UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]

CHAPITRE 17 - SKYLAR

Ça fait presque une heure qu'on est dans ce restaurant. Une heure qu'il est ici. Une heure que sa main large et calleuse presse ma cuisse et tend tous mes muscles.

Je transpire dans mon jean.

Kheliss et Sarah ont fini de déjeuner, quant à moi, je n'ai pas réussi à avaler grand-chose. Trop distraite par ce qu'il se passe sous la table. Il n'a toujours pas touché à sa canette. Pourtant je n'attends que ça: qu'il la boive enfin. Pour le voir.

Les filles n'ont pas arrêté de lui parler. Elles ont l'air de l'adorer, et ça ne m'arrange pas vraiment. Ou peut-être bien que si. Elles ne sont pas concentrées sur moi; je n'ai pas besoin de faire mine que tout va bien. Parce que ça ne va pas du tout. J'ai chaud. Et ce n'est pas à cause de la chaleur du restaurant.

Je suis crispée et tendue, distraite par sa main que j'ai emprisonnée entre mes cuisses pour cesser ses escapades. Mais c'est pire de l'avoir là. Alors je les desserts et la prends pour la repousser. Mais quand mes doigts se referment sur les siens, il est rapide et croise nos doigts ensemble.

Oh, mon dieu.

Je me dégage précipitamment. Mon geste est trop brutal pour être discret et les coupe dans leur conversation. Je balais devant moi d'un geste de la main pour signifier aux filles de laisser tomber, et que tout va bien. Et je l'entends doucement rire dans son tour de cou. Je suis certaine d'être la seule à l'entendre. C'est presque inaudible, mais mes cuisses se serrent quand le son grave et rauque parvient à mes oreilles.

Il joue.

Il m'embête et ça l'amuse.

Je dois m'en aller. Je dois partir avant de devenir folle. Je me lève précipitamment de ma chaise. Les filles sont surprises. Je leur souris, navrée.

— Je suis désolée, il faut que je rentre... appeler ma mère sur zoom, ça fait longtemps...

Elles comprennent tout de suite.

— Oui, vas-y.

— T' inquiètes pas.

Une serveuse capte mon départ et arrive à notre table pour l'addition. Je me sens presque sortie d'affaire en sortant mon porte-monnaie. Mais il se lève aussi, et lui tend quelques billets.

Je panique.

— Qu'est-ce que tu fais ?!

Il m'ignore. Il attrape son casque et place une main sur ma hanche. Je sens son pouce s'insinuer sur le petit espace qui découvre la peau de mon ventre entre mon pull et l'élastique de mon jean. Il y dessine des petits cercles. Il n'arrête pas de me toucher depuis qu'il est arrivé ici.

Qu'est-ce qui lui prend ?

Il commence à nous pousser vers la sortie. Tous les deux. Je jette un regard paniqué à Kheliss et Sarah, mais elles ne semblent pas voir le problème. Elles ont l'air séduites. Sarah joue ridiculement des sourcils. Kheliss me lève son verre, le regard très suggestif.

C'est grotesque !

Impuissante, je le laisse me traîner dehors, la main désormais en bas du dos. Je l'oblige à s'arrêter. Il a remis son casque.

— Je vais rentrer, maintenant.

Il nous rapproche dangereusement d'une moto - sa moto.

Hors de question.

Je précise :

— Seule. C'est pas loin.

Mais il ouvre un petit coffre installé à l'arrière de son siège, et en sort un deuxième casque. Plus petit.