chapitre 65 : laide et douteuse présomption

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— Tu as fait tes bagages princesse ?

À genoux sur une énorme valise qu'elle s'appliquait à refermer du mieux qu'elle pouvait, Giana fit pivoter sa tête vers l'endroit d'où provenait la voix grave qui l'interrompit dans ses activités. En appui contre le chambranle de la porte, les bras croisés sur son torse musclé et les yeux vagabonds, il coula sur la silhouette de la jeune femme, un regard plus qu'évocateur. Séduit par la mimique presque enfantine qu'elle tirait en cet instant, Lissandro ne pût se retenir de bander aussitôt. Elle lui faisait le même effet à chaque fois. L’adolescent en rut montrait le bout de son nez, impatient de la voir à genoux à ses pieds à lui pomper la queue avec gourmandise et sensualité juste comme elle savait le faire. Un art buccale et érotique qu’elle maîtrisait à la perfection.

Le bout de la langue coincé entre les lèvres, les sourcils froncés, elle avait tout pour plaire. Même en pleine difficultés, à genoux sur une grosse valise de merde remplie à ras bord qu'elle ne parvenait pas à refermer.

Un foutu sourire ravageur fiché au coin des lèvres qui fit ostensiblement rougir la jeune femme devant lui, parce qu'elle connaissait la signification de ce rictus particulier, Lissandro l'interrogea du regard, se retenant de rire au éclat devant la position pas très gracieuse dans laquelle elle se trouvait.

— Quoi ? Qu'est-ce que tu regardes ?

— J'ignorais que t'avais autant d'affaires. Je pensais que t'aimais voyager léger !

Giana leva les yeux au plafond avant de descendre de son perchoir.

— Ah mais je voyage léger ! C'est pas que pour moi ce qu'il y a là dedans !

— Ah non ? Et pour qui d'autre ?

Elle étouffa la distance qui séparait leur corps et rejoignit son amoureux près de la porte. Les mains autour de sa taille, elle se colla à lui, renversa la tête en arrière pour ne pas perdre de vue ses beau yeux gris qui la bouffaient méchamment et la rendait toute chose. Lissandro plaça ses bras autour de son cou orné de ce petit bijou en argent offert la nuit dernière. Petit bijou qui n'avait eu de cesse de lui faire de l'effet. Dans sa tête, c'était le carnaval du sexe. Cette petite chose autour de sa gorge brouillait à peu près toutes les ondes de son cortex cérébral, tout bonnement ramolli, sauf pour son membre dur qu'il commença à avoir du mal à réprimer.

Front contre front, Giana gloussa délicieusement. Le savoir aussi excité l'excitait tout autant. Mais ce n'était pas le moment. Pas tant que son corps souffrirait encore de leur dernier ébat endiablé. Il se sentirait coupable sinon, coupable de lui faire mal, coupable d'éprouver du plaisir, coupable d'avoir joui combien même elle prendrait autant de plaisir que lui à se faire fesser. Giana ne voulait pas ça pour son cœur déjà un peu torturé. Dans un moment dédié à la passion, à l'amour et aux caresses, la culpabilité n'avait pas sa place, encore moins les remises en question destiné à torturer l'âme ou les mauvaises impressions qui donnaient du fil à retordre au cœur. Elle le savait et il le savait également.

Dans un mutisme des plus silencieux, sans qu'ils n'eurent besoin de se parler, ils se séparèrent bon gré mal gré et firent la sourde oreille à leurs corps qui réclamèrent la peau de l'autre, chaude, réconfortante. Un baiser chaste, tout de même long et tendre fut de mise pour calmer l'excitation ardente qui brûlait en chacun d'eux. Il le fallait. Autrement ça déraperait, leurs émotions seraient hors de contrôle et ils se déchaîneraient dans ce lit prêt à accueillir la méchante, mais belle passion qui les animait comme une déesse du sexe et des passions dévorantes s'amusant à les pousser dans les bras l'un de l'autre.

Giana dut s'éclaircir la voix à deux reprises pour parvenir à formuler une phrase correcte sans bredouiller ni déblatérer des sottises.

— Euh... pour répondre à ta question, j’ai emporté tous les albums photos, quelques jouets, les livres de Dario, les doudous d'Alessandro, des vêtements qui n'entraient pas dans leurs minuscule valises, quelques uns de tes t-shirts sans compter mes vêtements, une trousse de toilette, une trousse à pharmacie et... et... un tout petit peu de maquillage.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant