Chap 4: Le train pour l'Enfer... (Sandra, ses amis et Tom)

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Nous passons rapidement chacun de notre côté prendre nos vélos, le permis serait franchement utile à l'avenir mais on a l'habitude de pédaler dans le village depuis notre plus tendre enfance, une activité nous sauvant de l'ennui. Puis à vélo, on est libres, le vent dans nos cheveux, le sourire aux lèvres, on est invincibles.

On se met en route dans la direction où s'on passait les voitures de police il n'y a pas si longtemps, en espérant les trouver et ne pas faire ça pour rien. Au moins ça nous fera une promenade de santé et adieu les maths ! On roule un bon moment, essoufflés et épuisés mais on tient le coup malgré les montées ou les pentes vertigineuses, on est prêt à tout à ce moment-là malgré la peur qui nous noue la gorge.

Au bout d'une heure, on arrive sur place. BINGO ! Des voitures de police sont garées à l'orée d'un bois et des hommes en uniformes sont regroupés, en plein dans le mille !

L'inspecteur Sarez est sur les lieux, commandant les opérations. Il a réuni tous ses hommes pour donner des instructions sur la méthode à suivre, méticuleux et organisé. Il ne faut pas que ça vire à la catastrophe, surtout pas. Il donne ses derniers ordres et lâche son équipe en pleine nature, au milieu des ronces et des sentiers isolés, ça donne envie !

Ensuite, il tourne la tête et découvre une bande d'adolescents sur leurs vélos, nous. Son visage se décompose.

« -Qu'est-ce que vous faites là ? C'est interdit ! Vous ne voyez pas que le secteur est banalisé ! gueule Tom.

-On vient vous aider à retrouver Will ! dis-je avec audace.

-Vous ne pouvez pas, je suis désolé... c'est trop risqué...

-Vous avez peur qu'on découvre quelque chose Inspecteur, c'est ça ? »

Silence. Face à face. Le silence sonne comme une réponse, cela veut dire oui. Oui il a peur que de pauvres gamins découvrent que l'humanité n'est pas que belle et rose, qu'on n'est pas dans le monde des Bisounours et de leur briser à tout jamais leur vie. Ou encore que leur sommeil soit bousillé complétement. Nous n'en savons rien de tout ça, on n'en sait rien. Il ne se passe jamais rien de tel ici puis la vision de la police, c'est juste des séries américaines. Mais on ne connait pas l'envers du décor, ou plutôt l'Enfer du décor. Lui le sait depuis ses jeunes années où il a commencé dans le milieu, où sa vie a volé en éclats en découvrant sa première scène de crime. Il a juste a fermé les yeux et c'est imprimé là à jamais, l'image de ce macchabé pourrissant, l'odeur atroce et la famille déchirée à cause d'un malade. Alors oui il a terriblement peur que nous ne voyions plus jamais le monde comme avant.

« ...-Je... pas forcément, c'est dangereux d'une, de deux, ce n'est pas votre travail et de trois vous avez cours !

-Ce n'est pas valable quand même, on vient avec vous ! »

On abandonne nos vélos sur le sol et on rejoint l'homme malgré son opposition, on est têtus comme des mules, les plus farouches de toutes. L'inspecteur reste bouche bée, ne sachant quoi faire. Déstabilisé seulement par 4 ados hauts comme trois pommes mais dans nos regards, il sent qu'on ne fera pas machine arrière. Ce même regard quand il traque les ombres à s'en sacrifier lui-même, prêt à tout pour rendre justice et foutre une ordure sous les barreaux. Ce regard ne trompe pas, la rétine est brulante, en feu.

« -Hum... on est ici pour balayer le secteur et trouver le moindre indice... n'importe quoi alors ouvrez grand vos yeux et restez bien avec moi, c'est la seule condition pour que vous veniez...

-Oui papa, à vos ordres ! » crions nous en cœur.

L'inspecteur se retourne et nous ouvre la voie. Papa... Ce mot... il fait mal, trop mal. Le pire mot à entendre sur cette Terre, c'est juste horrible. Trop douloureux, trop poignant. La poitrine du grand brun se serre sous son grand blouson lui donnant une allure de corbeau. Que de souvenirs qu'il préférerait rayer une bonne fois pour toute de sa mémoire.

Un village trop tranquilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant