CHAPITRE 22 - SKYLAR

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Une migraine atroce me martyrise les tympans et me fait froncer des sourcils, quand j'émerge de mon sommeil. Je gémis en essayant de bouger. Je sens des courbatures et je suis toute ankylosée. J'essaie d'ouvrir les yeux. Tout est sombre et flou. Je bats des paupières pour tenter d'adapter ma vue à la pénombre.

Je suis dans un lit, dans une chambre que je ne reconnais pas. Je me sens déboussolée. Un peu amnésique. J'essaie de me rappeler où est-ce que je me trouvais la veille.

La soirée d'Halloween me revient en mémoire. J'étais avec Khéliss...

Khéliss !

Je cherche mon téléphone autour de moi. Puis mon regard tombe sur mon costume déposé sur une chaise. Je bondis hors du lit mais m'écroule lamentablement sur le sol. Ma tête se remet à tourner. La pièce tangue. Je m'assois au sol et attend plutôt que ça passe.

Je me relève plus doucement, cette fois. Je sens mes jambes fébriles. Mes genoux tremblent. J'ai la sensation qu'ils vont se disloquer. Je me soutiens aux meubles, pour accéder à la chaise et sors mon téléphone resté dans mon costume.

Il ne reste plus beaucoup de batterie. Je vois sur l'écran d'accueil qu'elle m'a laissé deux appels manqués et un message : « Je vois que tu t'amuses bien avec ce gars ;) M'attends pas, je rentres avec un copain ! Si tu vois ce que j'veux dire... »

Ce gars ?

Sans que je ne m'y attende, des souvenirs de la veille me reviennent en mémoire.

Nate... Le verre...

Puis mon cœur rate un battement lorsque je réalise.

Il m'a drogué.

Ma respiration s'accélère et des larmes incontrôlées affluent dans mes yeux.

Puis il a...

D'autres images apparaissent : celles d'un type qui est arrivé avant que ça ne se produise. Puis, le trou noir.

J'essaie de calmer ma respiration.

Tout vas bien.

J'entends toujours les battements de mon cœur raisonner dans ma tête alors que je prends le temps d'étudier l'endroit où je me trouve.

Je ne suis pas chez moi. Je ne suis pas chez Cooper, non plus. Puis je remarque la robe informe que je porte.

C'est un t-shirt.

Noir. A l'effigie d'un groupe de métal – Je crois. Il est Beaucoup, beaucoup, trop large. Les manches atteignent mes avant-bras. La coupe m'arrive sous les genoux. La personne qui est propriétaire de cette chose est soit obèse, soit immense...

En fait, une seule personne me vient à l'esprit à ce moment-là.

Je n'arrive pas à le croire.

Le claquement d'une porte me fait sursauter. Puis des pas lourds s'approchent de la chambre. Le peu de lumière que la porte ouverte laissait passer a complètement disparu.

Il est là.

Il se fige en me voyant debout, au milieu de sa chambre, comme s'il ne s'attendait pas à me voir réveillée. Il porte toujours son éternel masque. Dans ses mains, il tient un sachet marron et un sachet blanc.

Il demeure immobile.

Je fronce des sourcils et commence un mouvement de recul qui le fait réagir. Il dépose calmement les sachets sur la commode à l'entrée avant de s'approcher lentement de moi. Je recule encore de quelques pas et m'écarte.

Sûrement que la crainte doit être visible sur mon visage et que ce n'est pas ce qu'il souhaite, puisqu'il cesse immédiatement de se mouvoir.

Le silence est pesant et règne dans l'ensemble de l'appartement.

Finalement, il recule pour saisir les sachets sur la commode, et s'approche juste assez pour me les tendre.

J'hésite un instant à les prendre. Mais ne voulant pas dépasser les limites de sa patience, je finis par les attraper d'une main tremblante.

Je regarde à l'intérieur.

Dans le sachet marron se trouvent des croissants. Du moins, ce qui y ressemble. Dans le sachet blanc, je vois des boites de cachets contre la douleur.

Je soupire de soulagement, et les prends, sans vraiment oser le regarder. Mais je le remercie du bout des lèvres. J'en sors deux cachets pendant qu'il s'éloigne et sort de la chambre. Il revient avec un verre d'eau et je les avale en quelques gorgées. A cet instant, mon ventre émet un ignoble gargouillement. Je sens mon visage chauffer et je rougis de honte.

— Je dois y aller !

Je dépose les sachets sur la chaise et récupère mes affaires en m'apprêtant à m'enfuir d'ici.

Mais je ne fais que deux pas, avant de m'immobiliser.

Dos à lui, je réalise.

Je réalise qu'il a empêché Nate de faire ce qu'il s'apprêtait à faire. Je revois son poing le percuter avant que je ne sois complètement inconsciente.

Je pince les lèvres en sentant de nouveau les larmes brûler l'arrière de mes yeux.

Je suis méchante.

Même s'il a un comportement discutable, je culpabilise de vouloir partir comme ça. Je me retourne pour le regarder. Il est assis sur la chaise. Immobile. Sous son masque, son regard semble surpris de me voir rester. Je le jauge.

— Merci.

Ma voix vire dans les aigus quand le mot franchit mes lèvres. Je sens mes yeux me brûler instantanément et je détourne le regard en le voyant froncer des sourcils derrière son masque. J'essaie de ravaler mes larmes, sans succès. Je ne trouve rien d'autre à faire que de m'approcher de lui et me jeter dans ses bras pour me cacher. Je suis entre ses cuisses, mes bras entourent son cou, et je me mets à pleurer. Vraiment. De soulagement et de reconnaissance.

Je le sens hésiter, puis ses bras m'enlacent pour m'assoir sur sa cuisse, et je pleure plus fort en m'accrochant à son sweat. Mes épaules tremblent ; je hoquette.

Ses bras se resserrent un peu plus, autour de moi, à mesure que je m'effondre contre lui. C'est comme s'il me retenait. Me promettait silencieusement qu'il resterait là aussi longtemps qu'il le faudra.

Et je crois bien que... C'est tout ce dont j'ai besoin, en cet instant.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant