26.

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Noa... je peux entrer ?

J'enfonce mon visage un peu plus dans l'oreiller quand la porte s'ouvre sur ma mère. Le regard rivé vers l'extérieur, je fais le vide.

— Parle-moi... chuchote-t-elle en s'asseyant sur le lit, sa main se mettant à caresser mes cheveux.

Je ne libère qu'un silence, espérant et priant seulement pour qu'elle s'en aille.

— Chérie, ça fait deux semaines... J'ai attendu, je t'ai laissé le temps. Mais je refuse de te voir dans cet état, un jour de plus.

Je déglutis, patientant après la suite et observant toujours le ciel bleu qui me semble pourtant tout à fait morose, ces jours-ci.

— Je t'ai pris rendez-vous avec un psy. J'aimerais que tu y ailles. Vraiment, cette fois.

Là, je redresse la tête pour l'affronter.

— Non, pas ça. Pas le psy.

Ils ne comprennent pas. Ils n'ont jamais compris. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai arrêté de m'y rendre à chaque fois. Ma mère pose une main bienveillante sur ma joue et souffle :

— Tu dois te faire aider, mon cœur...

— Je vais bien.

Aucune de nous ne croit à ça, mais il fallait que j'essaye. Elle se redresse, la larme à l'œil, autorisant tout de même un rictus à venir embellir son visage.

— Tu as parlé à Arès ?

Je secoue la tête à la négative, affaiblie par le poids de chaque lettre qui constitue ce prénom.

— Tu devrais peut-être essayer... Et penser à retourner en cours, aussi. Je sais que c'est dur, mais tu dois affronter la situation. Tu ne peux pas fuir éternellement, Noa.

Elle dépose un baiser sur mon front puis se relève doucement. Quand la porte se referme sur son passage, je sais que je n'ai plus le choix. Je vais devoir payer les pots cassés de mes propres erreurs. Tout en sachant déjà que ce prix-là est très cher.

***

Je soupire un grand coup en poussant les portes du lycée avec quelques minutes de retard. Je me dépêche de rejoindre mon prochain cours. Devant la salle, les derniers retardataires comme moi se pressent devant la porte.

Ils pénètrent dans la classe, je les suis. Sauf que le silence qui accompagne leur entrée n'est pas le même à mon égard.

— Eh ! Revoilà la chaudasse !

— Noa, regarde, dit cheeeeeese !

— Ce boule ! On ne pourrait pas dire comme ça, mais elle a un cul, en réalité...

— Stoppez immédiatement tout ce chahut ! grogne le professeur Salto en tapant sur la table d'un coup vif.

Alors que le calme regagne avec difficulté la pièce, mon regard se pose sur lui. Rien ne vient compter plus que ça. Je n'entends plus les moqueries, je ne discerne plus les yeux rieurs. Tout ce que je ressens, c'est une affreuse tristesse.

Assit à sa place, les mains sur la table et les jambes tendus, les yeux d'Arès sont sombres. Son visage marqué par je ne sais quoi, nos deux têtes semblent s'accorder aujourd'hui.

Il ne bronche pas, se contentant de me dévisager, l'air surpris et tendu à la fois. Je m'approche et rejoins le siège qui est le mien, juste à ses côtés. Tous ces chuchotements me paraissent si lointains que je ne les relève plus. Que je refuse de m'y attarder. Tout ce qui attire mon attention est là, à quelques centimètres de moi, et je ne peux rien faire pour affronter ça.

Présumée Coupable (terminé) [en réecriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant