Totem

Yuna

Je cours toujours après des choses inaccessibles, aujourd'hui c'est un corbeau. Je monte la côte à toute allure, je m'épuise vite cependant je refuse d'abandonner, j'attraperai cet oiseau de malheur.

« Où voles-tu ? » M'écrié-je.

Il se retourne subitement et me fit face. Il ouvrit son large bec et un morceau de bois sorti tombant au sol. Je respire à grande bouffer en ralentissant le pas jusqu'au niveau de l'oiseau et me baissa. Je me penche en pliant mes genoux pour ramasser un bibelot en bois. Cet objet est une sorte de talisman en bois en forme d'oiseau entièrement noir. Mes doigts passent tranquillement entre les creux de ce totem. Je lève les yeux vers l'oiseau et à la seconde ou nos yeux se croisent, ses magnifiques plumes noirs commencent, petit à petit, à s'échapper de son corps m'entourant comme si je me trouvais dans une tempête. Je me mis en boule pour me protéger c'est alors que je me réveille en sursaut.

Mon corps tremble légèrement, je regarde ma main droite. Dans celle-ci se trouve l'étrange objet, quand je le vis mon sang ne fit qu'un tour. Par réflexe ou par peur, je l'ignore, je le lance à l'autre bout de ma chambre. Je me lève de mon lit dans ma chambre est toute rose, avec ses fraises sur les murs par endroit, c'est ma chambre d'enfance, j'en ai un peu honte, mais je ne me sens pas prête à la changer. Je m'approche du bibelot et le ramasse.

« Ah bah enfin ! » Fait une voix derrière moi posément.

Je me fige, un froid parcouru chaque centimètre de mon corps alors que je commençais à me retourner lentement. Je n'avais vu personne dans ma chambre en descendant du lit et c'était une voix d'homme ou de femme, je sais déjà plus. J'avais envie d'appeler mes parents mais si c'était quelqu'un de dangereux il ou elle leur ferait peut-être du mal. Ça peut être mon imagination, oui ça ne pouvait être que ça. Cette dernière pensée m'a réconfortée, mais je n'étais pas complètement sereine et il faut que j'y passe. Il faut que je me retourne pour en être sûre. Je ferme alors les yeux le plus fort possible et mes jambes semblant bouger toute seule me font faire face à mon lit.

J'ouvre un œil alors devant moi se dépeint une silhouette se détaillant de plus en plus devenant alors une femme en armure et cheveux blonds courts. Ses yeux bleus comme l'océan me scrutaient, m'examinant des pieds à la tête. Mes yeux s'agrandissent et ils se posent alors sur l'immense lame qu'elle porte à la ceinture.

Je sens les larmes monter, mon cœur bat si vite et je commence à sentir en moi cette sensation que je connais que trop bien, cette impression que la vie m'échappe entièrement. Je sens mon corps tombé comme une pierre et mes genoux font alors un câlin au plancher de ma chambre.

« Comment allez-vous ? » demande l'inconnu.

Mes mots ne sortent pas, le monde tourne autour de moi, j'ai du mal à respirer, cette dernière est haletante. Je connais ce sentiment, mes jambes qui ne bougent plus, mon corps est comme celui d'une poupée. Mon être entier ne répond plus.

« C'est la nouvelle apprentie porteuse, cette enfant ? » S'interroge la femme en armure.

« Porteuse ? » Je bafouille entre deux respirations. Je me concentre sur me respiration pour me calmer mais c'est dur.

« Comment expliquer... Je me nomme Johanne de Vouthon, ancienne porteuse du totem du Corbeau. Qui vous êtes mademoiselle ? »

Elle tend sa main vers moi pour m'aider à me relever. Sa main gantée me faisait frissonner, j'hésite quelques secondes et tente d'attraper sa main pour m'ancrer mais la mienne passe au travers. Je crie de surprise, et je me recule. Les sensations augmentent, tout tourne autour de moi, je sens comme le poids du monde sur mes épaules.

« Ah oui, il y a ce détail. » Lance Jeanne en regardant sa main. «N'ayez pas peur, je ne suis pas un danger. »

Je souris et pousse un léger rire nerveux avant de me précipiter vers la porte. Je l'ouvris et je vois ma mère. Une petite dame de quarante ans, les cheveux blonds comme les miens et de magnifiques yeux bleus.

« Oh tu es réveillée Yuna... Il se passe quoi, ça va ? »

Mes larmes débordent et coulent sur mes joues et j'ignore comment répondre, je me retourne simplement pour pointer du doigt l'entité dans ma chambre.

« Tu es en larme ma pauvre chérie. Viens on va te calmer dans la cuisine. Tu me raconteras ce qui te chagrine.» En disant ceci, elle sort de sa poche un mouchoir.

« Tu... Ne la vois pas ? »

« De quoi parles-tu ? Il n'y a rien, tu n'es pas encore réveillé ? » S'interroge ma mère en épongeant mes larmes avec son mouchoir et me caresse gentiment la joue.

« Rien...» J'abandonne, de toute façon elle ne me croira pas. « Ça va aller maman. » Je force un sourire malgré mes larmes. « Ce n'est rien. Vraiment. Je vais me préparer. »

« D'accord... Je t'attends en bas. » Annonce ma mère, le visage attristé.

Je fais demi-tour dans ma chambre, je respire un grand coup et la regarde droit dans les yeux pendant deux secondes avant de les baisser et je lance :

« Qui êtes-vous ? Comment ça se fait que je te vois et ma mère non ? Pourquoi... »

« Trop de question, une à la fois. » Ordonne l'entité.

« Qui êtes-vous ?» Demandé-je peu sûr de moi.

« Johanne de Vouthon. » Répond-t-elle comme une évidence.

« Comment ça se fait que je vous vois et pas ma mère ? » Questionné-je.

« Je suis l'esprit du totem du corbeau et vous, vous êtes le totem. Maintenant vous êtes la nouvelle héritière du totem. »