CHAPITRE 8 - SKYLAR

25.2K 1.1K 547
                                    

Il est treize heures lorsque je rentre des courses.

Je n'ai pris que le strict minimum, claudiquant points de suture oblige. Je voudrais que ça guérisse vite.

Je referme la porte d'entrée d'un coup de pied et dépose les sacs près du frigo. Lorsque je l'ouvre, mon regard se pose sur une tartelette à la framboise reposant sur une petite assiette en carton doré, au milieu des étagères.

Mon cœur rate un battement avant de se mettre brusquement à accélérer. Ça signifie qu'il est entré chez moi pendant mon absence, pour la déposer ici, et...

J'adore les tartelettes à la framboise.

Il n'est même pas censé le savoir.

Que sait-il d'autre à mon sujet ? Comment et pourquoi ?

Je fronce des sourcils, la salive au bord des lèvres. Les framboises sont d'une couleur rose fuchsia vive et sont saupoudrées de petits éclats de pistache et de sucre glace. Je sens mon estomac se tordre et me supplier de lui en donner un peu.

Je saisis la pâtisserie avant de refermer la porte du frigo. Je m'apprête à la déposer sur l'îlot central de la cuisine lorsque, dans ma vision périphérique, je discerne une masse noire installée sur mon canapé.

Je relève brusquement la tête.

Il est là.

Il porte toujours ce fichu casque, la tête tournée dans ma direction. J'ai un léger mouvement de recul, et la tartelette manque de m'échapper des mains.

Nous nous fixons en chien de faïence. Ni lui, ni moi, ne bougeons d'un millimètre, et je pense immédiatement au couteau de cuisine que je garde précieusement dans mon sac et que je porte encore à mon épaule. Je prends soudainement conscience du poids de la lame.

Si j'arrivais à l'atteindre...

— Tu l'as empoisonné ? Je le provoque en désignant la tarte d'un geste de la tête et referme discrètement mes doigts autour de la bandoulière de mon sac à main. Mes mots semblent le faire tressaillir. Mais, c'est si infime que je pense avoir rêvé. Il secoue lentement de la tête et nie.

Je m'approche de l'îlot en faisant mine de vouloir déposer la tartelette tout en fourrant ma main dans mon sac.

— Ce n'est pas comme si tu comptais me le dire, de toute façon. Je dis nerveusement.

L'îlot cache assez bien le bas de mon corps pour me permettre de fouiller le fond de mon sac en toute discrétion. Mes doigts frôlent la lame et je saisis le manche.

Pendant une seconde, j'hésite à sortir le couteau ; je ne veux pas ouvrir les hostilités et, je ne me sens pas capable de blesser quelqu'un, non plus. Malgré tout, je le sors et le pose sur l'îlot, bien en évidence.

Je pourrais presque deviner son regard sur la lame, en voyant son corps se tendre.

Je sens la tension monter d'un cran, tout à coup. L'atmosphère s'électrise et je suis soudainement parcourue de frissons incontrôlés lorsque le casque se met à pencher sur le côté, comme s'il m'observait...

Des images de la nuit dernière me reviennent en mémoire, et... Je serre les cuisses. Pourtant, mes doigts agrippent férocement le manche du couteau. La peur me comprime de l'intérieur, autant que cette chaleur étrange qui irradie dans mon bas-ventre. Mais je l'utiliserai.

S'il le faut.

Nerveusement, je jette un coup d'œil en direction de la porte d'entrée. Et un autre vers le couloir.

Il faut que je l'empêche de m'atteindre, encore une fois.

J'évalue mes chances, mais je ne suis pas vraiment confiante. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine lorsque j'initie un pas vers le couloir. Il m'imite pour tenter de me réceptionner à l'autre bout de l'îlot, mais je change de direction au dernier moment et détale comme un lapin en direction de la porte d'entrée.

J'ai tout juste le temps de saisir la poignée et d'entrouvrir la porte que je sens ses bras se refermer autour de moi. Je crie lorsqu'il referme la porte d'entrée d'un coup de pied, en maintenant mes bras contre mes flancs, plaquant mon dos contre son torse.

Je manque de lâcher mon couteau sans l'agitation. Je serre le manche de toutes mes forces lorsqu'il me balance sur le canapé. Je profite de ma liberté pour rouler sur le sol et tenter de m'échapper. La lame claque sur le plancher et racle le sol lorsque je tente de me relever. Mais sa main saisit ma cheville et tire sur ma jambe. Je tombe à plat ventre sur le sol froid ; j'en ai le souffle coupé.

Ses mains gantées me basculent sur le dos en tirant sur mes épaules. Il est déjà à califourchon sur moi, me clouant les poignets au sol.

J'ai beau serrer le manche entre mes doigts, ma lame devient inutile. Je n'entends plus que les battements de mon cœur raisonner dans mes oreilles, ma respiration rapide, et la sienne profonde, étouffée par son casque.

Je le sens appuyer sur un endroit stratégique de mon poignet et oblige mes doigts à s'ouvrir d'eux-mêmes pour lâcher le couteau. Le tintement de la lame au contact du sol sonne désespérément dans mes oreilles.

Merde.

J'essaie vainement de me dégager de sa prise, mais je ne bouge pas d'un iota. Ses cuisses emprisonnent mon bassin, et même mes genoux ne peuvent pas l'atteindre. Je croise mon reflet paniqué dans la visière de son casque qui m'empêche toujours d'apercevoir son visage.

Il rejoint mes poignets au-dessus de ma tête pour les tenir d'une seule main. Je commence à avoir sérieusement mal au ventre. La peur couvre mon dos de sueur, pourtant, elle me tétanise et m'empêche de crier.

Sa main libre repousse les quelques mèches collées sur mon visage. Je sens le cuir tiède de son gant caresser ma joue et descendre dans mon cou.

Je dégage vivement mon visage et tente vainement de me dégager. Je ne veux pas qu'il me touche.

Avec la peur, s'accompagne une curiosité morbide de ce qu'il a l'intention de me faire. Un frisson d'appréhension me parcourt tout le corps. Je sens les poils de mes bras et de ma nuque qui se hérissent et mes tétons pousser contre le tissu de mon pull fin.

Il se fige lorsque sa main parcourt la vallée entre mes seins. Son petit doigt effleure un de mes tétons sur son passage et ma respiration s'accélère en sentant mon bas-ventre se contracter d'une façon que je ne connais que trop bien. Je n'ai même pas besoin de vérifier ce qui se trame dans ma culotte.

Je sais.

J'ai toujours été très réceptive, et rien que pour ça, j'ai envie de me gifler. Je jette un coup d'œil curieux à mon reflet, dans la visière. Mes joues ont rougi, et je suis haletante. Je détourne le regard en sentant sa main s'aventurer plus bas sur mon ventre découvert. Il s'arrête au niveau de mon nombril et son index caresse le bijou en forme de papillon. Je laisse échapper un son que je ne contrôle pas lorsqu'il se met à jouer avec en tirant doucement dessus, curieux.

Sa main s'immobilise et mon corps se tend instantanément sous la honte qui me submerge. Je l'entends presque sourire dans son casque. Je pourrais faire passer cet écart comme une expression de ma douleur, mais il n'y croirait pas une seconde.

Lorsque sa main gantée se glisse sous mon pull et me caresse les côtes en effleurant le dessous de mon sein, mon souffle s'accélère et devient plus profond. Mon ventre se gonfle et bute contre l'intérieur de sa cuisse, étrangement dur.

Je jette un regard, incertaine, et écarquille les yeux.

— Non.

Il se fige. Je secoue la tête.

— Non. Je répète.

Mes yeux ne quittent plus la forme explicite qui s'étend le long de sa cuisse.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant