C'est encore un de ces soirs où la pression du travail se fait trop lourde et où je me dois de la remplacer par un autre type de pression, une blonde en l'occurrence. Direction mon anti-dépresseur préféré, cela me coûte bien moins cher qu'un psy et je trouve toujours une oreille attentive à mes problèmes dépassée une certaine heure.
Nous y voilà, je me pince les joues pour ne plus avoir mon teint cadavérique des tristes jours, un petit coup de rouge à lèvre et je suis prête.
Je dois rester à l'affût, comme me le dit si gentiment ma mère : « tu ne vas pas en rajeunissant, 30 ans déjà, pas un seul jules... tu m'inquiètes ».
C'est vrai que c'est catastrophique que sa fille unique soit aujourd'hui en phase de devenir associée d'un des plus grands cabinets d'avocats de la région, qu'elle s'assume entièrement seule et qu'elle préfère donner de l'affection à ses sacs de luxe qu'à un homme qui lui en serait bien moins reconnaissant.
Je ne suis pas non plus à parader poitrine au vent pour revendiquer mon émancipation. Cependant, j'ai toujours eu du mal avec ce concept selon lequel une femme ne peut s'accomplir qu'au travers d'une relation.
Cela dit, je n'en reste pas moins humaine et c'est vrai que je ne dirais pas non à un peu d'affection ou simplement une partie de jambes en l'air en duo pour changer. J'adore JULIO, mon vibro, il est bien sympa mais déjà il n'a plus de piles et il me prépare rarement le petit-déjeuner le matin.
Enfin bref, je disais donc nous y voilà : je rentre dans le bar, d'une attitude plutôt détachée et décontractée, je m'avance nonchalamment vers le comptoir et je commande une bière.
Je vais m'installer en terrasse, le temps est encore doux pour un début d'automne et j'apprécie d'accompagner mon verre d'une cigarette ou deux, à la condition que ce soient des vogues, comme tout bon cliché qui se respecte.
Il ne s'agit pas du bar le plus chic de la ville mais je m'y sens à mon aise, l'ambiance y est chaleureuse, il y'a des guirlandes lumineuses partout et la terrasse est entièrement faite de palettes, que ce soient les canapés, les tables ... tout a été fait main par les propriétaires, Pete et Pat, un jeune couple gay un peu bobo.
Pete est à l'écoute, patient, toujours aimable et Pat est drôle, incisif et extravertie. Ils représentent le parfait équilibre, chacun complétant l'autre.
Ils ont été les premiers à m'accueillir dans cette ville que je pensais trop grande pour moi.
Pat est le premier à venir me saluer, il me fait remarquer que j'ai une mine affreuse et que je ferais bien de venir prendre le soleil avec eux, ce week-end dans un énième séminaire de bien-être. Je le soupçonne d'y aller seulement pour faire plaisir à Pete, profiter du buffet et du vin gratuit.
Je le remercie poliment et lui fait comprendre que je vais y réfléchir et que j'ai besoin de me retrouver seule un instant.
Je suis perdue dans mes pensées, je repense à tout le travail qu'il me reste à accomplir si je veux cette promotion. J'ai sacrifié beaucoup de choses pour ma carrière : j'ai déménagé, quitté ma famille, le confort et la sécurité de mon foyer.
J'ai également fui une relation simple et saine, certes sans surprises, mais sans contraintes non plus. En réalité j'avais l'impression d'étouffer, qu'on m'enfermait dans un carcan trop étroit, représentant une vie tracée ou aucune vague n'était permise. Aucune perspective, aucune initiative ni dose de folie. J'avais besoin de plus ou tout simplement de quelque chose de différent.
Lorsque j'ai vu l'annonce pour le Cabinet Goldstone, mon cœur a battu s'y fort que je me suis sentie vivante pour la première fois. Cette annonce a chamboulée ma vie. J'ai passé toutes les étapes de recrutement, j'ai pris un appartement, seule pour la première fois, et je suis partie sans me retourner en faisant fi des reproches qui hurlaient derrière moi.
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Apprendre à t'aimer
RomanceBonjour je m'appelle Em, j'aime me considérer comme une glamazone accomplie, une belle jeune femme en pleine conquête du monde, exploration de ses capacités et de sa sexualité. Rien ne semble pouvoir se mettre en travers de mon chemin et pourtant.