Le temps qu'il faut

XI - Eddy de Pretto et Yseult

"Pose sur mon épaule tes peines et tes plaies
S'il le faut, je viendrais les panser
(On se sait, on se sait)
Pose sur mon épaule tes larmes, s'il te plaît
S'il le faut, je viendrais les sécher"

    -Alors, qu'est-ce que t'as fait pendant les vacances ?

    Raphaël grimaça et fit mentalement la liste de tout ne devait surtout pas dire à Océane à propos de ses vacance : s'être branlé avec Alex, s'être fait frappé par son frère, avoir faits d'autres trucs sexuels avec Alex. Et avoir aimé ça.

    -Chuis sorti, j'ai dormi et j'ai recommencé cette boucle à l'infinie.
    -Ah ouais ? J'pensais que t'avais plus ou moins ken avec Alex aussi.

    L'adolescent manqua de s'étouffer avec son kebab. Mais comment elle savait ça, elle ?

    -En fait, j'ai entendu Alex raconter à mon frère qu'il dormait avait « lui » presque tous les soirs depuis que « l'autre » s'était barré et qu'ils n'étaient pas restés inactifs, si tu vois c'que j'veux dire. Et j'ai pensé que le « lui », c'était toi.

    Raphaël regarda la jeune fille, un air épouvanté sur le visage. Il ne savait pas ce qui était le pire : ce qu'elle avait pu entendre d'autres ou qu'elle ait directement fait le lien ? Il retint un gémissement de désespoir, Alex ne pouvait pas être plus discret, bon sang ?

    -Donc, c'était bien toi.
    -Mais ferme-la, tu veux qu'tout l'monde t'entende ou quoi ? siffla Raphaël.
    -Déstresse, on est que tous les deux.
    -C'est facile à dire pour toi, c'est pas toi qu'ça concerne. Et puis j'ai pas envie d'en parler d'toute façon.
    -Oh, allez, qu'est-ce que tu risques ? Je sais déjà tout de toute façon, t'as rien à perdre si tu m'en parles.
    -N'empêche que j'ai quand même pas envie d'en parler.
    -Oh, allez quoi, je suis sûr que t'en meures de m'envie en vraie. T'as quinze ans, tu baises et je suis la seule - Alex mise à part - qui sache tout ça et t'as forcément envie d'en parler.
    -Bon d'accord, peut-être un peu.
    -J'en étais sûr ! Allez, raconte tout !

    Raphaël croqua un autre morceau de son kebab sauce blanche sans crudité et se laissa tout le temps pour le mâcher, juste pour se décider s'il allait raconter toute sa vie à une fille qu'il connaissait à peine - insensé - ou s'il allait lui dire de fermer sa gueule à tout jamais. La deuxième suggestion était, et de le loin, la plus judicieuse pour lui et sa fierté. Ceci dit... Océane l'avait déjà vu chialer comme une merde dans les toilettes du lycée et elle l'avait réconforté. Et puis, elle avait raison sur un point : il mourrait d'envie de se confier. Et il n'avait personne d'autre qu'elle pour le faire.

    -Bon, très bien.
    -Yes !
    -Mais d'abords, tu dois m'promettre de rien dire à personne et d'être discrète. Donc pas d'exclamations comme tu viens d'faire.
    -Promis.
    -Et tu devras aussi respecter quand j'dis non, si j'veux pas t'dire un truc, j'te l'dis pas, pigé ?
    -Pigé. Autre chose ?
    -Non.
    -Alors raconte ! Qu'est-ce qui s'est passé ?

    Raphaël avala un nouveau morceau de son plat en réfléchissant à la question de son amie. Que s'était-il passé avec Alex ? Il soupira. À vrai dire, il ne le savait pas vraiment. Ils s'étaient beaucoup touchés, avaient dormi ensemble presque toute la semaine, regarder des films, parler, aussi. Mais c'était... tout.

    -On a juste... passé du temps ensemble.
    -Juste passé du temps ensemble ? J'ai entendu Alex dire que vous aviez fait des choses sexuelles, Raph.
    -Bordel, Océane, marmonna l'adolescent en rougissant légèrement. Cette fille avait décidément un langage bien trop directe pour lui.
    -Vous avez couché ensemble ?
    -Pas vraiment. On a... fait des choses, c'est vraie. Mais pas ça.
    -Développe.
    -Ba... on... on s'est touché, quoi.
    -Et c'était agréable ? T'as pris ton pied ?

    Cette fois, Raphaël vira franchement cramoisi. Mais c'était quoi cette question, putain !

    -Ah. Trop brutal ? Désolé.