Je lâchai l'objet métallique taché, le laissant tomber sur le sol et faire résonner un bruit aigüe lors de l'impact. Mes mains tremblaient, de petits bruits suivirent celui plus intense, comme des petites gouttes de pluie. Des gouttes écarlates. De minces filets pourpres ondulaient le long de mes poignets et de mes mains. De nouvelles gouttes se mêlèrent aux autres, cette fois translucides. Le rouge se diluait lentement lors du mélange des deux petits perles liquides, devenant plus clair et fin, se mouvant de manière presque gracile.
Cela aurait pu être beau, dans d'autres circonstances.
Devant moi, son regard perdu me transperçait. Je sentais son incompréhension venir accentuer la douleur dans mon crâne. Il ne bougeait pas, interdit devant le triste spectacle qui lui était donné de voir. Penser à ce qui pouvait lui traverser l'esprit fit redoubler mes pleurs d'intensité. Ma vision avait beau être trouble, je parvenais toujours à voir distinctement son expression figée.
Les poignets ensanglantés, je sentais ma tête me tourner et le froid déchiqueter ma chair. La douleur me lançait jusqu'aux épaules, les entailles étaient profondes. Mais pas assez. Un défaut de courage peut être ? En tout cas, cette torture semblait durer une éternité, et le temps paraissait figé.
Allait-il réagir ? Ou se contenterait-il de me regarder me vider de mon sang avec un air dédaigneux ? Je baissai la tête, fixant mes membre mutilés avec honte et déception. Je ne sais même pas mourir.
Je sanglotai au dessus de mes blessures, faisant tomber de petite billes salées sur mes plaies. Les impacts me provoquèrent de désagréables frissons le long de mon avant-bras.
Je peinai à respirer à cause de l'amoncellement de morve dû à mes pleurs. C'était une situation horrible, impossible de respirer normalement, mais impossible de calmer mes larmes amères qui ne voulaient cesser de dévaler mes joues. Elles préféraient venir mourir sur mes poignets ou le sol, dans une imitation de la pluie, en plus tragique.
J'inspirai fort pas le nez dans un bruit des plus répugnants pour dégager mes narines. Je devais réellement avoir l'air pitoyable. Larmoyant, mutilé, honteux, je ne représente pas un très beau portrait. Je frissonnai de la tête au pied. J'avais froid.
Combien de temps allais-je rester ainsi ? Pleurant au-dessus de mes blessures tandis que celles-ci laissaient mon sang s'enfuir en continu. J'ai la tête qui tourne.
Soudainement, des doigts froids et pâles aggripèrent mon épaule et je fus traîné en dehors de ma chambre jusqu'à l'infirmerie, normalement fermée à cette heure tardive.
Je gardai la tête baissée, laissant mon regard se perdre sur les taches de sang que je laissai tomber sur le sol. Je pensai ironiquement que la personne qui me forçait à répandre ce liquide pourpre serait la même personne qui me forcerait à le nettoyer.
Je m'assis sur un lit, ou du moins j'y fus obligé. J'entendis le grincement de la porte du placard à bandages et je souris en songeant aux heures passées à l'infirmerie. Je connaissais les moindres bruits de cette pièce, je pourrais retrouver mon chemin dans le noir. Ces murs ne me cachent rien.
J'effaçai le sourire larmoyant et triste que j'affichais lorsque mon infirmière de fortune s'asseya à mes côtés. Doucement, il glissa ses doigts entre les miens pour tirer mon poignet vers lui. Surpris par ce geste bienveillant, je m'arrêtai de pleurer. Il passait avec une délicatesse insoupçonnée un morceau de tissu humide sur ma peau salie par mon sang, nettoyant sobrement le liquide déjà sec à certains endroits. Je tournai la tête du côté opposé, honteux de savoir que ses yeux observaient les preuves de ma faiblesse.
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Whoever you are {OS ereri}
Random"Je suis un monstre, ils le disent tous." Les yeux brouillés de larmes, il tentait de comprendre. Comprendre pourquoi le fait qu'il le voit dans cet état, aussi faible et pitoyable, le dégoûait de lui-même. Entremêlé dans ses pensées les p...