17.Le Journal de Bord

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17 mai

Nous partons pour trois semaines en mer. L'équipage est composé de trente-deux des meilleurs membres que je connaisse. L'état du bateau a été vérifié, nous possédons plus de vivres que nécessaire et le matériel de sauvetage est en quantité suffisante. Nous quittons le port demain à la première heure.

18 mai

Rien à signaler. Aucun accrochage au départ. Le temps joue en notre faveur.19 mai
Certains membres du bateau se plaignent des ronflements de leurs camarades. A part cela, la navigation reste tranquille car la mer demeure clémente.

20 mai

On constate une baisse inexpliquée des rations de nourriture. J'ai dû faire un rappel à l'ordre à l'équipage. Évidemment, personne ne s'est dénoncé. Il faudra donc surveiller les cuisines.

21 mai

Nouveau vol de nourriture. La personne chargée de surveiller les cuisines clame son innocence. Elle dit avoir entendu des grognements. Elle semblait particulièrement troublée.

22 mai

Ces volés de rations deviennent graves. Les rappels à l'ordre ne font pas effet, alors j'ai demandé à diminuer les portions. De toute façon, si je ne le fais pas, nous manquerons très vite de vivres. D'autres employés prétendent entendre des grognements la nuit. Le bateau a donc été fouillé : aucune trace d'un quelconque animal.

23 mai

Ce matin j'ai tenté en vain de contacter le port le plus proche au sujet des vivres. La ligne a coupé. Depuis, plus aucun contact avec l'extérieur. Le mécanisme semble endommagé, voire saboté. L'équipage entend toujours le fameux grognement ; le sujet les inquiète presque plus que la disparition des rations.

24 mai

Nous devons encore diminuer nos doses de repas. La nourriture ne cesse de disparaitre chaque nuit. Mais ce n'est pas la seule chose à plaindre. Un membre de l'équipage a également disparu. Personne ne l'a reçu après hier soir. Ses camarades disent que les grognements l'inquiétaient tout particulièrement. Ils pensent qu'il s'est suicidé. La paranoïa commence à leur retourner le cerveau.

25 mai

Je deviens folle, moi aussi. Cette nuit, les grognements me sont parvenus. On ne dirait pas ceux d'un chien. Je ne sais pas à quoi cela peut correspondre. Un autre équipier a mystérieusement disparu. Son camarade de chambre a avoué l'avoir entendu se lever. Il croyait qu'il allait se soulager. Il est dévasté. Je ne sais pas quoi faire.

26 mai

L'équipage s'agace de plus en plus. Ils me rejettent la faute. Sans surprise, une troisième personne manquait à l'appel ce matin. Plus personne ne se fait confiance et la faim creuse les ventres. Nous ne parvenons pas à réparer la ligne de communication.

27 mai

Je n'ai pas dormi de la nuit. Il m'a semblé que le grognement provenait de la porte de ma cabine. J'étais trop effrayée pour aller voir ce qui se trouvait derrière . Lorsque je me suis levée ce matin, deux personnes manquaient à l'appel. Les membres du bateau se sont alors accusés les uns les autres. Une bagarre est survenue. Je suis intervenue pour les arrêter, mais seule contre tout l'équipage, je ne pouvais empêcher le drame. Ils ont tué un de leur camarades. Les trois qui avaient frappé le plus forts se sont enfermés dans leurs cabines pour ne plus en ressortir.

28 mai

La folie est à son comble. Les trois grands responsables de la mort de la veille se sont servi des deux disparitions supplémentaires de cette nuit pour fomenter un suicide collectif. Ils affirmaient que nous ne survivrions pas et qu'il valait mieux d'en finir tout de suite. Ils ont poussé l'équipage à sauter du bateau en forçant ceux qui refusaient. Puis, ils se sont jetés par-dessus bord. Au total : huit morts.

29 mai

Le bateau n'avance plus. Les réservoirs sont vides, les vivres insuffisants. Impossible de communiquer avec l'extérieur. Trois disparus. Ce soir, personne ne dormira. Nous irons à la recherche du monstre à l'origine des grognements.

30 mai

Nous avons vu la bête. Elle ne ressemble à rien de ce que l'on connaît. Elle est terrifiante et indescriptible. La voir s'emparer de trois de nos camarades nous a cloué sur place. Certains se sont suicidés après cela. Nous n'avons plus de rations. C'est fini.

1er juin

Je ne dors plus. Je ne mange plus. Je reste enfermée dans ma cabine en attendant la fin. Il ne reste plus que moi à bord, moi et cette horrible chose qui a enlevé mes camarades. Je finirai dans son ventre. Adieu.

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