Chapitre 8

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J'ai passé toute la journée à m'occuper mais je ne sais pas combien de temps ça va suffire. Ce n'est pas possible pour moi de rester enfermer trop longtemps. Je sais, ça doit faire deux ou trois jours que je suis là, ce n'est pas grand-chose. Malheureusement, je ne veux pas que cette situation s'éternise.

Je sors de mes pensées et de mon bouquin de classe lorsque j'entends la serrure tournée dans la porte d'entrée. L'horloge du four indique dix-sept heures trente.

Kostas apparait dans un costume gris et avec une mallette en cuir noir. Il pose les clés sur la commode après avoir refermé la porte. Il se détourne ensuite et tape quelque chose sur un petit boitier de la même couleur que la porte. Je ne l'avais pas vu auparavant. J'entends un bip puis un bruit de serrure qui se verrouille. Il semble que la porte ne soit pas seulement fermée à clé.

- Bonsoir, dit-il avant de partir dans son bureau.

- Bonsoir, je répète prudemment.

Je suis peut-être prisonnière mais pas malpolie.

Quelques minutes plus trad, Kostas sort du bureau avant de se servir un verre d'eau dans la cuisine. Il m'observe toujours avec son air indéchiffrable. Cela m'exaspère, j'ai l'impression qu'il ne ressent rien.

- J'ai révisé mes livres de cours, je me confis pour le faire réagir.

- Je sais que tu étudies à HEC, c'est une très bonne école.

- Et j'aimerais bien y retourner en septembre, je dis d'un ton cassant.

Je me lève avec mon livre pour retourner dans la chambre. Même si c'est la sienne, c'est l'endroit où je me sens le mieux. Il y a la vue sur la ville en contrebas. Cette maison toute entière lui appartient et c'est mon seul espoir de liberté.

Kostas arrive dans la pièce. Je pensais qu'il allait me dire quelque chose mais non. Il se contente de retirer son costume sans se soucier de ma présence. Il fait comme si j'étais absente.

Je me fiche de ce qu'il fait jusqu'à que je le vois retirer son boxer. Je me détourne immédiatement vers la baie vitrée, les joues rouges comme des tomates. Je l'entends quitter la pièce puis l'eau de la salle de bain coule.

Seigneur ! Pourquoi faire une chose pareille ? Ce pervers n'a même pas fermé la porte de la salle de bain. Heureusement que je ne peux pas le voir de là où je suis. Je pose mon livre sur la table de chevet puis je retourne à la cuisine.

Il revient en short, t-shirt et une serviette autour du cou. Ses cheveux dégoulinent encore d'eau. Il a une odeur de propre qui vient me chatouiller les narines. Il disparait ensuite dans ce qui semble être le garage.

- Mon chef cuisine des plats qu'il me livre chaque semaine, commente-t-il en posant deux barquettes en verre sur le bar. Je n'ai pas le temps de cuisiner.

Kostas prend une fourchette puis ouvre le frigo.

- Je vois que tu t'es servi, remarque-t-il. C'est bien, j'aime les femmes indépendantes.

Au lieu de piquer un fard, je suis absolument indignée. Mais je ne réplique pas. Je prends une fourchette puis j'attrape mon plat pour le manger sur le canapé et non avec lui sur le bar. Purée de pois chiche avec un mélange de légumes et des morceaux de viande. Pour un riche, il mange bien simplement.

J'observe Kostas ou plutôt son dos. Quand il a fini, il range tout dans le lave-vaisselle. Je l'imite car je ne veux pas faire la vaisselle.

- Pourquoi ? je lui demande en me postant à deux mètres de lui.

- Pourquoi quoi ? réplique-t-il l'air agacé.

- Pourquoi m'avoir acheté à Simon ? Ce ne sont pas des hommes normaux qui se rendent sur ce genre de marché, j'insiste.

Une divine tortureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant