Chapitre 14

101 11 0
                                    

- Vica... Ça va passer...
Je suis restée dans ma chambre presque toute la journée. Clémence et Lena sont venues me voir quelques minutes tout à l'heure. Maxime est resté avec moi depuis le début de l'après-midi. Lui seul sait ce qui m'empêche de sortir. Les autres pensent que je suis malade.
En réalité, c'est le moral qui est au point mort.
- Je pensais qu'il me pardonnerait vite mais je crois que je l'ai vraiment vexé..., je lâche en direction de Maxime.
Le petit diable hoche la tête.
- On l'a vexé tous les deux. Il me regarde tout le temps de travers maintenant. Enfin... moi au moins, il continue à me parler. Mais il est plus froid qu'avant.
Je ne réponds pas tout de suite. Je ne comprends pas comment de simples photos ont pu entraîner une telle dispute. Enfin… En rélatité, ce n’est pas si dur à comprendre… J’ai été très bête.
Dès que Joshua nous a rattrapés moi et son frère, après son rendez-vous avec Sissi, il nous a accusés de l'avoir pris en traître et de l'espionner dans sa vie privée. Devant Maxime, il n'a pas dit grand-chose de plus. Mais tout dans son regard faisait mal. Puis plus tard, il m'a rejointe dans ma chambre. Je ne sais pas trop pourquoi. Pour me faire culpabiliser ? Ça ne lui ressemble pas. Pourtant c'était bien l'impression que j'en avais eu. Il m'a affirmé que tout cela l'avait blessé, qu'il avait eu l'impression qu'on avait comploté derrière son dos. Doucement, je lui ai alors expliqué pourquoi on avait fait cela. Ça ne lui a pas beaucoup plu… Il a commencé à rougir en marmonnant sans me regarder que je ne devrais pas avoir autant pitié de lui. Que malgré ce que je semblais croire, il n'était pas aussi perdu que ça dans son identité de prince.
Me rappelant de ces paroles, je ferme les yeux un instant, la tristesse montant de plus belle.
- Vica, tu viens quand même au bal ce soir ?, me demande soudain Maxime.
Je pousse un long soupir. En fait, j'ai renvoyé mes femmes de chambre ce matin en leur faisant comprendre que je n'aurais peut-être pas la forme d'aller au bal aujourd'hui.
- Je ne sais pas Maxime. Je n'ai pas trop envie.
- Tu es folle !! Moi je vais faire quoi là-bas si tu viens pas ?!!
Je réfléchis un instant. Cela me fait plaisir que Maxime veuille à tout prix que je vienne pour lui tenir compagnie. Mais je n'en ai vraiment pas le cœur.
Comme je ne sais pas quoi dire pour lui faire comprendre, je lâche :
- Je ne veux pas contrarier Joshua de par ma présence.
À ces mots, Maxime rétorque :
- Jojo c'est un con !
- NE DIS PLUS JAMAIS ÇA !!, je hurle d'un seul coup en me redressant.
Puis n'y tenant plus, je m'effondre. J'éclate littéralement en sanglots bruyants. Ce n'est pas très élégant mais je ne crains rien avec Maxime. Clairement, ce n'est pas lui qui me dira quelque chose ! 
Alors que les larmes coulent sans s'arrêter. Une petite voix dans ma tête me dit : Bon... Faudrait peut-être arrêter de pleurer comme un koala Vica. C'est sûrement ce que Maxence me dirait… Tout d'un coup, je repense à ma famille et une vague de nostalgie s'empare de moi. Je repense à tous mes frères, puis à mes parents. En fait, je sais pourquoi Joshua m'en veut. J'ai appris à le connaître et je suis devenue possessive, j'ai eu l'impression de le connaître mieux que tout le monde et mieux que lui-même. J'ai voulu être sa confidente et je me suis prise pour une psychologue. À penser que je pouvais l'aider à se sortir de ce rôle de prince qui le gêne tant... Mais Jojo n'a pas besoin d'aide. Il n'est pas faible. Et je comprends absolument pourquoi il est fâché contre moi. Il a pensé que j'avais pitié de lui et en a été blessé. C'est l'impression que je lui ai donné.
Mais surtout, je comprends maintenant pourquoi je me suis tant mêlée des histoires émotionnelles de Jojo.
Je n'ai plus de vie ici.
Je n'ai plus de famille, ma meilleure amie est loin… Alors j'ai ressenti le besoin d'être utile dans la vie d'un autre. Finalement, ça me plaisait d'être indispensable à Joshua. J'ai été vraiment bête. Et surtout très égoïste. Je lui ai donné l'impression que je le croyais dépendant de moi. Que j'avais pitié de lui...
- Écoute Vica..., commence Maxime au bout d'un moment, alors que mes pleurs n'ont toujours pas cessés. Repose-toi. Je te promets de te donner avant ce soir une bonne raison d'aller au bal !!
Un peu curieuse, je relève la tête. Pour une fois, ce n'est pas un regard malicieux. C'est un regard déterminé, sûr de lui, beaucoup plus mature, qui flotte dans les yeux brillants de mon ami. Il me regarde comme pour me demander : "tu me fais confiance ?".
Instinctivement, j'essuie mes joues ruisselantes et je hoche la tête, timidement. Maxime part alors, me laissant seule dans ma chambre.

- Allons, me disent Cassandre et Loane en s'affairant autour de moi. Vous allez bien vous y montrer à ce bal enfin !
Je me suis laissé convaincre faiblement par mes gouvernantes de les laisser au moins me préparer, au cas où je changerais d'avis et où je me déciderais à finalement sortir de ma chambre. Mais très franchement j'en doute.
Les Italiens sont arrivés il y a peu. Je ne les ai pas vus mais je les ai bien entendus. Ils ont l'air joyeux. Ils ont sûrement hâte d'aller s'amuser. Ça sera sans moi. Maxime n'est toujours pas revenu. Je ne sais pas ce qu'il fait. Il m'a promis de me donner une raison d'aller au bal, et même si à l'instant je n'en ai vraiment pas envie, au fond de moi, j'espère secrètement qu'il va réussir à trouver quelque chose d'assez fort pour me convaincre. Car je sais que s'il réussit, c'est qu'il aura trouvé un argument digne de me remonter le moral. Et ça j'en ai vraiment besoin.
- Et voilà, vous êtes magnifique Miss !
Je remercie Laurette qui vient de me complimenter, puis mes deux autres femmes de chambre, pour leur travail formidable. C'est sûr... Cette robe est magnifique... Et avec, j'ai l'air d'une vrai princesse.
Peu après, mes femmes de chambre sortent et me laisse seule. Je reste un petit moment à ne rien faire. Assise sur le bord de mon lit. Espérant le moindre petit signe du petit diable, mais rien.
Au bout d'un moment, j'entends les Italiens dans le couloir : le bal va commencer. Il y a du brouhaha pendant un certain temps. Ils sortent, rient entre eux, ont l'air vraiment ravis en vue de la soirée à venir. Puis plus rien. C'est encore dix minutes plus tard environ que quelqu'un frappe à ma porte. Intriguée, je me lève doucement et je vais ouvrir. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Maxime ? Joshua ? Clémence ou une des filles qui viendrait voir comment je me porte ? 
En ouvrant la porte, je ne peux pas m'empêcher de sourire.
- Miss Leger.
Devant moi, se tient un Maxime métamorphosé ! Il est habillé de façon vraiment classe. Un costume digne des plus grandes occasions et une coiffure impeccable avec pas un seul cheveu rebel –pour une fois–.
- Voudriez-vous bien me faire l'incommensurable honneur...?, me demande-t-il solennel.
J'ai envie d'exploser de joie ! Si je m'attendais à ça.
- Maxime... ?!!, je m'exclame sans savoir quoi répondre d'autre.
Le petit diable esquisse un de ses sourires malicieux dont il a le secret, et qui ont l'art de savoir me remettre du baume au cœur.
- Bah oui... J'avais pas l'intention d'être aussi classe à la base mais je me suis dit que tu voudrais plus facilement de moi pour cavalier si je te faisais pas honte...
J'explose de rire et de soulagement en même temps ! Ahhh... Ça fait vraiment un bien fou. Moi qui craignais que Maxime ne trouve rien pour me faire sortir d'ici, je lui suis réellement reconnaissante de l'effort qu'il a fait. Je sais combien ce petit bonhomme déteste les cérémonies et le protocole. Alors le voir se tenir de façon aussi noble pour me demander d'être sa cavalière pour le bal... C'est adorable. Comment je pourrais refuser une telle demande ?
- Maxime tu es génial ! Je m'exclame alors.
- En fait... J'ai cherché toute l'aprèm des mots à te dire qui t'auraient rassurée par rapport à Jojo. J'ai cherché ce que je pourrais faire pour faire en sorte qu'il te demande lui-même de venir au bal... Mais au bout d'un moment je me suis dit que je cherchais juste de belles paroles pour rien. En fait tout ce que je veux, c'est que tu viennes pour qu'on puisse s'amuser à nouveau, comme avant la dispute avec mon frère.
À ses paroles, je me sens si émue que je pourrais presque sentir les larmes me monter aux yeux.
- C'était la meilleure chose à faire, je dis tout bas. Pour Jojo, je ne dois pas me voiler la face. Cela ne sert à rien de me morfondre en attendant qu'il me pardonne comme par magie. Il faut que je me sorte cette histoire de la tête et que je pense à autre chose ! 
Après un temps, je rajoute :
- Et puis, t'avoir comme cavalier... Je crois que je ne pourrai jamais trouver meilleure raison pour aller à ce foutu bal !
Maxime hoche vigoureusement la tête. Puis il me tend son bras bien haut sans un mot de plus. Je comprends et le saisis. Tous deux, nous partons en drôle de duo à travers les couloirs du château.

La Sélection de Victoria (T1) - DescendanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant