XV - Girl in red

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« And I wanna touch you but not like this, the look in your eyes, my hand between your thigh » - I wanna be your girlfriend, girl in red

(Et je veux te toucher mais pas comme ça, le regard dans tes yeux, ma main entre tes cuisses)

     -Bonjour, Monsieur Ledieu. Et... Monsieur Evans.

     Raphaël observa son professeur, lui-même occupé à dévisager son beau-père qu'il semblait connaître. Et, bien que Strauss se forçait à ne rien laisser paraître, il put voir la légère crispation de ses traits.

    -Monsieur Strauss, commença Marc, surprit lui aussi, je ne m'attendais pas à vous revoir ici.
    -Moi non plus. Je présume que vous êtes le beau-père de mon élève ?

     Raphaël se renfrogna, autant pour l'appellation de l'homme qui l'accompagnait (bien qu'elle soit plus que justifié) que parce que les deux adultes semblaient avoir prit le parti de converser en faisant comme s'il n'était pas là. Et c'était foutrement désagréable.
    Ils étaient à présent tous les trois assis dans la salle de classe, Strauss d'un côté, Marc et lui de l'autre. Et on commença à énumérer tout ce qu'il y avait à lui reprocher.

    -Le problème avec Raphaël, ce n'est ni la violence, ni un gros manque de respect. Ça lui arrive d'avoir une remarque de trop mais rien de notable. Il bavarde parfois en cours mais, encore une fois, ce n'est pas non plus quelque chose de marquant chez lui, surtout depuis qu'il se place à côté de sa camarade, Océane Marvalo, dans la plupart des cours. Non, vraiment, de ce côté là, pas de soucis. En revanche, si on regarde ses notes et les commentaires des professeurs à son propos... On ne peut même pas parler d'investissement, il n'y en a pas. Il n'écoute rien en cours, rêvasse ou dessine. Et si je reconnais qu'il un a bon coup de crayon, le lycée n'est pas vraiment l'endroit adéquate pour cette activité. De plus, ses notes, déjà très basses au premier trimestre, sont vraiment devenues... ridicules ce trimestre-ci. Je comprend qu'on puisse avoir des difficultés scolaires, mais, dans ce cas, c'est autre chose. C'est pour cette raison que j'ai pris la liberté de demander un rendez-vous avec ce que je pensais être sa mère.
    -Ma compagne travail.
    -Il n'y a aucun problème à ce que ce soit vous qui vous soyez présenté au rendez-vous. Pour en revenir au sujet de notre présence ici, pouvez-vous m'expliquez, Monsieur Ledieu, la raison de ce manque d'investissement ?

    Raphaël haussa les épaules, sachant pertinemment qu'une réponse honnête ne jouerait pas en sa faveur. Il pensait que cette entrevue n'allait être qu'une simple formalité, soit son prof faisant part de son mécontentement à sa mère, gênée, qui se serait excusée en disant qu'elle essayerait de pousser un peu plus son fils - lui - dans la réussite pour que, finalement, rien ne change et qu'il puisse continuer à se branler les couilles tranquillement. Bref, rien d'insurmontable en soit. Si seulement son beau-père n'était pas aussi intrusif et Strauss aussi têtu.

    -Monsieur Ledieu ?
    -J'aime pas les cours, c'est tout.
    -Et pourquoi cela ?
    -Vous avez dû entendre la même réponse venant de dix mille élèves différents et vous la posez encore ?

    Marc voulut intervenir mais l'enseignant le devança.

    -Très bien, j'ai entendu votre point de vu. J'ai quelques mots à dire à votre beau-père, vous voulez bien attendre quelques minutes dans le couloir ?

     L'adolescent abdiqua, se retenant de justesse d'hausser un sourcils sarcastique, tic typiquement Alexanderien qu'il avait finit par prendre au contact de son amant.

    -Et fermez la porte.

    Le lycéen leva les yeux en s'exécutant. Il s'adossa sur le mur, juste à côté de la porte, et attendit. Il attendit... et attendit encore. Rah, qu'est-ce que ça pouvait être frustrant ! Devoir attendre dehors en sachant pertinemment que deux personnes discutaient sans lui, de lui et à quelques mètres seulement de là où il se trouvait était franchement rageant.
    Il frappa doucement sa tête contre le mur et ferma les yeux. Se faisant, il prit une lourde inspiration et afficha un air boudeur. Bon, qu'importe au fond, si ça le concernait vraiment, il saurait ce qui se disait en ce moment même. Du moins, il y avait de fortes chances. Son professeur voulait sûrement lui donner une petite leçon dans le but de lui faire passer l'envie d'être insolent. Rien de plus. Et puis bon, ce n'était pas comme si ce qu'ils disaient était intéressant. N'est-ce pas ?
    Il soupira et se cogna à nouveau la tête contre le mur en grognant. La patience n'était décidément pas son fort et il ne savait pas ce qui le retenait de taper du pied.

Le temps qu'il fautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant