12.

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Rosa

— On va se déplacer en moto ?!

Il prend deux casques, m'en tend un sans que je le prenne, trop occupée à digérer la nouvelle. Avec une aisance presque irritante, il enroule ses doigts autour de mon poignet, me fait pivoter vers lui et glisse le casque sur ma tête, le serrant sans dire un mot.

Il est tendu. On dirait qu'il attend quelque chose.

Il monte sur la moto, met son casque, et m'attend, les bras croisés, appuyé contre la bécane. Il se penche légèrement en avant, ses yeux rivés sur moi, un sourire narquois aux lèvres.

Je crois que je vais exploser. Mes doigts se tordent nerveusement, mais je tente de garder mon calme.

— On ne peut pas prendre une voiture ? — je demande, espérant qu'il change d'avis.

Il ne réagit pas immédiatement. Il se redresse enfin, saisit le guidon, et démarre le moteur. Le bruit est tellement assourdissant que je suis obligée de me concentrer pour entendre mes pensées.

Je suis foutue...

— On peut prendre une voiture ? — je répète, un peu plus fort, en espérant qu'il m'entende cette fois. Sa seule réponse est le tapotement de son index contre son casque, à hauteur de l'oreille, pour me faire comprendre qu'il ne m'entend pas.

Connard, tu m'as bien entendu.

— Monte. — Il le dit d'une voix froide, sans une once de doute.

Je secoue la tête, déterminée à ne pas céder. Il ne mérite même pas que je lui fasse confiance.

Sans perdre une seconde, il me tire brusquement par le bras, me rapprochant de lui. Il relève sa visière, et ses yeux s'embrasent de colère, ses iris flamboyants me fixant intensément.

— Tu m'as assez cassé les couilles avec tes caprices de merde. Monte sur cette putain de moto. — Ses mots sortent entre ses dents serrées, et le ton est si menaçant que je me sens une pression dans la poitrine.

Je vois bien que sa patience a atteint ses limites, même si, de ce que j'ai compris, il n'en a jamais eu beaucoup. Et pourtant, tout chez lui me fait peur à cet instant : son regard, sa voix, la manière dont il bouge.

Tout me ramène à cette horrible soirée, une soirée qui aurait dû être inoubliable, mais qui, à la place, m'a laissée terrifiée.

D'une part, elle l'est, au point qu'elle soit devenue mon principal cauchemar.
Sans le contredire, je le rejoins sur la moto. Je suis complètement perdue, ne sachant pas où poser mes mains pour ma sécurité. L'avancée soudaine de la bécane me fait m'agripper à DeRossi.

Rien que ce simple contact, grâce au fin tissu qui me sépare de son abdomen, fait se contracter ses muscles sous mes mains.

La peur m'envahit. Rien qu'en voyant le défilement du paysage sous forme de filaments, je suis envahie par l'angoisse. Inconsciemment, mes phalanges s'agrippent plus violemment à la chair du brun, les yeux fermés.

Le sifflement du vent, tout comme les vibrations de la moto sous moi, cessent. Je ne sais pas si on s'est arrêtés à un feu ou pour une autre raison. Peu importe, mes yeux refusent de s'ouvrir.

— Si tu comptes me griffer, déboutonne ma chemise. Tu pourras marquer ma peau à ta façon, Amore.

Le regard baissé sur mes ongles, qui s'enfoncent dans sa chair, un rire nasal lui échappe. Son allusion perverse me redresse à une vitesse hallucinante, me pressant de me détacher de lui avant de rétorquer du tac au tac :

BROKEN [ en réécriture ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant