Chapitre 92 : Retrouvailles

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Les larmes ruissellent sur mes joues et mon corps est pris de soubresauts tandis que la personne qui me retient dans ses bras n'est pas mieux. Je sens ses larmes mouiller l'épaule de mon t-shirt pendant que ses mains tremblantes s'agrippent à moi.

– Angèle, murmura-t-elle dans un sanglot.

Pour toute réponse, je resserre mon étreinte autour d'elle.

– Je pensais que je ne te reverrais jamais.

À ses mots qui fendent mon cœur en deux (une nouvelle fois), je presse mes mains sur ses épaules pour la reculer et l'observer. C'est bien elle, avec ses cheveux d'ébène et ses yeux bleus, les mêmes que notre mère.

– Oh Victoire, lâchai-je du bout des lèvres.

Ma jumelle m'offre alors un sourire qui pourrait paraître bizarre avec toutes les larmes qui mouillent son visage et ses reniflements excessifs. Je ne dois pas être mieux...

Soudain, la présence d'Alastor me revient à l'esprit et je me retourne. Toutefois, il a disparu. Victoire s'empresse de m'attirer sur le lit pour que l'on s'y assoie, captant de nouveau mon entière attention.

– Co... Comment t'es arrivée ici ? demandai-je en essuyant mes joues et mon nez.

– Quelqu'un est venu me chercher, il me semble qu'il s'appelait Ruben.

– Venir te chercher où ? m'enquis-je, une pointe de panique me piquant le cœur.

– Je... Je ne sais pas vraiment où j'étais, c'était bizarre, avoua-t-elle en détournant le regard, comme si se remémorer ces souvenirs lui était douloureux. Oh je ne veux pas que tu te sentes coupable de quoi que ce soit, Angèle !

– Non, la rassurai-je en prenant ses mains dans les miennes. Dis-moi ce qu'il sait passé, je veux savoir.

Après une profonde inspiration, ma sœur se lance :

– Quand je suis... morte et que j'ai atterri en Enfer, une fille de notre âge est venue me chercher. Quand je l'ai vu, j'étais tellement rassurée, je pensais que j'étais sauvée, mais elle m'a conduit quelque part... Et...

Sa voix se brise et elle baisse la tête avant que ses lèvres ne se pincent et qu'elle efface les larmes qui commencent à perler dans le coin de ses yeux. Je m'empresse de la prendre dans mes bras pour la réconforter, bien que mon cœur soit brisé de la voir ainsi.

– On m'a fait des choses horribles et... on m'a aussi forcé à les faire. C'était atroce, Angèle ! rajouta-t-elle prestement avant de fondre en larmes une nouvelle fois.

Je tente tant bien que mal d'apaiser ses sanglots, mais cela semble être peine perdue.

– Ne... Ne me demande pas de t'expliquer. S'il te plaît... murmura-t-elle aux portes de l'effroi.

– D'accord, c'est promis, la rassurai-je en resserrant mon étreinte. Je ne te demanderai rien.

– Merci, lâcha-t-elle si bas que je faillis ne pas l'entendre.

Nous restons ainsi pendant plusieurs minutes sans parler. Je ne veux pas forcer Victoire à le faire, je ne veux pas faire remonter tous ces douloureux souvenirs. J'ai si peur qu'elle se brise entre mes bras... Alors je garde le silence, ne pouvant la réconforter que par mon contact.

Puis finalement, Victoire redresse lentement son buste et prend de grandes inspirations. Je l'observe avec inquiétude, mais elle garde la tête baissée. Néanmoins, elle continue sans prendre la peine d'essuyer ses joues trempées :

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant