CHAPITRE 29 - SKYLAR

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J'ouvre les yeux, nauséeuse.

Un coup d'œil à mon réveil qui affiche deux heures du matin, et j'ai envie de hurler lorsque je sens une migraine s'installer.

J'allume ma lampe de chevet et me lève pour aller boire un verre d'eau. Ou vomir mes tripes dans les toilettes. Je ne sais pas encore. Mais je m'arrête en me souvenant qu'un homme dort dans mon salon.

Il n'a pas servi à grand-chose, au final.

Je retourne m'assoir sur mon lit, la mort dans l'âme, et éteins la lumière, espérant juste que le sommeil revienne se pointer.

Mais au bout de quelques secondes seulement, je ne pense pas que ce soit Morphée qui frappe à ma porte. Je me redresse quand elle s'ouvre doucement. Je le vois seulement vêtu de son pantalon.

J'ai vu pire.

Je déglutis en tentant de regarder ailleurs, mais mon regard revient sans cesse sur les muscles qui sculptent son torse, son ventre et ses bras.

Dans une main, il tient son oreiller. On aurait dit qu'il était lui-même en proie à des cauchemars, comme un enfant à la recherche de réconfort.

Peut-être que cette fois... Peut-être qu'un peu de chaleur m'aiderait à dormir.

J'ai toujours eu l'habitude de dormir seule. Je n'ai jamais partagé mon lit avec un homme pour autre chose qu'un coup d'un soir. Je ne sais pas ce que c'est, et peut-être que ça ne fera que compliquer mon sommeil, en vérité. Mais après un bref moment d'hésitation, je me glisse sur le bord pour lui faire une petite place. Je la trouve bien ridicule comparée à sa taille.

Il s'approche, balance l'oreiller près du mien et repousse les couvertures pour s'installer. Au moment où je réalise la situation, les battements de mon cœur se mettent à s'accélérer. J'ai peur qu'il puisse les entendre.

Oh, il les entend, c'est sûr.

Il bat si fort que je vois la peau entre mes seins pulser honteusement.

Il pose un genou sur le matelas, qui s'affaisse sous son poids, et je me pousse un peu plus. Il s'allonge sur le dos et mon lit Queen Size dont l'impression d'être un ridicule lit d'une place. Son masque encore sur le visage, il fixe le plafond, et une furieuse envie de le lui ôter me prend.

Pour son simple confort ? Ou pour assouvir ma curiosité ? Je ne sais pas encore...

— Tu devrais l'enlever. Ce n'est pas confortable...

Je vois le visage blanc en plastique se tourner vers moi. Ses yeux sont complètement invisibles, dans l'obscurité, et je le trouve terrifiant à cet instant.

Mais, au lieu de ça, il quitte mon lit qui retrouve son Queen Size. Je me redresse et m'appuie sur mes coudes.

J'ai dit quelque chose de mal ?

Je le regarde fouiller dans mes tiroirs, les sourcils froncés. Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil à ma table de chevet, là où j'ai rangé mon dernier achat... Mais il semble avoir trouvé ce qu'il cherchait, et me tend un vieux masque de nuit jamais utilisé – mais que je trouvais joli, lorsque je l'ai acheté.

Je hausse un sourcil interrogateur.

— Sérieusement ?

Il insiste en me le balançant sur la couverture. Je soupire et, résignée, m'en saisit pour le placer sur mes yeux, avant de me rallonger.

L'avoir sur le visage me donne envie de le retirer dans la seconde. Mais je me retiens.

Je l'entends déposer son masque et s'allonger à nouveau près de moi. Aveugle, tous mes sens sont décuplés. J'entends sa respiration. Je sens sa chaleur qui se répand aussi rapidement que lorsqu'on ouvre un four en fin de cuisson. Et son odeur boisée, mélangée à son eau de Cologne. Une odeur d'homme, entêtante, enivrante qui me fait doucement tourner la tête.

Ma nausée a disparu et mon ventre se tord d'autre chose. Mon entrejambes se réveille et se contracte.

Ce n'est pas le moment.

Je prends une grande inspiration et me retourne sur le côté, dos à lui. La chaleur qu'il dégage et son parfum auraient pu me servir de berceuse si ça ne m'avait pas soudainement donné envie d'autre chose, je l'admets.

Pense à autre chose.

— Comment tu t'appelles ?

Je n'avais jamais pensé à lui demander. J'aurais peut-être dû commencer par là.

Lui, connaît bien mon prénom, après tout.

Et que sait-il d'autre de moi, encore ?

Il reste immobile de très longues secondes. Si longues que je pense qu'il s'est endormi. Mais, quand il pivote et vient le lover contre mon dos, je sens mon cœur s'arrêter, comme mort, contrairement à ce qui prend violemment vie entre mes cuisses.

J'ai honte. J'ai l'impression qu'il peut tout voir. Tout sentir. Et il n'arrange rien quand il fait glisser sa main sur ma hanche, qu'il s'insinue sous mon t-shirt, jusqu'au creux de ma taille, pour venir se poser sur mon ventre. J'ai la sensation que sa main me recouvre presque toute entière, brûlante sur ma peau frissonnante, intensifiant les battements de mon cœur.

Ma respiration devient tremblante à force de la contenir et, sans rien faire, je suis essoufflée. Une bouffée de chaleur me saisit. Une fine pellicule de sueur recouvre progressivement ma peau.

Ses doigts se mettent à jouer avec mon piercing au nombril, décuplant les contractions de mon bas-ventre et les palpitations chaotiques de mon pouls, chaque fois qu'il tire dessus.

Machinalement, je cambre d'envie, plaquant mes fesses contre lui. Mon clitoris palpite violemment lorsque je peux aisément deviner ce qui se cache dans son pantalon.

Je me fige de honte.

Ses doigts aussi.

J'ai pas fait ça ?!

Je tente de déglutir mais ma gorge est terriblement sèche, et ma langue pâteuse. Imperceptiblement, je m'écarte et reprends ma place initiale. Ses doigts reprennent leurs caresses, et je peux recommencer à respirer. Il trace des lignes, des courbes et des arabesques, sur ma peau, jusqu'à ce que je comprenne que ce sont des lettres qui forment un mot.

J'attrape sa main pour l'arrêter.

— Recommence.

Je le relâche et il réécrit. Je lis : "Delko".

Derrière moi, je l'entends déglutir quand son nom franchit le seuil de mes lèvres. Je me retourne sur le dos, et je répète.

— Delko ?

Je sens ses doigts recommencer à écrire sur mon ventre :

« Oui »

Je frissonne.

C'est un nom que je n'ai jamais entendu.

Il respire tellement fort à présent que son souffle soulève les mèches de cheveux sur mes tempes. Ses doigts s'étalent sur mon ventre moite de sueur. Sa main est lourde et appuie inconsciemment sur ma vessie. Je recroqueville mes orteils sous la couverture et béni le masque qui cache mon visage en feu.

Je ne pense pas réussir à m'endormir, cette fois.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant