CHAPITRE 12

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Elle a fini par s'endormir.

Elle a d'abord accepté que je l'aide, et j'ai soigné son pied. Un ou deux points avaient sauté, mais rien de bien grave ; les autres ont tenus et feront l'affaire. J'ai tout nettoyé, désinfecté et bandé comme j'avais pris l'habitude de le faire avec mes propres blessures. Elle me laissait faire sans broncher. C'est à peine si elle me regardait. Et j'en ai un peu profité pour les admirer. Ils sont petits. Doux. Soignés.

Les ongles de ses orteils sont colorés en noir et sont parfaitement coupés. Chacun d'eux me supplient de les glisser dans ma bouche... Et j'ai dû me retenir, à plusieurs reprises, de passer la langue sur toute la longueur de sa voûte plantaire.

Elle aurait adoré.

Chaque partie d'elle a le mérite de capter mon attention. Tout, chez elle, me rend dur.

Mais je me suis repris.

Quand j'ai terminé de soigner ses plaies, elle s'est réfugiée dans la salle de bain pour s'habiller, sans un seul regard pour moi.

Mais je ne suis pas parti. Même lorsqu'elle est retournée sous les draps et a fini par s'assoupir, je ne suis pas parti.

J'ai retiré mon masque, et ça fait maintenant plusieurs heures que je la regarde dormir – deux, peut-être trois – les coudes appuyés sur mes genoux. Je ne comprends même pas ce que je fais encore ici.

Elle est allongée sur le ventre. Sa jambe nue dépasse de sa couverture et quelques mèches brunes sont tombées sur son visage ; leurs pointes se soulèvent à chacune de ses expirations.

Elle est épuisée.

C'est de ma faute. Je lui en fais voir de toutes les couleurs, ces derniers temps. Ma présence la met à bout.

Le jour commence doucement à apparaître, à travers les stores, mais je ne veux pas la quitter tout de suite.

Pourquoi est-ce que j'ai tant de mal à la laisser tranquille ?

Je voudrais fermer les stores pour empêcher le jour de se lever ; oublier qu'elle a sa vie et moi la mienne, oublier mes responsabilités, mes devoirs, mes promesses et qu'on attends quelque chose de moi, quelque part.

Je voudrais la regarder dormir plus longtemps, profiter de l'illusion de l'avoir pour moi au moins quelques instants.

Mais la fatigue commence à se faire sentir, pour moi aussi. Je lutte depuis plusieurs minutes et me retiens de ne pas me lover auprès d'elle. Ce n'est pas l'envie qui manque. Mais je ne voudrais pas lui faire peur, à nouveau.

Ce que je fais avec elle, je ne l'ai fait avec aucune autre, auparavant. Porter un masque, me cacher, observer, traquer, toucher sans en avoir le droit...

Putain !

Je l'observe étendue dans son lit sous une bonne couche de couverture. Mais elle semble encore tendue.

Peut-être qu'elle me sent ?

Même dans son sommeil, elle capte ma présence.

Je l'effraie...

Je soupire et me lève de sa chaise de bureau. Je la parcours une dernière fois du regard avant de sortir de sa chambre et de partir d'ici en claquant doucement la porte d'entrée derrière moi.

Je ne peux pas continuer.

Elle est une distraction dont je dois m'éloigner.

Elle ne doit pas compter...

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant