• chapitre 12

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L'atmosphère était des plus étrange. Le déjeuner n'avait pas été très amusant, pour Minho comme pour Jisung. Ils avaient dû subir le regard noir de Sujin et ses remarques désobligeantes. Elle se fichait bien d'être devant sa mère et son beau-père, ce n'était pas leur présence qui allait l'arrêter. Elle était furieusement amère depuis qu'elle était rentrée de sa petite soirée entre copines et qu'elle avait vu Minho et son petit ami s'amuser tous les deux. Et l'un comme l'autre préférait ne pas répondre à ses provocations. C'était inutile.

Minho savait très bien qu'elle aurait toujours quelque chose à dire et qu'il ne pourrait pas se défendre. Il n'avait pas envie de perdre son temps avec elle. Il la connaissait, elle était bornée et pouvait vite hausser le ton. Se prendre des insultes en pleine figure ? Très peu pour lui. Ce qu'elle pensait de lui, il en avait déjà conscience, et ça ne ferait que remuer le couteau dans la plaie. Il avait passé l'après-midi loin de Jisung, enfermé dans sa chambre avec le climatiseur en marche pour ne pas risquer de mourir de chaud. Il avait terminé son livre avant de s'étaler dans son lit comme une étoile de mer, puis s'était mis à penser à toutes sortes de choses, les yeux clos. Au final, il s'était assoupi pour récupérer de sa bien trop courte nuit. Cogiter, ça commençait à bien faire. Mais il avait la sensation que ce n'était pas terminé et que ses pensées ne le laisseraient pas tranquille de si tôt.

Jisung était toujours là. Chacun de ses gestes. Chacun de ses mots. Il n'y avait que lui dans sa tête, et il ne savait pas si c'était inquiétant ou alors très plaisant. Il aurait seulement aimé ne pas être constamment obnubilé par ses regards et ses sourires. Mais comment faire ? Il était vraiment tombé sous son charme. Il n'avait jamais ressenti ça auparavant. Il savait que c'était mal, que c'était risqué, mais ce goût d'interdit, cette saveur différente, lui donnait l'eau à la bouche. Et puis, le jeune homme ne faisait rien pour arranger les choses. Il était adorable à son égard. Était-ce un sentiment similaire pour lui aussi ? Minho l'ignorait encore, et il mourait d'envie de connaître la vérité. Toute la vérité.

Toujours convaincu que cette relation n'était pas nette, il s'était encore retourné l'esprit pour tenter de comprendre ce qui pouvait lier Jisung et Sujin. Mais la crise de jalousie de la jeune femme le rendait confus. Était-ce par rapport à Jisung ? Ou par rapport à lui-même ? Elle en avait après lui, parce qu'il n'était qu'un gamin, qu'un lycéen. Mais elle reprochait à son petit ami de le côtoyer. Peut-être était-ce juste cette amitié qui naissait qui la dérangeait. Ils s'entendaient bien, et ça l'agaçait.

— Minho ! Le dîner !

Il se redressa d'un bond et sortit de sa chambre. Son père était à l'autre bout du couloir et, quand il le vit, il lui adressa un petit sourire. Minho s'empressa de rejoindre la cuisine où quelques plats étaient déjà disposés. Jisung était là, assis à table, mais pas de trace de Sujin. Quelques secondes plus tard, Hyejin revint, un lourd soupir quitta ses lèvres lorsqu'elle s'installa.

— Elle n'a pas voulu venir ?

Minho observa curieusement son père, puis sa belle-mère.

— Impossible de la faire sortir de son lit, dit-elle.

Nouveau soupir, Hyejin semblait désespérée par le comportement de sa fille. Minho tourna la tête vers Jisung, son visage restait neutre. Il n'était ni attristé par l'absence de sa copine, ni agacé. Il devait être tout simplement blasé par ce qui s'était produit le matin même.

— Il s'est passé quelque chose ? demanda soudain la femme.

Minho leva les yeux dans sa direction avant de considérer Jisung. Qui allait répondre ? Qui allait avouer qu'elle s'était encore énervée pour rien ?

— Ça ne lui a pas trop plu que je m'amuse avec le tuyau d'arrosage ce matin.

Les deux adultes à la table froncèrent les sourcils. Hyejin se racla la gorge et croisa les bras, comme si elle attendait davantage d'explications. Une fois de plus, Minho avait envie de fuir très loin. Il admirait le courage dont pouvait faire preuve son camarade, jamais il n'aurait eu le cran de faire ce qu'il était en train de faire. Mais la situation le rendait nerveux. Il ne se plaignait jamais — ou très rarement — de la façon dont Sujin se comportait, et surtout pas à sa belle-mère. Que Jisung le fasse, ça lui faisait aussi peur que ça l'émerveillait. 

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