3.

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L'alliance



— Ne fais pas cette tête.

— Et quelle tête je fais ?

J'arque un sourcil dans sa direction, plisse les yeux et le dévisage sans vergogne. Il esquisse un sourire en secouant la tête et me tapote l'épaule avec affection. Il pense m'amadouer ? Il se trompe, je croise les bras contre ma poitrine et le fixe, il va finir par craquer.

— Arrête, Jezzy.

— Pourquoi est-ce qu'il est là ? Et pourquoi je ne suis pas au courant ?

Il se pince les lèvres, jette un regard impatient vers le bureau de mon père et souffle bruyamment. Son arme pend autour de son cou et il la maintient sans conviction. Il sait que je ne suis pas une menace et s'il ose braquer sa mitraillette sur moi, il ne reverra plus la lumière du jour.

Cristobal a débarqué il y a plus d'une heure avec ses sbires. Ils l'attendent dehors en tirant une tronche de six mètres de long. Moins cordial, tu meurs. Ce n'est pas ça le souci, c'est que je n'ai pas été averti. Mon père ne me cache rien, il n'a jamais menti et je lui fais aveuglément confiance. Sauf qu'on parle du cartel de los Reyes de Sangre. Et qu'il doit encore être sous tension par rapport à notre altercation de ce matin.

Alors qu'est-ce que peut bien venir foutre Cristobal chez nous ? Il n'a pas d'autres villes à aller fouetter ?

— Moisés.

Dios mío, tu me rends dingue !

— Tu le sais, n'est-ce pas ?

Je souris à son attention et je le vois rougir. J'ai raison ! Quand on le connait suffisamment, sous sa couche de musculature et de barbe, il est facile à déchiffrer. C'est sans doute pour ça que c'est le bras droit de mon paternel. C'est son meilleur combattant et il lui confierait sa vie ainsi que la mienne sans se poser de question.

— Moisés.

Il fait bouger sa tête de gauche à droite, mime une fermeture au niveau de sa bouche, la ferme à clé et la jette. Je ris sous cape, il pense que j'ai encore huit ans ? Que ça fonctionne encore ses petits tours de magie pour m'amadouer ? Je suis une adulte maintenant et je ne marche plus. Je le vois se retenir de sourire et se redresser alors que la porte se rouvre sur mon père. Son expression est impassible pourtant il semble satisfait de son échange. Cristobal le suit, me remarque et son sourire s'élargit grandement.

— Jezebel, ma chère.

Il m'accueille dans ses bras tandis que je ne bouge pas, je regarde mon père, alerte mais il me fait signe d'être polie. Alors quand il me relâche et me détaille de haut en bas, je papillonne des yeux et lui offre un sourire timide. Il s'en contente et tape dans le bras de mon géniteur.

— Vivement les préparatifs.

Lino, le raccompagne vers la sortie et notre invité repart avec ses employés. Je fonce sur mon père et le pointe d'un doigt accusateur, il fait un mouvement de tête afin que Moisés et les autres types qui montent la garde dans la maison s'éclipsent. Je tape du pied et j'attends. Il me pince les joues et embrasse mon front.

Ouais, c'est ça. Fais ton papa poule maintenant qu'on est seuls. Qu'est-ce qu'on lui a donné pour qu'il soit aussi heureux de me voir ? Le connaissant, il aurait pu rester dans son coin pendant des jours avant de redevenir calme. Miraculeusement ou pas, Cristobal a fait des miracles.

Mia cariña.

Papá.

Il se marre, pose sa main dans mon dos pour me guider vers le canapé. Je m'installe, croise mes jambes et s'assoit à côté.

Deal With Devil (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant