5.

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Le sceau



   — Tu es magnifique, cariña.

   Je détaille mon reflet dans le miroir et je suis satisfaite. En vérité la robe est le seul choix que j'ai pris dans tout cet évènement et je ne suis pas certaine qu'elle plaise. L'idée me fait sourire et je passe mes paumes sur le tissu couleur corbeau. Il colle à mes courbes comme une deuxième peau et la coupe sirène met en valeur mes formes. Je l'adore.

   Le coiffeur m'a attaché la quasi-totalité des cheveux en un chignon rempli d'ondulations et il a tenté de me mettre des pinces dedans mais j'ai refusé. L'unique décoration qui conclut le tout – en dehors du voile aussi foncé que ma tenue – est la barrette en perle de ma mère, elle me l'a offerte pour ma quinceañera. À défaut d'être présente, je l'emmène avec moi à travers elle. Elle était fatiguée aujourd'hui et après en avoir discuté avec Chiara et mon père, c'était plus judicieux de la laisser à la maison. Revoir ce monde de banditisme pourrait probablement lui provoquer une crise, ce n'est pas le but.

   — Tu trouves ?

   Lino hoche la tête et me fait tournoyer sur moi-même, Chiara – qui est toujours opposé à cette union mais qui ne fera rien, a choisi de rester chez nous pour s'occuper de Laura.

   — La plus belle.

   Je souris et je le prends dans mes bras, il se laisse faire et dépose un baiser furtif sur la base de mon crâne.

   — Je ne veux pas être loin de vous, tu sais ?

   — ... Lo sé, princesa. Mais...

   — Je sais.

   On se regarde quelques secondes et je vois que ça le déchire autant que moi, pourtant il ne me l'avouera pas. Il sait que je serais capable de fuir ce mariage et de rester ici.

   — Et maman ?

   Il se passe une main sur le visage, m'attrape solennellement par les épaules et me dit en chuchotant :

   — Je m'en occupe.

   — ... Tu n'es pas tout le temps là... Si je restais, je pourrais la stimuler, essayer de la faire parler, lui...

   — Je m'en occupes. Je vais l'aider, elle va revenir, Jezebel.

   Devant sa motivation et ses deux billes honnêtes, je capitule.

   — ... Je veux des nouvelles ! Tout le temps.

   Il se marre et s'éloigne en secouant la tête. On frappe à la porte, un des employés nous demande si on est prêt, mon père confirme et peu de temps après commence un air que je n'ai pas choisi. C'est une mélodie au piano que je ne connais pas.

   — Écoute-moi bien, hija. Je vais faire en sorte de la ramener, d'accord ? Je ne veux pas que tu t'en préoccupes.

   — D'accord, je capitule en attrapant le bras qu'il me tend.

   Il me guide dans l'église vers les grandes portes battantes, j'appréhende et les battements de mon cœur accélèrent, mes mains deviennent moites et ma bouche est sèche. Les invités sont debout et tournés vers nous. J'ai l'impression d'être en plein milieu d'un remake du Parrain, ou de Narcos, toute sa famille – comportant plus d'hommes que de femmes d'ailleurs – porte un costume trois pièces, certains ont des cigares dans la bouche, d'autres ont un sourire angoissant sur les lèvres et le reste a des cicatrices sur les bras et le visage. Ça pue le parfum et le gel coiffant, j'ai envie de vomir.

Deal With Devil (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant