XX - Euphonik

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"Il y a deux solitudes : celle qu'on cherche et celle qu'on fuit" - Euphonik, Les anges de l'oubli


    -Tu savais que ma sœur s'était disputée avec ton mec ?

    Alexander plongea ses yeux gris dans ceux bleus de son ami et haussa un sourcil, une clope entre les lèvres. Il prit une taffe et haussa les épaules.

    -Non, j'en savais rien. Tu sais très bien que lorsque Neil est à la maison...
    -Vous ne vous voyez pas, compléta Dory, je sais. Il s'alluma lui aussi une cigarette et tourna son visage pour pouvoir regarder le ciel. Océane était trèèèèès énervée.
    -Ah, à ce point ?
    -À ce point, oui.
    -Laisse-moi deviner, c'était mardi ?
    -Oh, une information à me transmettre ? Alexander prit soin de recracher la fumée retenue dans ses poumons avant de répondre.
    -Il a séché toute l'après-midi et il est rentré après dix-neuf heure. À pied.
    -À pied ?
    -À pied, confirma l'étudiant. On n'a pas réussi à avoir le fin mot de l'histoire.
    -Tu l'auras quand que Neil sera partit.
    -Hum... Peut-être, je sais pas. C'est différent, cette fois. Il pourrait se taire.
    -Pas si tu lui demandes.
    -Je crois que tu te trompes, Dory. Je reconnais que j'ai beaucoup d'influence sur Raphaël mais il ne cède pas à tous mes caprices non plus. Et s'il me dit non, je n'insisterait pas, pas cette fois. Je suis plus vieux que lui et Raphaël est fragile, je dois faire attention à ce que je fais avec lui, à comment je me comporte, plus qu'avec quelqu'un de notre âge. Dory acquiesça, semblant assez satisfait, et Alexander présuma qu'il était content de voir qu'il prenait sa différence d'âge avec son copain au sérieux. Et donc ? ta sœur ?
    -Apparemment, une entrevue avec l'un de leur prof se serait mal passé. Raphaël se serait énervé et aurait méchamment envoyé bouler Océane. Et elle l'a mal prit, évidemment.
    -Évidemment.
    -Je peux comprendre, ceci dit. Je ne voudrais pas être méchant ou quoi que ce soit mais ça fait déjà quelques mois qu'elle supporte ses humeurs. Il faut voir la vérité en face, il est fragile, comme tu l'as dit, et ma sœur en a marre de subir.
    -Oui, je comprends moi aussi. Alexander soupira. J'ai aussi remarqué qu'il jouait au yo-yo.
    -Qu'est-ce que tu vas faire ?
    -Je ne suis pas encore bien sûr, avoua l'étudiant. D'abord, il faudrait qu'il se réconcilie avec Océane. C'est sa seule véritable amie et, au lycée, je crois bien que c'est réciproque. C'est la première chose à laquelle je m'attaquerais quand Neil se sera enfin cassé. Ensuite, je vais essayer de le faire parler sur ce qui se passe vraiment, dans sa vie je veux dire, le pourquoi de ses traces de coups et tout. Mais s'il ne dit rien, ça va être compliqué.
    -Compliqué pour quoi exactement ?
    -Je ne sais pas encore exactement. Mais commencer à fouiner un peu me paraît être une bonne idée pour pouvoir régler le problème.
    -Et tu crois que ça résoudra ses problèmes... d'humeurs ?
    -Non, je pense pas, c'est pas le genre de chose qu'on surmonte aussi facilement et je sais de quoi je parle. Enfin avec un peu de chance c'est légé, juste une passe, et ce sera bientôt réglé.
    -Ou bien c'est plus profond qu'on ne le croit.

     Cette remarque fit soupirer Alexander. Bien-sûr qu'il avait pensé à cette éventualité en même temps qu'il s'était rendu compte que Raphaël tanguait sur un fil instable, que son esprit n'était pas dénué de fissures. Simplement...

    -Je préfère croire que c'est pas le cas.

    Les deux amis regardèrent un instant le ciel gris en silence. Puis, après quelques minutes d'hésitation, Dory finit par soupirer et se tourna à nouveau vers lui. Alexander sentait la couille arriver.

    -Quoi ? qu'est-ce qu'il y a ?
    -Le prof qui a retenu Raphaël..
    -Hum ?
    -Leur prof d'histoire-géo.
    -Oh, mon beau-père a déjà eu rendez-vous avec lui.
    -Il enseigne aussi dans notre ancien lycée, Alex.

Le temps qu'il fautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant