Eugénia - Un milliardaire comme époux

7

Après cet échange aussi inconfortable qu'insupportable, Eugenia quitta la demeure Herrera sans se retourner.

Son instinct lui disait de fuir mais sa raison lui dictait le contraire. Elle était comme perdue entre deux rives.

Ce mariage ne lui disait absolument rien. Elle, qui n'avait jamais gouté à l'amour. Elle, qui naïvement espérait se marier par passion et non pas par  intérêt.
Une partie d'elle même se détestait de devenir ce genre de femme aux moeurs pécuniaires.

— Juan. Je le fais pour Juan ! Se répétait-elle inlassablement avant de pousser la porte de sa chambre.

A sa grande surprise, Eugenia le trouva dans une, un peu, meilleure santé.

— Je cherche mon frère Juan. Quelqu'un l'aurai t-il aperçus? S'amusa la jeune femme en pointant le bout de son nez.

— Tu parles du beau gosse en blouse d'hôpital? Répondit il sur le même ton.

— Oui je parle de lui. Rit Eugenia en le serrant contre elle. Tu as meilleure mine aujourd'hui.

— Oui je me sens un peu mieux. Surtout quand tu es là. Ou étais-tu?
Je pensais te voir venir plus tôt.

Eugenia sentit ses joues viraient au rouge. Elle ne pouvait décidément pas lui parler de Rafael.

— J'étais occupée... avec des trucs à faire. Dit elle en détournant le regard.

Juan l'observa avec minutie.

— Enia je te connais suffisamment pour savoir que tu me caches quelque chose.

— Je ne te cache rien. S'empressa t-elle de mentir.

— Voyons, tu peux tout dire à ton frère mourant. La taquina Juan. Aurai tu rencontré un homme?

Eugenia s'empourpra de plus bel. Comment faisait il pour être si intuitif?

— Ne me dis rien. Je sais que c'est ça. S'amusa Juan. Promet moi de me le présenter un jour. Pour une fois que tu laisses un homme entrer dans ta vie. Je n'ai qu'une envie voir à quoi il ressemble.

— Je... Tu sais...

— Promet le moi Enia ! Demanda t-il avec sérieux en l'interrompant.

— Je te le promet. Finit elle par répondre.

Juan avait un sourire aux lèvres, il n'avait qu'un souhait que la jolie jeune femme ne se retrouve pas seule. Et le destin venait de marcher dans cette direction.
Cependant, le malade espérait avec force que cet homme soit suffisamment bon et bienveillant pour prendre soin de sa soeur. La prunelle de ses yeux.

— Juan, j'ai parlé au médecin.

— Pour quelle raison?

— Notre voyage en Bolivie.

Juan baissa la tête avec résignation.

— Tu sais Enia... Nous devrions...

— Il est d'accord. Il m'a dit que c'était envisageable. Qu'il fallait prévoir un infirmier sur place et une compagnie capable de te prendre en charge pendant le trajet. L'interrompit Eugenia.

Le jeune homme l'observait avec tendresse et déchirement. Il ne voulait pas la blesser, ni lui faire perdre espoir.
Mais il savait que tout ça n'était pas possible.

— Ce genre de voyage coûte une fortune... Pourquoi n'irions nous pas simplement à Barcelone? Proposa t-il.

— Parce qu'il n'y a pas de désert de Sel. Et que notre rêve c'est la Bolivie et non pas l'Espagne Juan.