Putain mais je rêve !
Il est ici. C'est une putain de soirée étudiante et il a trouvé le moyen de s'y rendre. Il ne me laissera jamais tranquille. Il est comme l'ex que je n'ai jamais eu. Et que j'espère ne jamais avoir.
Prise de colère, je l'attrape par le poignet pour le forcer à me suivre. Mais il ne bouge pas d'un iota. J'ai une force bien misérable comparée à la sienne. Et il reste inébranlable, tel une statue ancrée dans le sol.
Est-ce que je dois lui demander la permission, peut-être ?
Heureusement pour moi, il comprend que je souhaite parler – m'entretenir – avec lui. Il me laisse le traîner jusqu'à l'étage. Je prie pour qu'il ne s'imagine pas des choses. Je nous fais traverser le couloir où la plupart des couples se sont réfugiés pour se bécoter – voire plus si affinité. Pratiquement toutes les chambres sont fermées à double tour. D'autre sont largement ouvertes pour les couples les plus téméraires.
J'ouvre une porte. Une salle de bain. Je tombe nez à nez avec ce que je voulais éviter.
— Pardon !
Je referme prestement la porte. C'est à peine s'ils avaient fait attention à moi.
Une deuxième porte un peu plus loin, et encore une salle de bain. Vide. Nous entrons et je nous y enferme en allumant la lumière. Je croise les bras et le fusille du regard.
— Qu'est-ce que tu fous là ?!
Quand je le vois chercher son petit carnet dans l'une de ses poches, je l'arrête de tout de suite, à bout de nerf.
— Non. En fait, je m'en fiche. Je veux que tu me foutes la paix ! Cesses de me suivre partout. Surtout ce soir.
Je n'attends pas de réponse particulière de sa part. Simplement qu'il entende ma supplique. Il se rapproche de moi, me forçant à reculer. Me voici acculée au lavabo tétanisée par son imposante carrure, j'ai un flash-back de cette nuit-là, dans ma cuisine, haletante, les cuisses ouvertes, offertes. Je sens mes joues chauffer.
Non. Pas cette fois.
Sa main se lève pour attraper une mèche de cheveux qui a réussi à sortir de mon chignon. Je la dégage en tapant sur son poignet, et je tente de forcer le passage.
Tu parles... C'est comme pousser une porte en chêne massif. Il me laisse m'agiter sûrement amusé, et fini par se décaler
— Espèce de malade.
Je marmonne mais je suis certaine qu'il m'a entendu. Je parviens à sortir et claque la porte le laissant tout seul. Qu'il en profite pour méditer sur ce que je viens de lui dire.
Dans le couloir, je tombe nez à nez avec Nate, et mon sourire et ma bonne humeur réapparaissent. Il écarte les bras en me voyant.
— T'es là !
— Oui. Je réponds
Puis je remarque sa tenue ; un costume bleu marine. Il suit mon regard et virevolte, s'exposant sous toutes ses coutures.
— Est-ce que c'est ce que je crois ? Je demande.
— Fred Waterford en personne, ma chère June. Il me fait un clin d'œil. Appel-moi commandant.
Un déguisement en duo.
Sérieusement ?
Je lève un sourcil et croise les bras sur ma poitrine.
— Est-ce que tu sais que c'est le méchant ?!
— Et... C'est Halloween, non ?
Il n'a pas tort. Je décroise les bras. J'aurai donc deux bourreaux ce soir. Je jette un coup d'œil à la porte de la salle de bain derrière moi, où j'y ai enfermé Michael Myers – le vrai. Au même moment, la porte s'ouvre violemment en claquant contre le mur. Je sursaute. Le temps se fige dans le couloir, avant que le brouhaha ne reprenne.
— Fait gaffe, mec ! S'agace Nate.
J'entends sa respiration raisonner dans le masque. Son buste se soulève rapidement à chaque inspiration. Il est en colère. Le regard de Nate semble jouer au ping-pong, entre lui et moi.
— Tout va bien ?
Je lui souris.
— Oui !
Quand Michael Myers s'avance d'un pas menaçant, j'attrape Nate par le bras et nous nous éloignons.
Il ne gâchera pas ma soirée.
***
Je n'ai pas revue Kheliss depuis tout à l'heure mais je ne m'inquiète pas. La musique est bonne et je m'amuse bien avec Nate. Il m'a présenté à ses copains de la fraternité. Véritable cliché du populaire américain qu'on voit dans les films. Au fond de moi, je ricane un peu.
On a réussi à se trouver un coin tranquille, moins agressés par la musique pour discuter. Comme les soirées en France, la cuisine est un bon endroit pour ça.
Nate me tend un verre de punch.
— On a fait plusieurs essais pour trouver la recette parfaite ! Tu me diras ce que t'en pense.
Nate joue des sourcils, fière de lui. Je ri.
— Pourquoi vous n'avez pas tapé la recette sur Google, comme tout le monde ?
Il fait claquer la langue sur son palais, comme pour me signifier de me taire, et porte le gobelet à mes lèvres.
— Aller, goûte.
J'avale une gorgée. Il recommence.
— Encore.
Je laisse faire. Je bois plusieurs autres gorgées. Ses yeux fixent le verre près de ma bouche, avec envie.
— Mmh. C'est fruité. Je dis en passant la langue sur mes lèvres
Il hausse un sourcil et sa langue m'imite. Je me sens rougir.
— Tu aimes ?
— Ouais ! C'est pas mal...
Il prend mon verre et se retourne pour me resservir. Je n'en demandais pas tant, mais j'en bois, malgré tout, une autre gorgée
Quand j'abaisse mon verre, je vois Michael Myers – mon Michael Myers – à l'autre bout de la pièce, en train de nous fixer. Je lui lance mon regard le plus mauvais pour le dissuader de venir m'emmerder. Mais il n'a pas l'air d'avoir dit son dernier mot.
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UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]
Mystery / ThrillerDARK ROMANCE - STALKER - MASKED MAN - SPICY UNKNOWN : LE STALKER (Terminé) Skylar, une jeune étudiante française d'origine latino-américaine, débarque dans la ville de Chicago, aux États-Unis, dans l'optique de poursuivre sa dernière année d'étude e...