CHAPITRE 9

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C'était dur, mais lorsqu'elle a refusé mon touché et que j'ai vu son air effrayé, je suis partie. Je lui ai jeté un dernier regard avant de la laisser haletante sur le sol de son salon. Sa poitrine montait et descendait à un rythme alarmant, me narguant avec ses tétons érigés, qu'elle s'est empressée de dissimuler en ramenant ses bras contre son torse, lorsque je l'ai lâché. Le regard qu'elle m'a lancé était plein de soulagement et d'incompréhension mêlés.

Un jour, elle comprendra que je ne lui veux aucun mal.

Pas vraiment.

Qu'elle n'est rien de moins qu'une obsession dont j'ai du mal à me défaire, et que je ne comprends pas moi-même.

Je ne suis pas rentré directement chez moi. J'ai promis à ma mère que je dînerai avec eux, et je suis déjà en retard.

Je mets une quinzaine de minutes à arriver. Je stationne ma moto dans le garage de mes parents et entre sans frapper. Ma mère me tombe dessus et me fouette le bras avec son torchon.

— C'est pas trop tôt ! On allait se mettre à table.

Je la prends dans mes bras pour la saluer. Elle embrasse ma cicatrice, et je tressaille. Je rejoins mon père dans la salle à manger, assis en bout de table. Je pose ma main sur son épaule en m'installant comme d'habitude, à sa gauche. Il ne décroche pas ses yeux du match de baseball qui se joue à la télé et me tapote la main.

— Comment ça va ? Il me demande distraitement.

Je hoche la tête pour signifier que ça va, même s'il ne me regarde pas. Mais face à mon silence, il se tourne vers moi avec un sourire moqueur. Il ricane.

— Pas de nouvelles, bonne nouvelle.

Je lui souris. Il fait toujours la même plaisanterie sur mon mutisme quand on se voit. Ma mère arrive avec un plat de lasagne.

— Laisse le un peu tranquille !

— Il me le dirait si ça l'faisait chier !

Il rit seul de sa blague, et je souris.

Mon père a toujours adoré plaisanter; c'est une personnalité très solaire. Je ne me souviens pas d'un seul jour où, ma petite sœur et moi, n'avions pas ri une seule fois. Nous étions du genre turbulent; au grand dam de ma mère, et mon père n'arrangeait rien.

Puis, tout s'est arrêté du jour au lendemain. J'ai perdu ma partenaire de jeu. Mes parents ont perdu leur princesse. Et mon père, sa légendaire joie de vivre. Même lorsqu'il plaisante encore, cette tristesse dans le regard ne le quitte pas.

Elle ne le quittera jamais.

Ma mère garde bonne figure. Elle n'a pas le choix. Elle est le pilier de cette famille. Elle la pleure encore, parfois.

Ça fait sept ans...

Je reviens à la réalité quand une part de lasagne tombe dans mon assiette.

— Un peu plus ?

Je secoue la tête.

Ça va.

Je déjeune en silence. Mon père baragouine dans sa barbe à propos du match qui se joue. Ma mère prend de mes nouvelles.

— Le travail, ça va ?

J'acquiesce.

Je travaille dans un atelier de menuiserie. Je n'ai pas besoin de parler ou de voir du monde lorsque je fabrique ou répare des meubles, dans l'arrière-boutique. J'ai les mains dures et calleuses à force de travailler le bois.

— Qu'est-ce qui t'a pris autant de temps à venir ?

Elle hausse un sourcil et me jette un regard que j'ai du mal à interpréter.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant