34-Loup

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Sybille est pire que Houdini

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Sybille est pire que Houdini. Même quand elle est à mes côtés, elle est si effacée que c'est comme si elle avait disparu. Je ne la lâche pas du regard de peur qu'elle ne soit plus là l'instant d'après. Elle a le don pour me filer entre les doigts, et je ne le supporte pas. 

Elle a commencé à se renfermer sur elle-même après avoir fait son tatouage en début de semaine. Je ne cesse de visualiser la séance en boucle dans ma tête pour savoir à quel moment j'ai merdé. Car c'est un fait, j'ai obligatoirement merdé. Je merde toujours. Comme une putain de règle de trois. 

Je me suis retrouvé mardi matin dans des draps froids. Je n'avais pas connu cette sensation depuis plus d'une semaine, appréciant de pouvoir sentir son corps alangui s'éveiller sous mes caresses matinales. L'absence de ma lune à mes côtés, cumulée au silence de mort qui régnait dans mon appartement, m'a tout de suite alerté. C'était bien plus douloureux que de passer sous une voiture. Au bord du précipice toute la journée, elle m'a achevé en me plantant sur le parking du Drakkar pour prendre le tram qui l'a ramenée chez elle. Un visage fermé dépourvu de sourire, un regard douloureux terni d'une pointe d'incompréhension et une vile sensation de fuite. C'est le trio gagnant auquel j'ai eu droit, sans aucune autre forme d'explication qu'un pauvre "pas ce soir, Loup". J'ai déjà entendu ça, une fois, et ce n'était pas un bon présage. 

Et me voilà pour la troisième nuit consécutive, bourré, sur le paillasson de Coline, incapable de retourner à mon appartement vide, avec pour seul souvenir tortueux son odeur qui imprègne encore certainement mes draps. 

— Salut, Loup. J'en déduis que tu ne lui as pas parlé... affirme mon amie quand elle me découvre devant chez elle.

— À quoi bon ? Pour qu'elle me reproche quelque chose que je n'ai pas conscience d'avoir fait. Elle m'évite. Je ne vais pas lui imposer ma présence si elle ne veut pas me voir. 

— Et que te reproche-t-elle ?

— J'en sais foutre rien. Sinon, je serais déjà allé m'excuser et ramper à ses pieds pour qu'elle me pardonne. Une énième fois. 

— Et si ça n'avait rien à voir avec toi ?

La réflexion de Coline m'intrigue. Lorsque je lève mon regard vitreux vers elle, elle détourne la tête. Son visage s'empourpre d'une gêne évidente et elle s'empresse de changer de sujet. 

— Allez, bouge que je puisse rentrer chez moi. 

— Tu entends quoi par "rien à voir avec moi" ? la questionné-je en la suivant à l'intérieur de chez elle. 

— Prends une douche, tu pues la bière. L'eau froide t'aidera à cuver et te remettra les idées en place. 

— Tu entends quoi par "rien à voir avec moi" ? haussé-je le ton en posant ma question pour la seconde fois. 

— Je n'ai pas défait le clic clac d'hier soir. Fais comme chez toi.

— Putain ! Coline ! Tu entends quoi par "rien à voir avec moi" ? 

Black MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant