce qu'on a laissé en suspens derrière soi ? Tout ce qu'on a pas pu arranger ?

Mes larmes se tarissent, et je pense à appeler la police. Les mains tremblantes, je commence à composer le numéro en reniflant, mais hésite à appuyer sur la touche d'appel.

Ils ne feront rien.

Que pourraient-ils faire ?

Envoyer une équipe pour m'entendre dire qu'un type sans nom et sans visage m'a agressé ?

Sans descriptif, il ne pourront rien faire.

Patrouiller ?

Qui suis-je pour demander une garde rapprochée et faire perdre du temps à des officiers qui préfèreraient s'occuper de victimes qui connaissent leurs agresseurs ?

Je me mords les lèvres et verrouille mon téléphone en me débarrassant de mes affaires ; mes chaussures, mon sac, mon pantalon et mon sweat tombent négligemment sur le sol de mon hall entrée.

J'ai besoin d'une douche.

Je ferme les yeux en sentant l'eau chaude couler sur mon visage. Réconfortante, elle se mélange à mes dernières larmes, jusqu'à les faire totalement disparaître.

Lorsque j'ouvre les yeux, des traînées rouges circulent entre mes orteils et disparaissent dans le siphon. Je passe une main entre mes cuisses et inspecte mes doigts.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant