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— C'est Tamal ? 

— C'est un montage meuf hein ? 

— Attend c'est quoi ce truc ? 
 

Gaelle ne parvenait pas à calmer ses tremblements. La caméra de son portable éclairait le cadavre de son amie. Tamal écarquillait les yeux d'épouvantes et un dernier cri de terreur figeait son visage dans l'éternité. Des larmes coulaient le long des joues de la jeune fille.
Mais pourquoi pleurait-elle ? Après tout, elle avait laissé son amie plus tôt. Avait-elle des regrets ? Des remords ? Non, Gaelle avait tout simplement peur de la culpabilité qui commençait à l'envahir. 


— Ton amie n'avait-elle pas quitté le jeu Gaelle ? 

— Pourquoi est-elle là ? 

— As-tu quelque chose à dire ? :) 
 

Child_of_the_night jouait avec ses nerfs. Il sait, se dit-elle. Elle ne savait pas comment, mais elle en était sûre. 
 

— Je dois... je dois vous laisser. 

— Meuf faudrait appeler la police là. 


— Ouais... c'est... c'est ce que je vais faire... murmura-t-elle choquée par la vision d'horreur que lui offrait le cadavre de sa copine.


Elle coupa le live, mais même transi d'effroi, elle n'appela pas la police. Non. Elle se contenta instinctivement de prendre le plan dans ses mains. Et de le regarder. Elle entendait l'orage gronder au-dessus d'elle. Tamal était morte. Et chaque coup de tonnerre faisait l'effet d'une bombe qui explosait. Son cœur tressautait à chaque fois, mais la peur qui l'envahissait était telle que son cerveau ne réagissait pas. Elle sortit machinalement de la pièce pour se retrouver à l'extérieur sous le vieux porche qui servait à garer les ambulances. Des trombes d'eau tombaient sur le plafond de verre, faisant un vacarme tonitruant. Il fallait donc qu'elle observe le plan avant de sortir sous ce torrent qui l'inonderait surement. Tamal était morte. Elle regardait la carte, un cercle rouge entourait une maison, à quelques rues d'ici. Il fallait qu'elle traverse la grande avenue, mais surtout un parc pour arriver avant minuit au point de rassemblement. Tamar était morte.


— Mon dieu... 
 

Elle rangea la carte dans sa poche, tremblante, se rendant compte qu'il ne s'agissait plus d'un jeu. Quelqu'un... sa meilleure amie... qu'elle avait laissé tomber... était... avait été... Gaelle savait maintenant. Elle savait qu'elle n'était pas seule. Qu'elle n'avait pas été prise de folie ou d'hallucination ! Son cœur se serra et sa respiration recommença à s'emballer. Mais alors qu'elle semblait sur le point de défaillir, elle prit une cigarette et l'alluma. La fumée qu'elle avalait lui fit l'effet d'une bouée de sauvetage. Elle calma son souffle, et cela fit sortir Gaelle de sa transe. Et alors qu'elle jetait son mégot à terre, une odeur métallique s'installa dans son nez. Une odeur terreuse. Un parfum de sang. La chair de poule reprit possession de son corps. 

Elle déverrouilla son portable et reprit machinalement le chemin de son réseau. Elle ne pouvait pas laisser ses abonnés sur leur fin. Elle devait aller jusqu'au bout avec eux. Elle leur devait ça. Elle ouvrit alors le live pour constater que son reflet n'était plus le même. Une sombre tache rouge maculait le bas de son visage. Elle tressaillit. Sa main..., qui tenait le téléphone, qui avait tenu le plan quelques minutes auparavant... Elle était pleine de sang. Elle faillit lâcher son portable, mais se retint face aux premiers messages qui arrivaient sur son fil de discussion.
 

— C'est quoi ce truc sur ton visage ? 

— Meuf ça va ?
 

Gaelle ne savait plus quoi répondre. 

— On dirait... du sang non ? dit Child_of_the_night. 


Ses interactions avec cet abonné étaient de plus en plus rapprochées. 


— Est-ce le sang de ton amie Gaelle ?
— Et, mais toi, tu commences à me souler ! dit aussitôt Gaelle. 

— Ouais, il est bizarre.
— T'es chelou poto !

La cité morteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant