Monde Cruel // Pierre Gasly - Tome 2

XIII - Les coupables

Samedi 15 février

Je me réveillai en sursaut quand je sentis une présence bouger dans mon dos. Des bras me tirèrent vers l'arrière et je me retournai rapidement. Les yeux bleus de Pierre s'ouvrirent, affolés.

« Ça va ?
- On a fait une énorme connerie Pierre. Putain. Faut que je parte.
- Mais Chiara...
- Toi et moi c'est impossible et c'est comme ça.

Je me levai en vitesse, me rhabillai et partis vers ma chambre. Je m'enfermai à clés et m'allongeai dans mon lit en repensant à la soirée de la veille. J'avais quitté Jack, je ne le regrettais pas malgré toutes les questions que je me posais. J'avais embrassé Pierre, je ne le regrettais pas non plus car cela ne voulait rien dire. Mais aller dans sa chambre et coucher avec... c'était une énorme erreur, une énorme. Je pris ma tête dans les mains et criai de toutes mes forces, qu'est ce que j'avais fait là. Je culpabilisais énormément. Avec son visage de tout à l'heure, j'en étais sure. Il s'attendait à plus. Mais je ne pouvais pas, on ne pouvait pas. Et jouer avec ses sentiments, avec les miens, je m'en voulais. Je pris mon téléphone et appelai Charles. Même si je voulais garder certains choses pour moi, j'avais besoin de lui parler.

« Allô ?
- Charles, c'est Chiara, viens à l'hôtel s'il te plait.
- Je suis avec Pierre. J'arrive après.
- Non. T'inquiètes.

Je raccrochai. Il savait, c'était sûr. J'avais honte. J'enfilai un short et un tee shirt et je partis courir. Je mis ma musique à fond pour me vider l'esprit. Pourquoi avais-je fait ça ? Pourquoi avais-je signé chez Mercedes ? Pourquoi l'avais-je embrasser ? Pourquoi étais-je venue dans sa chambre ? Pourquoi étais-je encore amoureuse ? Pourquoi n'arrivais-je pas à le sortir de ma tête ?

Je courais à en perdre haleine. Cette douceur matinale à Barcelone me remplissait les poumons. Je m'arrêtai sur la plage et m'allongeai sur le sable froid. Je fermais les yeux et quelques larmes commencèrent à couler. Qu'est ce que j'étais idiote... j'avais été égoïste à ne penser qu'à ce que je désirais. Je n'avais pas penser aux sentiments de Pierre et à quel point j'avais pu encore une fois lui briser le coeur. Je ne savais pas quoi faire, j'étais complètement perdue.

La sonnerie de mon téléphone me sortit de mes pensées : Ana.

« Allô ?
- C'est quoi ces conneries ? Jack qui me dit de passer à Berlin récupérer tes affaires. T'as fait quoi Chiara ?
- J'ai revu Pierre.
- Mais Chiara! Tu peux pas faire ça. Tu peux pas le revoir et tout abandonner pour lui.
- Je sais.Il s'est passé quoi ?
- Il m'aime, je l'ai toujours aimé, on s'est embrassés puis...
- Quoi ?
- On a passé la nuit ensemble. Je m'en veux tellement, c'est de ma faute. J'aurais jamais du accepter ce poste. J'aurais juste du rester avec toi.
- Qu'est ce que tu me racontes là ? Avoir ce job c'était ta seconde chance. Tu vas pas le laisser encore une fois tout gâcher.
- Je sais pas.
- Vous vous aimez et donc ? Vous pouvez pas être ensemble et tu le sais, tu le savais avant de le revoir. Maintenant, je vais récupérer tes affaires, je t'accueillerai à Varsovie quand tu auras besoin d'un toit mais Chiara, réfléchis bien.
- Merci Ana, merci vraiment. Je reviens bientôt te débarrasser de mes affaires.
- Je t'aime ma biche, fais les bons choix.

Qu'est ce que j'avais fait ? J'étais complètement perdue. Perdue dans mes sentiments. Avais-je quitté Jack sur un coup de tête ? Il avait été avec moi pendant 1 an et demi. Il n'était pas parfait mais notre relation n'avait pas été que du négatif. Pourquoi Pierre arrivait encore à changer mes plans ? J'étais bien avec Jack. J'étais malheureuse à des moments, quand il me disait de ne pas pleurer, quand il me disait comment m'habiller. Mais au final, cette vie à Berlin me plaisait bien.

Toujours allongée sur le sable, les larmes commencèrent à couler. Je me sentais coupable, j'avais mal, j'étais triste, déçue de moi. Je tournai la tête quand une présence s'allongea à côté de moi.

« Qu'est ce que tu fais là ? Demandai-je.
- Comment tu vas ? Pierre m'a dit que vous aviez passé la nuit ensemble et que t'étais partie en courant tout à l'heure.

Je m'effondrais dans les bras de Charles. J'étais inconsolable.

- Je m'en veux, terriblement. Vous m'avez tous dit de penser à moi et j'ai été égoïste. Je savais pertinemment qu'avec Pierre ça n'allait mener à rien. On peut pas, c'est impossible.
- Je sais.
- Je lui ai encore une fois brisé le coeur. J'aurai jamais du revenir, j'aurai jamais du quitter Jack. On aurait jamais du se revoir.
- Chiara, s'il te plait. T'étais hyper malheureuse, tu pouvais pas rester avec lui. Après je t'avoue qu'il était autant perdu que toi tout à l'heure dans sa chambre.
- Mais à quel moment j'ai pensé que revenir dans le paddock était une bonne idée ? J'aurais du écouter Jack. Qu'est ce que j'ai fait ?
- Chiara, reprends toi. T'as le job de tes rêves, dans une écurie championne du monde avec deux pilotes qui vont se battre pour le championnat.
- Dont un est mon ex avec qui j'ai couché alors qu'on est collègues. Je sais pas quoi faire, je te jure. Est ce que je lui dois des explications ?
- Essaie de lui parler mais comprends que la situation sera compliquée quelques temps.
- Je sais. Merci Charles. Tu peux retourner voir Pierre.
- Pourquoi je ferais ça ?
- C'est ton ami.
- Toi aussi Chiara, toi aussi. Maintenant on va juste ne plus parler de ça pendant ce weekend. Ne vous voyez pas et tu iras lui parler lundi.

On resta là quelques temps puis Charles me laissa seule sur la plage. Je ne savais pas ce dont j'avais envie ou besoin. Il fallait que je réfléchisse, que je travaille pour me changer les idées. Jamais de ma vie je n'allais laisser cette histoire gâcher mon rêve. J'avais eu une seconde chance, il fallait que j'en profite. Quitte à blesser Pierre, quitte à souffrir, je me devais de réussir professionnellement parlant. Il fallait que je pense à moi, que j'arrête d'avoir Pierre dans ma tête. Et cela commençait par profiter. J'allais avoir 29 ans. J'étais encore trop jeune pour me prendre la tête. Je voulais profiter des dernières années.

Je me décidai enfin à rentrer. Je pris une douche et partis me balader dans Barcelone. J'avais besoin d'être seule, de profiter de moi, de me retrouver. Je marchai dans la ville, visitai quelques endroits célèbres et je m'assis à un café pour lire un peu. Cela me fit tellement de bien de me retrouver avec moi-même, de ne penser qu'à une chose : moi.

« ¿Qué hace una mujer guapa sola ? Me demanda un homme en face de moi.
- No hablo espagnol...
- Italiana ?
- Si.
- Non parlo italiano mais on peut parler en anglais ? Me-dit-il.
- Oui.
- Alors, que fait une charmante jeune fille toute seule ?
- Elle prend du temps pour elle.
- Est-ce qu'elle veut de la compagnie ?
- Pourquoi pas.

L'homme s'assit en face de moi et commanda un café.

- A qui ai-je l'honneur ? Demandai-je.
- Juan.
- Enchantée Juan. Moi c'est Chiara.
- Un honneur. Qu'est ce que tu lis ?
- Stephen Hawking, une brève histoire du temps.
- Intelligente la demoiselle.
- Je le trouve inspirant. Toute sa vie a été incroyable et toutes ses théories sont fascinantes. Je pourrais en parler pendant des heures.
- Parlons en pendant un diner ce soir par exemple.
- Oh...
- Je suis désolé, je suis un peu direct, dit-il en posant sa main sur la mienne. Un verre fera l'affaire, sourit-il.
- Va pour un diner.

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Où va mener cette nouvelle rencontre ?

Maria.