Chapitre unique

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Lydia grimaça. Quelle idée de mettre des talons hauts alors qu'elle allait passer la journée debout, à faire des allers-retours dans tout l'hôtel. Elle profita du court trajet en ascenseur pour laisser un temps de répit à ses pieds. Toutefois, elle était prête à encaisser n'importe quelle souffrance, car dans moins de deux heures, elle rencontrerait Terano, le plus grand acteur italien que la Terre ait porté. Lydia était fan de lui depuis qu'elle l'avait vu dans la Chimère de Venise, lorsqu'elle avait dix ans. À présent, elle en avait trente. Certes, Terano avait pris quelques rides, mais il n'avait rien perdu de son charme.

Les portes s'ouvrirent dans un tintement et Lydia sortit dans le hall d'entrée. Une voix nasillarde l'interpella. Avec un soupir, Lydia se tourna pour faire face à la jeune femme qui se dirigeait droit sur elle. Comme à son habitude, Faustine Gignère paraissait sortie des pages d'un magazine. Son carré blond plongeant était impeccable et ses lunettes de marque lui donnaient un côté working girl très sensuel.

— Giaco m'a demandé de te dire qu'il n'avait pas eu le temps d'aller chercher Alizée et Flavio, dit Faustine d'un ton doucereux.

Lydia fronça les sourcils. Alizée et Flavio étaient les enfants de sa sœur. Giaco, le parrain d'Alizée, également bon ami de Faustine, était censé aller les chercher et les amener à la convention à laquelle Terano participait pour le lancement de son dernier film « Noël en danger ». Si Lydia avait bien transmis quelque chose à ses neveux, c'était sa passion pour l'acteur italien.

—Tu es sûre ? demanda Lydia.


Chargée de superviser la sécurité́, la jeune femme avait encore un certain nombre de choses à régler avant le début de la convention, mais elle ne voulait pas priver ses neveux d'une rencontre avec leur idole.

— Je t'assure, insista Faustine.

Lydia fit la moue, en pleine réflexion. Si elle partait tout de suite en voiture, elle pourrait être de retour dans moins de quarante-cinq minutes. Les portes ouvraient seulement trente minutes avant le début du premier meeting.

— Allez, ce n'est qu'un petit aller-retour, ça ne te prendra pas longtemps, non ? Faustine marqua une pause, appuya la main contre son oreillette, l'air concentré. Bon, il y a un petit souci avec l'un des journalistes. À plus tard !

Lydia observa la blonde s'éloigner de sa démarche chaloupée et ne put s'empêcher de sentir une pointe de jalousie se répandre dans sa poitrine. La jeune femme secoua la tête. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Elle soupira. Alizée et Flavio.

***

Lorsque Lydia arriva chez sa sœur, il était déjà̀ quatorze heures trente. Elsa n'habitait pas loin de l'hôtel, mais Lydia avait avancé à la vitesse d'un escargot à cause de la circulation.

—Lydia ? Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Elsa, surprise.

— Bah, je viens chercher Alizée et Flavio. D'ailleurs, dis-leur de se dépêcher, je suis déjà̀ à la bourre.

Elsa fronça les sourcils, secoua légèrement la tête.

—Mais ils sont déjà̀ partis avec Giaco

—Quoi?

— Bah oui, c'est ce que vous aviez convenu, non ?

— Oui, mais...

Lydia repensa à son échange avec Faustine. Elle se donna une claque sur le front.

—Mais quelle conne!

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Elsa, inquiète.

— Quelle sale connasse ! s'exclama Lydia.

Elle était tellement en colère qu'elle avait l'impression que de la fumée allait lui sortir par les oreilles. Elle tourna les talons, trottant jusqu'à sa voiture.

Une forêt noire pour NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant