𝗔𝗹𝗹 𝗼𝗳 𝘂𝘀 𝗮𝗿𝗲 𝗱𝗲𝗮𝗱 | 𝘊𝘩𝘦𝘰𝘯𝘨-𝘴𝘢𝘯

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓

   Je m'approchai de Cheong-san qui regardait au loin par la fenêtre. Il se tenait droit, le regard fixé dans le vide.

   — Comment tu te sens ? Ta main n'est pas trop blessée ?

   Il regardait celle-ci, en s'apercevant qu'elle était recouverte d'égratignures dû à ses coups dans le mur.

   — Elle est dans un sale état...

   Voyant qu'il était peu réceptif, je décidai de lui adresser quelques mots pour ne serait-ce le soulager qu'un peu.

   — La douleur peut te sembler insurmontable sur le moment, mais elle passera avec le temps.
   Cheong-san : Ne me réconforte pas. Tu n'es pas douée pour ça.
   — Tu me connais assez pour affirmer ça ? Je le suis.
   Cheong-san : Même, ne le fais pas.

   Je soufflai à nouveau, ne sachant plus trop quoi dire. Je voyais très bien qu'il refusait d'être réconforté pour ne pas que je l'aperçois comme quelqu'un de faible. Mais il n'était pas question de faiblesse. Ses sentiments étaient plus qu'humains.

   — Je ne savais pas... Que j'étais autant attachée à mon amie. Depuis qu'elle est partie, j'ai l'impression d'avoir tout perdu. Je n'arrête pas de me demander comment les choses se passeraient si elle n'avait jamais mis fin à sa vie.
   Cheong-san : Tu parles... de "cette" amie ?
   — Oui, celle-ci. Je serais sûrement à Sejong, loin de cette épidémie. Je ne vous aurais jamais connus, ni eux ni toi...

   Il était le seul à en être au courant. En tout cas, ici. Cette fille, Lee Ha-na, a été ma seule amie jusqu'à aujourd'hui. Elle m'a soutenue comme personne n'a pu le faire.

   J'ignorais encore la raison de son suicide. Ni même pourquoi on m'accusait d'en être la cause. Ça a été si insupportable d'être la cible de tout un lycée, qu'un transfert était mon seul échappatoire. Mon année de seconde restera inoubliable, ancrée dans ma mémoire. J'aimerais tellement la revoir...

   Cheong-san : Gyeong-su... doit être là-bas, quelque part.
   — Le destin fait mal les choses. Je me demande si ça va dehors.
   Cheong-san : Tu penses que ta tutrice et les enfants de l'orphelinat s'en sont sortis ?
   — Je pense, oui. Ils sont loins de cette ville. À Sejong, du coup. Et ta famille ?
   Cheong-san : Mes parents doivent être à leur restaurant. C'est l'endroit que ma mère préfère. Elle sert peut-être du poulet aux zombies.

   Je fus prise d'un petit rire, m'imaginant la drôle de scène. Cheong-san, remarquant mon enthousiasme, se mit à sourire également.

   — J'aimerais bien y goûter, là. Est-ce que c'est bon ?
   Cheong-san : Bien sûr. On en mangera. Une fois que tout sera fini.
   — Tu m'invites, n'est-ce pas ? Tu ne vas pas me faire payer.
   Cheong-san : Profiteuse.

   Il ricana à ma demande, me bousculant l'épaule gentiment. Je lui souris sincèrement, contente d'avoir pu lui faire changer les idées. Plus tard, quand tout sera terminé... j'aimerais passer des moments aussi simples que ceux-ci.

☆☆☆

   Cela faisait longtemps qu'on attendait, au point que la lune pointait le bout de son nez. Assise sur une chaise roulante, je regardais avec ennui autour de moi. Je décidai de rompre le silence.

   — Je n'ai rien entendu. Pas un bruit.

Chacun se retourna vers moi, curieux.

   Su-hyeok : De quoi tu parles ?
   — Quand Na-yeon est partie... et que Mme Park est allée la chercher. Je n'ai rien entendu après ça.
   Cheong-san : Tu parles de cris ?