- Abby ! Abby !
Je l'entendais à peine cette satanée de petite sœur. La musique sur ma chaîne hi-fi braillait fortement, c'est pour cela que je ne distinguais que des syllabes dans sa phrase. Parfois je ne l'entendais même pas. Puis j'étais trop occupé à parler à mes amies. Donc la plupart du temps, elle rentrait dans ma chambre en courant partout.
- Abby ! Abby !
Elle rentra comme d'habitude dans ma chambre sans mon autorisation et s'assied sur mon lit.
- Mais Prune, tu veux quoi ?! Tu as vue l'heure ?! Ce n'est pas parce que Maman et Papa ne sont jamais là que tu dois en profiter ! Et en plus, c'est moi qui me fais eng ...
- Non, pas de gros-mots, ce n'est pas bien ! cria-t-elle en se bouchant les oreilles.
- Bref, tu me veux quoi ? répliquais-je.
- Je veux jouer aux jeux. Tu sais, celui caché dans le fond de l'armoire de Maman et Papa, avec les clefs et les devinettes.
- Prune, tu sais très bien qu'ils nous ont toujours interdits de jouer.
Elle était déçue, mais c'était ainsi. Je pris ma petite-sœur par la main et je l'emmenai à son lit. Elle n'avait que dix ans, mais elle était très maline. Elle me réclamait le jeu, encore une fois :
- Aller Abby, s'il te plait ! Tu as peur que Maman et Papa nous grondent, c'est ça, hein ?
Le pire de tout, c'est qu'elle me taquine et qu'elle y arrive très bien ; sadique petite sœur. Mais ce n'est pas pour autant que je me laisserais faire.
- Dors bien petite sœur.
- Mais toi aussi dors bien Abby.
Un regard diabolique, une voix vicieusement déterminée, un sourire trompeur. Etrange. Beaucoup trop. Soit, j'allais me coucher quand même.
Après quelques minutes en fermant les yeux, en gigotant dans tous les sens et en pensant à diverses choses, j'ouvris les yeux. Je ne comprenais pas.
J'étais allongée sur une énorme branche d'un arbre. Je n'étais plus en pyjama. J'avais une armure métallique, aussi brune que le tronc. Mes bottes me montent sont assez hautes, en peau d'animal. Mes cheveux ne sont pas attachés, et je porte un long bonnet bleu nuit, assorti avec une cape de même couleur, me descendant jusqu'aux pieds. Puis en me levant sur cette gigantesque branche en m'appuyant contre le tronc de l'arbre, j'aperçue un arc gigantesque avec des flèches aussi grandes que ma sœur.
Je regardai autour moi : des arbres, des arbres et encore des arbres. Je ne distinguais pas l'horizon, et aucuns rayons de soleils ne traversaient les feuilles. Je remarquai que la taille de l'arbre auquel je me suis réveillé est immense, je ne vois pas son extrémité vers le haut. Où suis-je ?
- Abby ! Abby !
Je déviais mon regard vers le bas. Prune m'attendait. Et le vide était ... loin. Elle me disait de descendre grâce à l'échelle que je n'avais pas vue. Soit. Je descendis peu rassurée. Pied à terre, Prune m'adressa déjà la parole :
- Alors, es-tu prête ? Nous avons une devinette à résoudre. Je crois que nous sommes dans un niveau assez compliqué, tout en regardant le paysage.
En effet. Un ciel gris. De la fumée. Des corps. Des crânes. Des humains et des monstres fantaisistes, morts. Des armes au sol. Des bruits inaudibles sortaient de nulle part. Cette atmosphère méphistophélique ne me rendait pas à l'aise.
Prune sortit un petit parchemin avec une très belle écriture ancienne :
- Bon, allons-y. La devinette est : « J'ai un chapeau, mais je n'ai pas de tête. J'ai un pied, mais je n'ai pas de souliers. Qui suis-je ? ». Je n'ai aucune idée de ce que cela peut être. Trouvons la clef pour sortir d'ici grâce à la porte ; nous ne sommes pas en sécurité.
Elle partait déjà en courant. Mais de quoi me parlait-t-elle ? Quelle clef ? Quelle devinette ? Quelle porte ? Aurais-je perdue la mémoire ? Je devais la suivre tout de même. C'est qu'elle courrait vite ma sœur, même avec son armure de guerrière qui lui cachait quasiment la totalité de son corps. Elle arrivait même une épée, plus grande quelle, argentée. Une belle arme pour une fillette. Plus nous avançaient, plus j'avais peur de ce monde luciférien, de ma petite sœur et même de moi. Qu'est-ce que ce monde me réservait ? De quoi ma sœur était capable ? De quoi moi j'étais capable ? Je n'avais pas mis longtemps à le savoir.
Des pas forts et puissants s'avancèrent vers nous. Ces pas faisaient vibrer le sol. Prune, devant moi, perdit l'équilibre et tomba violemment au sol. Je la rattrapais quand soudainement, un énorme monstre se mit en travers de notre chemin, devant nous, un horrible monstre. Des yeux blancs sans pupilles, une gueule encore ensanglantée, coulant de salive, des crocs qui semblaient aussi tranchants que des couteaux, une vocifération herculéenne et dévastatrice, un corps noir charbonneux, des griffes acérées, et surtout, cette fourbe créature était d'une taille titanesque.
- PRUNE ! PARTONS ! criais-je
Elle était déjà partit le combattre avant même que je finisse ma phrase. Elle ne se soucie de rien, juste d'abattre cette bête. La peur, la douleur, le sang, la tuerie ... non, ces mots n'ont pas l'air d'être dans son vocabulaire. Je la regardais, ébahie. Je n'osais pas bouger alors que ma sœur donnait des coups d'épées à ce géant, utilisait toute sa force pour en finir avec lui. Celui-ci perdant de plus en plus de son liquide rougeâtre, hurlant de douleur, ne se laissait tout de même pas tuer par une simple humaine de dix ans.
- ABBY !
Tellement crisper, je n'avais pas encore réagis. Ayant reçu de violents coups sur tout le corps, saignant au visage et en larmes, Prune m'appelait à l'aide. Je me prépara et souleva mon arc ; je n'en avais jamais fait auparavant. La bête était devenue ma cible. Ma sœur était actuellement en train de se faire torturer. Celle-ci, à terre, n'avait plus aucun espoir de vaincre ce démon incarné. La bête en pleine préparation de son coup fatal, ne m'avais pas encore vue ; c'est alors que je lâcha ma flèche. En pleine tête qui lui traversait le crâne, entre les deux yeux. L'être machiavélique poussa un dernier cri, tituba puis s'étala sur la terre. Une mare de sang se répandait qu'il pouvait presque se noyer dedans. Je couru alors vers ma sœur. Un œil noir, l'autre à moitié fermé, le nez probablement cassé, les lèvres déchiquetées, l'armure fracassée, l'épée sanguinolente et meurtrière, ma sœur était dans un misérable état.
- Prune ! Tu vas tenir le coup, d'accord ?! On va rentrer et je vais te soigner !
- Abby ... derrière ... me chuchota-t-elle avec de grands yeux, terrifiée.
Je n'osais pas regarder, et pourtant, je n'en avais pas le choix ; un champignon géant, qui se déplaçait d'une façon insolite, ayant des yeux imposants et bien ouverts qui lui recouvrait la tête et un sourire diabolique qui prenait tout son corps. Il ouvrit la bouche et la devinette prit tout son sens : deux gigantesques langues, dont l'une avec une clef. « J'ai un chapeau, mais je n'ai pas de tête. J'ai un pied, mais je n'ai pas de souliers. Qui suis-je ? » ; je comprenais maintenant. Je pointa mon arc, mais avec sa langue visqueuse et dégoûtante, me prit par la taille et m'engloutit, à une vitesse folle qui avait fait tombé mon arme. Je n'avais eu le temps que de voir ma petite sœur qui avait tenté de me protéger, et les dents salivantes de ce champignon répugnant.
Je pris une énorme respiration. J'étais assisse, dans mon lit, trempée par la transpiration. J'allumais ma petite lampe de chevet ; j'étais bien chez moi, dans ma chambre. Je sautais de mon lit pour voir si Prune était là ; rassurée de la voir dormir comme un bébé, je retournais me coucher.
- Un mauvais cauchemar, rien qu'un mauvais cauchemar.
C'est ce que je me répétais. Je me rallongeais pour me rendormir, éteignais ma petite lumière, et passais mon bras sous mon oreiller pour me faire un appui. Je sentis alors une petite feuille. Curieuse, je rallumais et la lue, stupéfaite et épouvantée :
« Tu as perdu. Veux-tu rejouer ? »
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Les clefs des devinettes
Short StoryUn jeu, des devinettes, des clefs. Le but ? Survivre le plus longtemps possible en trouvant les bonnes réponses. Une devinette, une clef. Une clef, une porte. Une porte, un nouveau niveau. L'histoire fabuleuse du jeu réel d'Abby et de Prune.