29-Sybille

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Recroquevillée dans mon lit, accrochée à cette peluche koala géante que j'ai gagnée hier au tir à la carabine, je n'ose ouvrir les yeux alors que l'alarme stridente de mon portable emplit la pièce

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Recroquevillée dans mon lit, accrochée à cette peluche koala géante que j'ai gagnée hier au tir à la carabine, je n'ose ouvrir les yeux alors que l'alarme stridente de mon portable emplit la pièce. J'espère que, si je ne bouge pas, la sonnerie cessera rapidement et la journée restera figée dans cet état de semi-éveil. Dix minutes passent, durant lesquelles j'enfouis ma tête dans cette boule de poils, occultant cette réalité qui me torture depuis hier. 

Cleon est arrivé hier à la fête foraine pendant que je tirais mes derniers plombs me permettant de gagner mon énorme peluche. Son visage sombre a tout de suite étouffé l'euphorie qui avait pris vie en moi avec mon arme inoffensive entre les mains. Et ce n'était que le début d'une longue suite d'aveux menant à une succession de déconvenues.

Et voilà comment, ce matin, je me retrouve à devoir mettre mon réveil aux aurores pour suivre aveuglément mon frère qui me demande de lui faire confiance. 

Fais-moi confiance. Je t'expliquerai tout demain.

Comme si une nuit de sommeil allait changer quelque chose à ses paroles. Je ne ressens que de la trahison et le manque de confiance flagrant qu'il a vis-à-vis de moi. Encore plus ce matin, après avoir passé la majorité de la nuit à ressasser la situation et à envisager le pire. Et maintenant, je me sens lâche de ne pas vouloir aller le confronter pour connaître enfin cette vérité dont tout le monde semble me protéger. 

Dans le silence pesant de ma chambre, je tente de me rendormir en fermant fort mes paupières. Les battements de mon cœur s'amplifient dans ma boîte crânienne et il m'est impossible de trouver une position confortable dans laquelle je réussirai à rejoindre Morphée. Au moment où un bâillement sonore retentit dans la pièce, m'arrachant quelques larmes de fatigue, de grands coups frappés à la porte d'entrée me sortent de ma somnolence. 

Je n'attends personne. Nous avons convenu, avec Cleon, de se retrouver directement sur le parking de l'hôpital. Grâce a les clés, elle ne tambourinerait pas à la porte comme ça et je l'ai rassurée par messages hier soir. Il y a peu de chance qu'un voisin vienne me déranger à une heure aussi matinale. Si je ne réagis pas, la personne partira peut-être ? Je décide de poser un oreiller sur ma tête et d'attendre que le calme revienne dans ma chambre. Peine perdue. Les coups retentissent de nouveau avec plus d'intensité cette fois. 

— Sybille ! Ouvre-moi !

Cette voix. Mais que fait-il ici ? Je me redresse et avise ma tenue avant d'aller ouvrir. Je porte un pyjama combinaison short noir délavé avec des têtes de mort. Je le reboutonne correctement pour m'assurer que ma poitrine ne se fasse pas la malle et je m'apprête à descendre le long de l'échelle quand le ding de mes notifications retient mon attention. Il m'a envoyé un message. 

Dis-moi que tu es bien chez toi et que je ne m'acharne pas sur ta putain de porte pour rien.

Je descends de mon lit mezzanine précipitamment et déverrouille ma porte d'entrée pour me retrouver face à un Loup ténébreux dont les traits tirés m'informent de son état de fatigue. Une main posée contre le montant de la porte, l'autre tient son téléphone agrippant son regard certainement dans l'espoir d'une réponse. Il relève la tête quand je me trouve face à lui et plante son regard dans le mien, me plongeant dans un océan tortueux. 

Black MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant