CHAPITRE 28 - SKYLAR

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Il fait encore nuit lorsque j'ouvre les yeux. Mais, cette fois, aucun rêve, aucun cauchemar ne semble en être responsable. Mes yeux se dirigent instinctivement vers mon radioréveil. Seulement une vingtaine de minutes se sont écoulées depuis que j'ai réussi à me rendormir.

Ce n'est pas croyable...

Je soupire et me retourne dans mon lit. Je me fige une microseconde avant de bondir sur mes deux jambes en allumant la lumière.

— Putain !

Il est debout devant mon lit à me regarder dormir. Je devine que sa présence a dû me réveiller. Mon cœur tambourine violemment dans ma poitrine, dans mes oreilles et mon ventre. Et, je suis certaine qu'il peut l'entendre, lui aussi.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Je t'ai demandé de toquer avant d'entrer.

J'essaie d'être ferme, mais je ne me convaincs pas moi-même. Je soupire et me gratte nerveusement les sourcils en le regardant sortir son petit carnet. Il écrit et me fait lire :

« Je suis là parce que tu fais des cauchemars.»

Je réprime un sourire, à la fois attendrie et honteuse d'aimer qu'il se soucie de moi. Mais je me reprends.

Qu'est-ce que ça peut bien lui faire, d'abord ?

Je soupire.

— Parce que tu me regardes dormir ; ça me fait faire des cauchemars. Je grogne, sarcastique.

Je crois l'entendre soupirer dans son masque. Mais c'est si bref que j'ai l'impression de l'avoir rêvé. Je le rassure :

— Vraiment, ça va.

Je m'attends à ce qu'il parte, maintenant, mais il réécrit dans son carnet :

« Tu ne dors plus. C'est à cause de moi, de ce que j'ai fait ? »

Je grimace.

Bien sûr que non.

— Non, je...

C'est à cause de Nate, de ce que lui m'a fait.

— Il...

Il réessaie, encore et encore, toutes les nuits. Et moi, je ne peux rien faire. Ni frapper. Ni crier. Ni respirer. Prisonnière de mon propre corps. Et je me réveille toujours quand il y parvient...

Je baisse la tête, la gorge nouée, incapable de dire quoi que ce soit pour répondre à sa question.

Maintenant, c'est Nate qui hante mes cauchemars, alors que mon sauveur d'harceleur façonne mes rêves...

Je ne lui dis pas tout ça. Je me contente de secouer la tête en réprimant de nouvelles larmes, les yeux embués. J'en ai assez de pleurer. Et il s'en aperçoit.

Rien ne semble lui échapper.

Il s'avance d'un pas, hésitant, comme prêt à tout arranger. Je l'arrête d'un geste de la main :

— Non... Je déglutis. Comment sais-tu que je ne dors plus ?

Il écrit :

« Je te vois allumer la lumière toutes les nuits depuis ta fenêtre. »

Je me tourne vers ma fenêtre.

Je devrais penser à fermer les stores...

Je me demande s'il fait souvent ça ; veiller sous ma fenêtre ? Peut-être que si je le laissais rester ici, je me sentirais en sécurité, et je passerais enfin une nuit tranquille ?

Du coin de l'œil, je le vois écrire autre chose et me tendre le bout de papier :

« Il ne t'arrivera rien, avec moi ».

Je relève les yeux vers lui – son masque – qui me fixe toujours.

Vraiment ?

Je serre le bout de papier dans mon poing, en pensant à toutes ces fois où j'ai été blessée et effrayée par sa faute.

La poursuite, le parking, les bouts de verre...

Ce n'était que des accidents.

L'homme qu'il a tabassé, Nate qu'il a arrêté, puis...

Il t'as sauvé.

Je recroqueville mes orteils en sentant la légère cicatrice sur mon talon. Il m'a sortie des pires situations, tentant toujours de réparer ce qu'il avait mal fait.

Mes doigts triturent le bout de papier dans ma paume.

Je soupire.

— Tu peux rester. Mais sur le canapé.

Après un moment de flottement, il finit par hocher la tête. Je limite et m'attelle, alors. J'ouvre le placard et en sort des couvertures. Je prends un de mes oreillers – celui que j'aime le moins – et dépose tout sur le canapé. Je ne suis même pas encore partie qu'il commence à se déshabiller. Je détourne pudiquement le regard en rougissant, me rappelant soudainement ce à quoi j'avais assisté lorsqu'il m'avait ramené chez lui, et m'en vais presque en courant en direction de ma chambre.

Je claque la porte derrière moi et fixe la poignée pendant quelques secondes. Je pense à fermer à clé mais me ravise. Je jette un coup d'œil à mon réveil.

Minuit quarante.

Je soupire et retourne me coucher.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant