CHAPITRE 10 - SKYLAR

24K 1.1K 383
                                    

C'est à croire que j'attire les ennuis.

J'ai d'abord cru que c'était lui. Mais lorsque j'ai vu un visage, et pas cet éternel casque, j'ai douté.

Puis, je l'ai vu, derrière mon agresseur, le dépassant de deux têtes. Et il l'a dégagé de moi, avant de le passer à tabac.

AJe l'ai laissé faire, ne comprenant pas ce qui se passait ; il venait de m'éloigner du danger, alors qu'il était censé être le danger. Mais lorsque le bruit des os qui craquent a commencé à devenir trop insupportable et répugnant, j'ai essayé de les séparer. Je gardais mes distances :

— C'est bon, ça va.

Voyant qu'il ne réagissait pas, j'ai paniqué et j'ai crié.

— Arrête !

Le type était devenu méconnaissable. J'ai dû retenir un haut-le-cœur. Alors, je l'ai attrapé par le bras pour le faire reculer. Il était très contracté et dur sous mes doigts. C'était effrayant.

Et plaisant à la fois.

J'ai fermé les yeux pour dégager ces pensées qui n'avaient pas lieu d'être. Et lorsque mes doigts se sont refermés sur lui, il s'est arrêté net et s'est relevé. Il respirait fort et rapidement. Il tremblait même un peu. Quand j'ai réalisé que mes doigts pressaient toujours frénétiquement son bras, je me suis éloignée d'un bon. Et le sentiment que j'ai ressenti en le voyant debout devant ce gars inconscient m'a percuté.

De la reconnaissance.

***

Quelques jours sont passés depuis ce terrible événement et comme les autres fois, je me réveille en plein milieu de la nuit. Il est environ trois heures du matin. Le rêve que je fais habituellement n'est plus le même. Il ne se contente plus d'être immobile. Cette fois, il est réconfortant. Il me prend dans ses bras et me touche. Il me caresse aux endroits que j'aime. Et j'en fais tout autant. Je sens encore mon entrejambe se liquéfier. J'y plonge la main.

Je suis trempée.

Et horrifiée.

Je ne veux pas de ça.

Je ne veux pas voir en lui autre chose qu'un agresseur. Mais il a fallu qu'il joue les héros l'autre soir. Qu'il se fasse passer pour ce qu'il n'était pas au départ. Il a fallu qu'il me soigne quand je me suis blessée.

Il m'a offert une tartelette à la framboise.

Une plainte m'échappe et le dégoût de moi-même me comprime douloureusement la poitrine. Je prends plusieurs profondes inspirations pour faire passer la nausée que je sens pointer.

J'ai peur de ce qu'il initie en moi, dans mon corps et mon esprit. Il s'impose dans mon nouveau quotidien, dans ma tête et m'y emprisonne. Je ne contrôle rien. Pas même mes rêves. Je ne sais pas qui il est. Ce qu'il est. Son visage, son nom, sa voix, ni son histoire.

Je suis encore secouée par ce rêve indécent où je prends du plaisir entre les mains de mon agresseur-protecteur.

Me rendormir ne m'emballe pas. J'ai besoin de me détendre. Penser à autre chose.

Je saute du lit et me dirige vers la salle de bain. Je me déshabille entièrement et me glisse sous l'eau chaude. Elle me brûle et me réconforte, mais mon souffle demeure tremblant. Je m'oblige à m'apaiser.

Je ne sais pas quoi penser de tout ça. Je ne suis, cependant, pas aveugle. Même si je n'ai jamais vu son visage, je l'imagine agréable à regarder.

Et à toucher.

Je m'en suis rendu compte la nuit où je l'ai laissé soigner mes coupures. Et l'autre soir, lorsqu'il m'a tiré de cette situation. Il est... pas mal.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant