Nous nous dirigeons en famille vers l’église de notre ville située à quelques rues de notre domicile. Nous arpentons, à pied, ses artères si calmes en ce début de matinée dominicale. Nous laissant profiter du parfum de la rosée du matin, dont les quelques gouttes encore visibles persistent en s’accrochant aux fleurs et aux feuilles garnissant les grillages des jardins des maisons. Mon frère sur les épaules de mon père nous distance de quelques pas. Le nez en l’air, il s’amuse à deviner des formes dans les nuages. Nous faisant part de ses découvertes souvent étranges qui nous arrachent des sourires voire des ricanements étouffés à ma mère, qui se tient à mes côtés, et à moi-même.
— Tu as l’air en forme ce matin, me dit-elle en me saisissant la main.
Depuis que ce liquide noirâtre a été explusé de mon corps, je me sens mieux, j’ai retrouvé le plaisir d’avoir des nuits sereines, sans insomnies, sans cauchemars, sans cette créature.
— Oui, j'ai fait plusieurs nuits complètes ces derniers temps, c’est agréable ! lui confié-je, en souriant.
A cette confidence, son sourire s’agrandit, ne cachant pas sa joie de me voir en meilleure forme. Je ne peux défaire mon regard de sa mine réjouie dénotant de son visage vide, sans vie, de mes cauchemars. Ses magnifiques boucles blondes brillent au passage d’un rare rayon de soleil qui peine à se frayer un chemin à travers la chape de nuage qui obstrue le ciel. Son regard bienveillant me balaye le visage comme une caresse de réconfort, m’assurant de son soutien indéfectible.
Cependant, ma joie est de courte durée, à l’approche de notre destination, j’éprouve un malaise, une gêne indescriptible. A la vue de l'édifice qui abrite la parole de Dieu et de son Fils, mon corps se crispe.
— Que se passe-t-il ? me questionne ma mère, étonnée de voir mon pas se stopper.
Mon visage si détendu affiche à présent une grimace de peur. Mon souffle devient court quand j'ose porter sur le monument une œillade apeurée.
— Tu as vu quelque chose ? me demande-t-elle en sondant du regard les alentours.
Mon père fait descendre mon frère de ses épaules en nous observant inquiet. Se massant pour dissiper la douleur d'avoir servi de monture à un petit garnement.
— Tout va bien, me murmure-t-il après nous avoir rejoint en passant sa main dans mes cheveux.
Mon frère, sans se soucier de nous, court jusqu'au lieu de ma frayeur pour retrouver ses camarades de catéchisme. Sans réponse de ma part, nous restons silencieux en reprenant notre route, mes parents me tenant chacun la main. Mon ventre se broie quand nous franchissons le parvis de ce lieu saint. Je ne peux dissimuler mes frissons, mon être se glace.
— Tu as froid ? m'interroge-je mon père après avoir jeté un coup d'œil à ma mère.
Ils ne comprennent pas, m'énerve-je intérieurement.
Comment pourraient-ils comprendre un comportement que moi-même je ne sais pas m'expliquer, pensé-je en me tenant la poitrine dans laquelle une douleur lancinante s'enracine, me forçant à arrêter tout effort.
Au seuil de la porte du lieu saint, je gîs à genoux par terre. Mon être tout entier ressentant que quelque chose se débat, agonise, pris au piège dans mon corps. Les images de ma séquestration refaisant surface devant moi. Je me tiens la tête avec les mains avant d'hurler de désespoir.
Je ne veux plus revoir ces images, m’agacé-je mentalement.
— Stéphanie, lève-toi, s'il te plaît, me supplie ma mère.
Mes cris et mes pleurs résonnent dans l’enceinte de la maison de Dieu dont je refuse de franchir le seuil, me sentant souillée, salie par cette entité qui ne me lâche pas. Les ténèbres, il n’y a que cette réponse à mes questions. Je suis condamnée à la noirceur, à la désolation et au désespoir. Lentement, je perds pieds, je me laisse submerger par cette obscurité.
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Métérise - Tome 1 - L'éveil De La médium
HorrorStéphanie, une jeune adolescente ordinaire affronte son quotidien armé de son manque de confiance en elle et de ses complexes. Ayant pour seule préoccupation l'amour à sens unique qu'elle couve depuis des années pour le capitaine de l'équipe de bask...