Tout n'était que cris et violence. Dans la cour, quelques corps reposaient sur le sol comme des feuilles mortes. J'entendais mon sang tambouriner dans mes oreilles et sentais la petite main de Lili serrait fortement la mienne. Sa petite poigne écrasaient mes doigts alors que je l'entrainai vers l'extérieur du lycée. Il fallait absolument que je la mette à l'abri. Nous étions presque à la grille. Une fois passée, nous serions en sécurité, nous pourrions prévenir les secours et sauver nos camarades. Les bruits grossiers des fusils qui tirent retentissaient à l'intérieur de l'établissement ; je me pressai, nous étions à portée de tir. Je me retournai quelques secondes, le joli visage de Lili était baigné de larmes.
-Ca va aller. On va s'en sortir.
-Et Matthew ?
Je retins un grognement. Ne comprenait-elle pas que nous étions en grand danger ? Il y avait plus important que de penser à ce garçon qui avait si peu de considération pour elle. Elle risquerait sa vie pour lui ? En même temps, je le faisais bien pour elle.
-Il faut trouver Matthew, Peter. Qu'il soit en sécurité.
Et nous ? j'avais envie de lui dire ? Qui viendrait nous sauver ? Pas Matthew, c'est certain. Il était trop occupé à s'amuser avec son ballon et à faire des clins d'œil aux filles pour se rendre compte de notre existence. D'autres coups de fusil éclatèrent. La jeune fille me tira alors vers l'intérieur. Ses cheveux roux étaient détachés et il y avait un peu de sang sur sa joue, résultat d'un éclat d'une fenêtre qui avait explosé. Nous grimpâmes quelques marches pour arriver dans le hall.
-Là !
Un tir dans notre direction. Une immense douleur me déchira alors le ventre. Le canon d'un des fous qui avaient attaqué notre lycée un jeudi après-midi était pointé sur moi. Je baissai les yeux, une tâche carmin s'étendait sur ma chemise blanche. Je m'étais fait beau pour notre repas de midi. En effet, Lili m'avait invité à savourer un sandwich de la cafétaria. Je tombai à genoux, la vue troublée et le ventre en feu.
-Peter !
Lili se jeta près de moi. Je voulais lui dire de fuir, de se mettre à l'abri et de sauver le garçon qu'elle aimait mais ma langue était toute pâteuse.
-Ca va aller, Peter ! les secours vont arriver !
Un petit rire m'échappa. Elle était bien optimiste, d'un coup. Ma vue se brouillait de plus en plus, je ne distinguai plus que sa crinière rousse au-dessus de moi. Il fallait qu'elle se cache sinon elle allait finir comme moi. Je levai faiblement la main, pour attraper une mèche de ses si beaux cheveux. Je ne les avais jamais touché, pour ne pas trahir mes sentiments à son égard. Ils étaient doux et humides à cause du sang sur mes doigts. Quelque chose d'humide tomba sur mon visage.
-Ne... pleure... pas. Ca va...aller...
-Tu dis n'importe quoi, Peter. Tu saignes trop.
Je hochai doucement la tête. Je me sentais partir petit à petit au fur et à mesure que mon sang se répandait sur ma chemise. Je voulais lui dire tout ce que je ressentais pour elle depuis le jardin d'enfants. Je voulais lui dire à quel point je la trouvais belle, à quel point j'aimais quand son petit nez se retroussait quand elle riait. Mais je n'avais pas la force. Ma main retomba sur le sol, je n'arrivai plus à bouger. D'autres larmes me tombèrent sur le visage et glissaient sur mes lèvres.
-Lili, faut que... je te dise...
-Chuut. Ca va aller, j'entends les sirènes des ambulances. Tu vas être sauvé.
Je voulais dire que non, qu'il fallait qu'elle m'écoute parce que c'était fini. Mais je n'y arrivais pas. Ma bouche ne répondait plus. Je sombrai de plus en plus dans le noir et je voyais la tache rousse se foncer de plus en plus. Puis, mes paupières se fermèrent. A jamais.
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The Loneliest
Short StoryUne très courte histoire à lire en écoutant the Loneliest de Maneskin