onze.

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AOÛT 2021 


Julien et Nina étaient de retour sur la plage. Ils avaient regagné leur serviette sans un mot, se lançant de temps en temps des petits regards accompagnés de sourires timides. Ils étaient tous les deux assis, face à la mer. Julien aurait aimé dire quelque chose mais rien ne vint. La blonde, elle, ne souhaitait rien dire. Ce baiser l'avait chamboulée. Cela faisait bien longtemps qu'elle avait enfoui au plus profond d'elle Julien et ses souvenirs de leur histoire. Son excitation de le retrouver la veille commençait peu à peu à se changer en peur. La peur de replonger, de souffrir à nouveau. Julien tenta un coup d'œil vers la blonde. Il aperçut ses sourcils froncés et son cœur se serra. Visiblement, elle ne ressentait pas la même euphorie que lui après ce baiser. Il posa sa main gauche sur la cuisse de la jeune-femme, pour capter son attention et la sortir de ses pensées. La réaction de Nina fut immédiate, elle tourna la tête vers lui.


— Tu penses à quoi ? Demanda le marseillais le plongeant son regard dans ses grands yeux verts.

— Pleins de choses. Répondit Nina en soupirant.

— Ça a pas l'air d'être des choses cool. Commenta Julien en enlevant sa main de la cuisse de la blonde.

— Pourquoi tu dis ça ? Demanda-t-elle en ramenant ses jambes vers sa poitrine.

— Tes sourcils. Ils sont toujours froncés quand tu cogites à des trucs pas cool.


Nina lâcha un petit rire. Julien avait raison. Le regard de la jeune-femme s'attarda sur la main gauche de son ami, posée près d'elle. Otto était inscrit à l'encre noir sur le dos de la main. Un sentiment de nostalgie s'empara de Nina. Otto se serait bien moqué d'eux, s'il avait pu les voir là, assis l'un à côté de l'autre, gênés d'être ensemble. La jeune-femme prit la grande main du marseillais dans la sienne. Du bout de son index gauche, elle suivit doucement le tracé du tatouage. Julien l'observa attentivement. Ses tâches de rousseur et son petit nez retroussé brillaient au soleil. Elle avait relevé ses cheveux mouillés mais quelques mèches rebelles tombaient sur son visage. Elle porta de nouveau son attention sur Julien et lui demanda doucement:


— Ça va toi ? Par rapport à tout ça ?


Le marseillais sentit son cœur se réchauffer par la douceur du ton employé par la blonde. Il n'osa cependant pas la regarder. Le deuil de son père avait été compliqué et le départ de Nina de Marseille peu après n'avait rien arrangé. Depuis plusieurs mois, il avait l'impression que ça allait mieux. Il avait enfin accepté son décès et appris à vivre avec les nombreux regrets qu'il pouvait avoir. Mais pour autant, regarder Nina à cet instant, il ne s'en sentait pas capable. Il avait tellement peur que ses grands yeux verts lui rappellent ses souvenirs douloureux. Il était étonné qu'elle aborde le sujet. Elle avait souffert du décès de son père aussi, et finalement, c'était aussi ça qui les avait séparés.


— J'ai l'impression ouais. Répondit-il finalement, les yeux rivés vers la mer. Mais ça a vraiment été la merde. Enchaîna-t-il alors que Nina serra sa main dans la sienne.

— Je sais. Affirma Nina.


Bien sûr qu'elle savait. Elle le savait depuis la minute où elle avait rencontré Julien. Elle le savait quand Otto est décédé. Elle le savait aussi quand elle a quitté Marseille. Mais Julien avait été trop con pour s'en rendre compte, aveuglé par sa colère et sa jalousie mal placée. Il en avait pris conscience depuis longtemps mais ce jour-là, le sentiment de culpabilité lui revint en plein figure.

Cœur de mômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant